L'Afrique n'a pas le droit d'échouer dans la conduite du procès de l'ancien président Hissène Habré, accusé de "crimes de guerre, crimes contre l'humanité et actes de torture", a déclaré, vendredi à Dakar, Robert Dossou, représentant spécial de la présidente de l'Union africaine (UA) .
"C'est la première fois que sur le continent africain, l'organisation panafricaine met en place des'' process pour juger ce genre d'affaire et "nous n'avons pas le droit d'échouer", a-t-il dit lors d'une rencontre avec des journalistes.
''Une première fois, ça pose problème à ceux qui ne souhaiteraient que nous allions jusqu'au bout", a-t-il indiqué lors de ce face-à-face avec la presse, à l'issue d'une une mission de l'Union africaine qu'il a conduite au Tchad et au Sénégal.
"Nous ne pouvons plus continuer à être là'' pour que "nos criminels, nos délinquants politiques soient jugés à Bruxelles, à Paris ou ailleurs. Nous mêmes, nous devons pouvoir l'assumer et c'est la voie que l'Union africaine a prise depuis quelques années", a-t-il indiqué.
Interpellé sur la question des coaccusés, il a précisé que l'Union africaine,à l'origine de la procédure visant Hissène Habré, refuse de "s'alimenter de rumeurs". Selon lui, "la discrétion est la solution de l'efficacité" sur cette question.
Selon Me Dossou, "toutes les conditions sont mises en place pour un procès équitable. Un procès de genre ne peut pas susciter que des étonnements".
Hissène Habré, au pouvoir entre 1982 et 1990, est en détention à Dakar où il vit depuis la chute de son régime dans les années 1990. Il avait été renversé par l’actuel président tchadien, Idriss Deby Itno, qui était un de ses proches collaborateurs avant d’entrer en rébellion.
Les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées au sein des juridictions sénégalaises, sont chargées de son dossier. Elles ont démarré leurs activités en février 2013.
En août 2012, le Sénégal a donné son accord au projet de l’Union africaine (UA), pour juger M. Habré devant un tribunal spécial au sein du système judiciaire sénégalais, présidé par des juges africains nommés par l’organisation continentale.
Selon une commission d’enquête tchadienne, le régime de M. Habré a fait plus de 40.000 morts parmi les opposants politiques et certains groupes ethniques.