Mamadou Touré, réfute de façon catégorique toutes les accusations de détournement, de gabegie, entres autres, relevés par le rapport final de la mission de la Direction de la réglementation et de la supervision des systèmes financiers décentralisés (Drs/Bceao). Face à la presse hier, l’ancien directeur général du Pamecas, flanqué de son ex-Pca, Mame Alassane Guèye, s’est lavé à grande eau.
L’ancien directeur général du Pamecas rompt le silence. Epinglé par le rapport final n°00164 de la mission de la Direction de la réglementation et de la supervision des systèmes financiers décentralisés (Drs/Bceao) Mamadou Touré qui faisait face à la presse hier, a donné sa version des faits dont une bonne partie a été distillée dans la presse.
Ledit rapport a relevé un ensemble de dysfonctionnements qui ont occasionné des détournements durant l’année 2013 ; entraînant ainsi un déficit de 1,5 milliard de francs. Les contrôleurs reprochent également au patron de l’institution de microfinance d’avoir acheté un terrain à Sangalkam sans autorisation du Conseil d’administration (Ca). La Drs ne s’est pas arrêté là. La mission constate, par ailleurs, que le bailleur du directeur général est une personne liée à son assistante au moment de la signature du contrat de location.
Faux !, rétorque M. Touré. Avant de démonter pièce par pièce toutes ces accusations. Sur le premier point relatif au déficit résultant d’un détournement, l’ex-patron du Pamecas justifie : «Ce déficit s’explique pour plus de la moitié par trois évènements majeurs exceptionnels : un redressement fiscal, des malversations d’agents des caisses et une régularisation de cinq mois d’augmentation de salaires de l’exercice 2012. Pour rappel de 1999 à 2013, c’est notre second déficit en 15 années de gestion, après celui de 2009». S’agissant des deux autres points, il a également battu en brèche les accusations. «Le Ca du 11 décembre 2010 tenu à Saly a autorisé l’expérimentation de la finance islamique et a donné ‘’tous pouvoirs au directeur général, au nom et pour le compte de l’Um-Pamecas, de négocier l’acquisition de terrains, de signer tous actes s’y rapportant’’. C’est faux aussi d’affirmer que mon bailleur est une personne liée à mon assistante au moment de la signature du contrat de location. Ce contrat est signé le 04 mars 2013 et mon bailleur a épousé mon assistante le 9 mai 2013. Une simple question à mon assistante aurait permis d’éviter cette assertion fausse. C’est également faux d’affirmer que les contrats de bail ont été enregistrés le 11 février 2013 avant la réunion du Ca qui s’est tenue le 02 mars 2013», peste Mamadou Touré. A son avis, leur véritable différend avec la Drs porte sur leur offre de service de finance islamique. «En accord avec le Sharia board, nous avons toujours séparé l’activité de finance islamique de celle classique, conformément aux normes internationales admises dans une institution financière classique avec une fenêtre ou un département islamique. Ainsi nous avons un personnel dédié, une comptabilité séparée, des politiques et procédures séparées, bref une activité islamique ‘’étanche’’. Alors que la Drs exige que nous offrions les opérations islamiques comme des produits parmi d’autres classiques à la caisse. Or tous les spécialistes rejettent ce mélange de genre, qui est justement une façon pernicieuse de combattre la finance islamique sans avoir l’air. Nous l’avons toujours refusé, ce que la Drs range dans la récurrence d’anomalies non corrigées», se défend le financier.
Dénonce une violation de la loi et des statuts du Pamecas
Sur la base de ce rapport, la tutelle a convoqué une Assemblée générale. Ce qui aux yeux de l’ex-Président du Ca, Mame Alassane Guèye, relève de son droit selon les textes régissant le secteur de la microfinance. Mais considèrent l’ex-Pca et l’ancien Dg, «le déroulement de cette Ag est un chapelet de violation de la loi et des statuts du Pamecas. D’abord, la représentante du ministre, la directrice de la Drs a suspendu leur statut lors de cette rencontre ; alors qu’elle n’a pas ce pouvoir. Ensuite, elle préside l’Ag en lieu et place des représentants légaux de l’institution». Selon eux, la directrice de la Drs a «fait révoquer un Ca qui a été déjà remplacé par l’Ag précédente. Elle fait élire un Ca de 28 membres ; alors que les statuts actuels prévoient un Ca de 12 membres au maximum». Aussi indiquent-ils, «qu’actuellement, tout se passe comme si le Pamecas est en administration provisoire, ce qui n’est pas le cas. En droit, le ministre avait deux choix : soit il met le Pamecas en administration provisoire avec suspension des statuts ; soit il convoque l’Ag et nos statuts s’appliquent». Par contre dénoncent-ils, «convoquer l’Ag et suspendre leurs statuts relève de l’autoritarisme…».
Face à cette situation, Mamadou Touré et Cie n’entendent ménager aucun effort afin de rétablir la vérité.