Des populations de Gnith ont exprimé, dimanche, leur rejet du projet Senhuile-Senéthanol, bénéficiaire d’une affectation de 20 000 ha dont l’essentiel se trouve dans leur communauté rurale.
‘’Ce projet a déçu l’espoir des populations et aucun engagement pris au départ n’a été respecté’’, a déclaré le président de la commission domaniale de cette localité, Alassane Diop, au cours d'un entretien avec les journalistes.
‘’Ce projet a été installé d’autorité par l’Etat qui lui a affecté 20 000 ha dans la réserve de Ndiahel, mais la communauté rurale n’en tire aucune ressource, alors qu’au départ il était question de verser annuellement 800 millions dans ses caisses’’, a dit M. Diop en présence d’une mission du Conseil national de concertation des ruraux (CNCR) et d’Enda-Graf qui les accompagnent dans ce combat pour le respect de leur terroir.
Concernant l’emploi, les jeunes qui avaient émigré vers Dakar étaient revenus dans l’espoir de travailler chez eux, mais le constat amer fait par M. Diop est que ‘’l’essentiel de la main d’œuvre vient de Richard-Toll, contrairement à une autre disposition des promoteurs dudit projet’’.
‘’Pourtant, la zone compte des compétences qui ont formulé des demandes en vain avant de retourner pour certains là où ils étaient’’, a déploré le président de la commission domaniale.
Il était aussi prévu l’érection d’un centre de santé au profit des populations refroidis par les événements tragiques de Fanaye (Podor), où le projet avait été l’objet d’une bataille mortelle entre pro et anti-Senhuile.
''Les populations rencontrées durant ces deux jours ont unanimement exprimé leur désapprobation face à ce projet'', qui, pour M. Diop ''devait s’accompagner d’aménagements et de constructions de canaux'' pour l’irrigation de leurs champs.
Plus d’un an après son installation, les retombées sont invisibles dans la zone où les éleveurs sont les plus grands pourfendeurs de ce projet qui les ‘’encerclent’’, dénonce-t-on dans les rangs des riverains.
‘’Nous n’avons plus de zone de pâturage et nous ne savons plus où aller’’, ont déclaré des éleveurs qui vivent depuis des décennies dans cette réserve.
‘’Si nous avons pu vivre paisiblement dans ce terroir, nous risquons de souffrir énormément en quittant ce terroir. Vers le fleuve, il y a les aménagements qui n’ont pas tenu compte de notre activité et vers le diéri également, il y a l’activité agricole’’, a indiqué Ardo Sow, un habitant de cette communauté rurale.
Pour ces éleveurs qui ont eu à vivre des moments de cohabitation difficiles avec les gendarmes chargés de veiller à la bonne exécution de ce projet italien, les malheurs ne se comptent plus.
‘’Récemment le 4 juin, trois enfants ont péri noyés dans les canaux creusés par ce projet et nos parents ont été envoyés en prison pour avoir eu à s’opposer aux promoteurs’’, a souligné Gallo Ba de Ndiourki, l’un des 37 villages de la réserve et père des victimes.
''Ces populations désemparées ne demandent qu’à être impliquées dans la recherche d’une paix durable dans ce terroir où éleveurs et agriculteurs ont toujours vécu en harmonie'', a-t-il ajouté.
Joint par téléphone par l'APS, le directeur du contrôle et de l'organisation du projet Senhuile-Senéthanol, Ibrahima Sow, a soutenu que depuis, son installation, ''le projet a fait plusieurs réalisations en appuyant les éleveurs dans la période de soudure et la construction de latrines et chambres''.
‘’Nous avons aménagé quelques champs de culture fourragère, soutenu les éleveurs en produits agricoles, en cas de soudure. Nous avons aussi donné de l’emploi direct à 30 individus, soit ils sont des journaliers soit des permanents’’, a-t-il dit.
Le projet Senhuile-Senéthanol a aussi, selon M. Sow, construit et entièrement équipé un daara (école coranique) dans la zone. ‘’Près de 15 millions de francs CFA ont été déboursés pour soutenir les parents en fournitures scolaires. Il arrive que l’on construise également des chambres pour des personnes âgées ou des latrines’’, a-t-il ajouté.