En 2015, le Sénégal veut atteindre une prévalence contraceptive de 27 %. Ayant réalisé 4 points en un an, le pays est sur la bonne voie pour relever le défi qu’il s’est fixé.
Le Sénégal fait des pas de géant dans le domaine de la planification familiale. Estimé à 12 %, selon l’Enquête démographique et de santé (Eds5) réalisée en 2010, le taux de prévalence contraceptive est, aujourd’hui, de 16 %, d’après une enquête faite dans le courant de l’année 2012-2013. Ce bond de 4 points en un an a été salué lors de la troisième Conférence internationale sur la planification familiale (Addis-Abeba, 12-15 Novembre 2013). « Nous sommes agréablement surpris par les progrès réalisés au Sénégal qui a gagné 4 points en un an, selon l’Eds continue. C’est une révolution ! », se félicite Modibo Maïga, représentant régional de « Futures group » en Afrique de l’Ouest.
Ainsi, le Sénégal est vu comme une référence dans les pays francophones de la sous-région ouest-africaine. « Grâce à un leadership fort, des changements sont perceptibles au Sénégal où les ruptures de stocks sont en train d’être réglées, la formation des prestataires assurée, etc. », indique Monica Kerrigan, directrice adjointe du Programme de planification familiale/Santé reproductive à la Fondation Bill et Melinda Gates. Sidiki Koné, coordonnateur du Projet d’appui à la société civile à Intrahealth international au Mali, confirme en ces termes : « Le Sénégal fait partie des pays cités comme référence dans la sous-région. Il le doit à une volonté politique et à une mobilisation des ressources ».
A côté, il y a le Burkina Faso, souligne M. Koné qui fait savoir que ces deux pays ont finalisé leurs plans d’actions et sont en train de le dérouler. « Les pays doivent apprendre les uns des autres », conseille-t-il, regrettant qu’il n’y ait pas la même conception de l’Agent de santé communautaire (Asc) ou du relais communautaire dans les différents pays. Car, selon lui, « la réglementation peut différencier d’un pays à un autre ». Mais malgré le satisfecit décerné à notre pays, Dr Balla Moussa Diédhiou, directeur exécutif de l’Asbef, pense que « le Sénégal est en train de piétiner dans la délégation des tâches ». Cette dernière est une stratégie visant à former des médecins, sages-femmes et infirmiers, afin de leur fournir des compétences pour exercer certaines tâches conformément aux normes médicales requises.
Par extension, dans le domaine de la planification familiale, des agents de santé communautaires et des matrones sont formés au Sénégal pour administrer la pilule et les contraceptifs injectables. Dr Diédhiou ne comprend donc pas pourquoi, jusqu’à présent, le Sénégal n’est pas passé à l’échelle dans l’Offre initiale de pilule (Oip) et des injectables. « Il faut une approche pragmatique », préconise le directeur exécutif de l’Asbef, selon qui « tant que l’approche communautaire n’est pas mise en œuvre dans tout le pays, nous n’allons pas atteindre les résultats escomptés ». Sur le leadership du Sénégal, Dr Diédhiou relève qu’il ne doit pas s’arrêter à la personne du Dr Bocar Daff. « Il faut que çà aille au-delà !» lance-t-il.