La Cedeao demande au Sénégal tout comme aux autres pays qui ont décidé de fermer leurs frontières, face à la fulgurance de l’épidémie Ebola en Afrique de l’Ouest, de les rouvrir. Mais le Sénégal lui, prendra le temps nécessaire avant de le faire, après s’être bien organisé en interne, en renforçant davantage le dispositif de prévention et de surveillance de son territoire.
Les recommendations du Sommet des Etats de l’Afrique de l’Ouest tenu à Accra au Ghana, sur la nécessaire réouverture des frontières, qui séparent certains pays de la sous-région, ne semblent pas emballer les autorités sénégalaises. Car, à la lecture des propos du ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Sénégal n’ouvrira les siennes, que quand il sera prêt, après s’être bien organisé en interne.
Interrogée hier sur la date de réouverture officielle de nos frontières aériennes et terrestres avec la Guinée et les autres pays affectés par Ebola, comme la Sierra Leone et le Liberia, Pr Awa Marie Coll Seck répond ainsi : «Naturellement qu’on ne va pas fermer éternellement nos frontières, elles seront rouvertes, mais nous le ferons quand nous l’estimerons nécessaire. Le Sénégal a pris ses responsabilités en fermant ses frontières et il fera la même chose, quand il sera opportun de rouvrir ses frontières. D’ailleurs, je voudrais vous dire que c’est le même discours que le chef de l’Etat M. Macky Sall a tenu à Accra devant ses pairs. Il a clairement dit que le Sénégal va rouvrir, quand il sera prêt à le faire.»
36 mille pistes de passage identifiées entre le Sénégal et la Guinée
De toute façon, avant de rouvrir, Awa Marie Coll Seck indique que le dispositif de prévention et de surveillance sera renforcé au niveau des frontières, car le risque est toujours là, quand bien même la tendance est aujourd’hui à la baisse dans les trois pays les plus touchés par l’épidémie. Aussi, ajoute-t-elle, ce sera une décision inclusive et concertée, dans l’intérêt du Sénégal. Avant de faire remarquer que cette demande de réouverture des frontières ne s’adresse pas seulement au Sénégal, mais également à la Guinée Bissau ou encore au Cap-Vert. Le Mali qui n’a pas fermé ses frontières lui, avait expliqué sa décision par l’immensité de son territoire et son impossibilité à contrôler toutes les pistes, qui le séparent de ses voisins, dont la Guinée.
Pr Seck a également rappelé que c’est à la suite du constat de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et de Médecins sans frontières (Msf) en août dernier, selon lequel l’épidémie est incontrôlable en Guinée, que le Sénégal a pris sur lui de se barricader. Maintenant que les choses semblent évoluer dans le sens de maîtriser l’épidémie, le Sénégal reste disposé à changer de position, mais avec ses propres conditions, étant entendu, qu’il y a près de 36 mille pistes de passage identifiées entre lui et son voisin guinéen. Contrôler tous ces passages relève donc du miracle, raison pour laquelle le Sénégal n’a pas intérêt à faire sauter ses barrières sans avoir au préalable, préparé ses équipes de prévention médicale et de surveillance du territoire.