Le responsable d'un des principaux groupes de
presse privés du Sénégal a été placé en garde à vue lundi soir par la
gendarmerie sénégalaise après avoir affirmé détenir des "preuves de
l'enrichissement illicite" du président Macky Sall, a-t-on appris mardi auprès
de son entourage.
Sidy Lamine Niass, journaliste et président directeur général du groupe
Walfadjri, "a été placé en garde à vue" à Dakar après une convocation par la
section recherches de la gendarmerie, a affirmé à l'AFP Abdourahmane Camara,
un responsable de cette entreprise de presse.
Il n'a pas pu préciser les reproches formulés à M. Niass, qui, selon la
presse locale, est accusé de "troubles à l'ordre public et offense au chef de
l'Etat".
Jointe par l'AFP, la gendarmerie n'a souhaité faire aucun commentaire.
Sidy Lamine Niass avait, au cours d'une interview diffusée samedi par sa
télévision, critiqué la gestion du président Macky Sall et affirmé détenir des
"preuves" de son "enrichissement illicite".
Macky Sall a été élu au second tour de la présidentielle en mars 2012 face
à Abdoulaye Wade qui était au pouvoir depuis douze ans.
Après son élection et dans un souci de transparence, il avait déclaré au
Conseil constitutionnel un patrimoine comprenant entre autres des biens
immobiliers au Sénégal et aux Etats-Unis, et plusieurs véhicules et autres
biens pour certains partagés avec son épouse, dont la valeur n'a pas été
précisée.
Sidy Lamine Niass avait été convoqué une première fois samedi par la
gendarmerie mais cette convocation avait été, selon lui, "annulée".
"Je vais répondre à cette deuxième convocation qui n'est plus juridique
mais politique. Le pouvoir veut nous imposer la force", avait-il affirmé lundi
à la presse en se rendant à la gendarmerie.
Sidy Lamine Niasse est fondateur et propriétaire de Walfadjri, un groupe
qui édite un quotidien, possède plusieurs chaînes de radio et une télévision.
Arabisant dans un pays où la langue officielle est le français, il est
connu pour ses critiques virulentes contre les différents régimes qui se sont
succédé au Sénégal depuis l'indépendance en 1960.
A la veille de la présidentielle de février-mars 2012, il avait organisé un
rassemblement à Dakar pour exiger le départ du président Wade.