Ndjamena (Tchad)- Le principal accusé des 29 complices présumés de l'ex-dictateur tchadien Hissène Habré, inculpé de crimes contre l'humanité et détenu à Dakar, a comparu mercredi pour répondre d'"assassinats" et "tortures" devant le tribunal de Ndjamena, a constaté un correspondant de l'AFP.
C'est le premier procès visant les crimes imputés à l'ex-président, dont certains remontent à bientôt trente ans. Saleh Younous en est le principal accusé, en tant qu'ancien patron de la sinistre et redoutée Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS, police politique).
Saleh Younous a nié les faits qui lui étaient reprochés, réfutant avoir pratiqué des actes de torture.
"Je rejette en bloc toutes les accusations portées contre moi et je ne reconnais pas avoir torturé quelqu'un", a-t-il déclaré devant la barre.
"Certes, j'ai été directeur de la DDS, c'est une responsabilité qui m'a été confiée par les autorités de l'époque, mais je n'ai fait de tort a personne", a affirmé l'accusé.
"Je demande à ceux qui ont porté plainte contre moi de m'apporter les preuves de leur accusation", a-t-il poursuivi.
La cour auditionnera jeudi les plaignants contre Saleh Younous.
Le tribunal de N'Djamena, siégeant en session criminelle spéciale, a ouvert le 14 novembre le procès pour "assassinats" et "tortures" de 29 complices présumés d'Hissène Habré, renversé en 1990 après huit ans au pouvoir.
Ils sont jugés pour assassinats, tortures, séquestrations, détention arbitraire, coups et blessures et actes de barbarie. Le procès devrait durer jusqu'au 13 décembre.
En 2000, des dizaines de victimes avaient porté plainte à N'Djamena contre une cinquantaine d'ex-responsables de l'appareil répressif du régime Habré.
Hissène Habré, né en 1942, au pouvoir de 1982 jusqu'à son renversement en 1990 par l'actuel chef de l'Etat, Idriss Déby Itno, s'était ensuite réfugié au Sénégal, où il bénéficia pendant plus de 20 ans de la bienveillance des autorités sénégalaises avant d'être finalement arrêté.
Il y est toujours en attente de jugement par une juridiction spéciale créée par un accord entre le Sénégal et l'Union africaine (UA).