Pas moins de 700.000 enfants de moins de cinq ans ont été consultés gratuitement après un an du lancement de la Couverture maladie universelle (CMU) le 20 septembre 2014. Moins de 60.000 hospitalisés et 300.000 vaccinés. Ces chiffres ont été rappelés par le Pr Seydou Badiane coordonnateur de la CMU. Lors d’un débat organisé par la gauche Sénégalaise sur cette épineuse question à la Fondation Luxembourg, les uns reconnaissent que des efforts sont en train d’être faits, mais pour d’autres, il y a urgence à revoir le processus au risque de rater les objectifs fixés.
Après un an de mise en œuvre, la Couverture médicale universelle (CMU) initiative du Chef de l’Etat pour une meilleure accessibilité des soins, continue d’être un sujet de controverse à travers l’actualité sanitaire. Ainsi, les responsables de ce programme déclarent que même si le processus n’a pas atteint sa vitesse de croisière, il est en train de s’installer progressivement.
En revanche, ses détracteurs restent sceptiques en avançant que les autorités sanitaires doivent emprunter le bon chemin avant qu’il ne soit trop tard. Autrement dit, pour eux, il faudra mettre l’accent sur la communication et s’inspirer davantage du système de mutualisation pratiquée par la caisse de sécurité sociale et l’Ipres pour créer une structure autonome financièrement et capable de gérer la CMU. Sinon le Sénégal va continuer de perdre du temps alors que les populations s’impatientent.
Ce débat passionné entretenu par divers acteurs sur la couverture médicale universelle a d’abord permis au coordonnateur de la Cellule d’appui de la couverture maladie universelle au ministère de la Santé de l’action sociale, de reconnaitre, qu’en dépit des efforts consentis, le système n’est pas pour le moment rodé. Car, pour le Pr Seydou Badiane le processus s’installe progressivement et n’est pas encore achevé. Toutefois, il précise que si l’Etat arrivait à créer beaucoup d’autres infrastructures sanitaires, à mettre suffisamment de ressources humaines, à multiplier les mutuelles de santé et à augmenter le budget de fonctionnement en passant de 6 à 25 milliards par an, beaucoup de faiblesses seraient corrigées notamment pour les enfants ciblés. En faisant l’état des lieux, le responsable du programme a révélé que pour les mutuelles de santé destinées à la souscription familiale, seuls 14 départements sur les 45 que compte le pays, ont été pourvus.
Pour sa part, le secrétaire général du syndicat des médecins du Sénégal (SAMES) le Dr Mbaye Paye a suggéré plusieurs pistes sur le financement de la CMU. Il s’agit selon lui d’appliquer des taxes sur le tabac et sur les autres produits nocifs. Le diabète étant en explosion, il soutient que les taxes sur les produits sucrés doivent être relevées ainsi que pour les produits gras à l’origine du cholestérol. Toutes ces taxes constituent des sources de financements qui pourront permettre à l’Etat de prendre en charge, non seulement les enfants de 0 à 5 ans, mais également jusqu’ à 10 ans. Mieux encore, ajoute-t-il, en disposant ainsi de ressources suffisantes l’état pourrait réactualiser le plan sésame pour prendre rn charge les personnes âgées à partir de 55 ans.
De quoi pousser le médecin syndicaliste à souhaiter l’adhésion obligatoire des populations actives aux mutuelles de santé. Rappelant la vocation de son organisation, le Dr Mbaye Paye a avancé sa totale adhésion à toutes politiques pouvant contribuer à diminuer la souffrance des populations tout en s’inscrivant dans la perspective de voir les soins de santé au Sénégal égaler ceux des prestations aux Etats Unis ou en Europe.
La prise en charge peut être partielle
Quid maintenant du circuit emprunté par les malades de 0 à 5 ans ? Selon le professeur Seydou Badiane, tout n’est pas gratuit. Le paquet de soins de gratuité ne concerne que les consultations, la prise en charge de certaines maladies respiratoires, la diarrhée, le paludisme, l’asthme, la déshydratation ainsi que les maladies courantes. Détaillant la procédure, il soutient que l’enfant est consulté et examiné avant de recevoir gratuitement les médicaments. Mais, si les médecins estiment que l’enfant malade doit faire une radio ou un examen médical, ce sont les parents qui prennent cela en charge. Les soins des enfants souffrant de certaines maladies chroniques comme le cancer, etc. seront également payés par leurs parents. A propos des médicaments prescrits et non disponibles dans les structures de soins, il soutient que des mesures ont été prises avec la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) pour leur disponibilité jusque dans les postes de santé.
Ces médicaments qui sont à base de molécules génériques sont plus à la portée des populations qui peuvent obtenir avec 150 F Cfa la même molécule vendue 3000 F Cfa dans les pharmacies. Pour le Pr Seydou Badiane, tous les centres et postes de santé doivent appliquer les mesures sur la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans. Les hôpitaux sont également concernés par cette mesure de prise en charge gratuite mais seuls les enfants malades en situation d’urgence ou ceux qui ont été référés par les centres de santé en bénéficient.