Le procès de 29 anciens responsables de la police politique de l’ancien président Hissène Habré s’ouvre vendredi au Tchad. Un événement que les autorités veulent "historique", mais qui sera boycotté par les avocats.
Les autorités ont tout tenté. Mais leurs promesses n’ont pas convaincu les trois corporations des avocats, notaires et huissiers de lever le mot d’ordre de grève qu’ils ont lancé le 10 novembre pour réclamer le règlement des sommes que l'État a été condamné à payer, et sur lesquelles est indexée une partie de leurs honoraires. Principal enjeu : l’ouverture du procès des 29 responsables de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), l'ex-police politique de Hissène Habré (actuellement poursuivi au Sénégal), vendredi 14 novembre.
"Nous sommes désolés mais pour nous il n’est pas question de participer à l’ouverture de cette session parce que les promesses qui nous ont été faites [possibilité de payer 2 milliards de F CFA sur 40, NDLR] ne sont pas assez concrètes", explique Me Djastangar Aristide, secrétaire adjoint du barreau de N'Djamena.
Formalités d'usage
Le procès s’ouvrira quand même vendredi de façon solennelle. Après le discours du procureur général devant les officiels, les prévenus passeront devant la cour pour décliner leur identité. "On en restera aux formalités d’usage pendant les dix premiers jours. Pendant ce temps, nous espérons que les avocats reviendront à de meilleurs sentiments et participeront aux débats contradictoires", souffle une source à la Chancellerie.
Au Palais du 15 Janvier (ancien siège du Parlement) où se tiendra le procès, le dispositif de sécurité sera particulièrement renforcé. Fouilles systématiques, téléphones interdits. Même les journalistes ne seront autorisés à pénétrer dans la salle d’audience qu’avec stylos et calepins. Une régie se chargera de fournir images et sons aux médias. "C’est une page de l’histoire douloureuse du pays que nous allons ouvrir, avec la charge émotive qu’elle comporte. Il y aura des bourreaux et des parents de victimes. Il faudra donc être prévenant", indique le Garde des Sceaux, Mahamat Issa Halikimi.