Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Senegal    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 3527 du 5/11/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Économie

Candidature avortée du vice-président de la Banque mondiale : La BAD note de Makhtar Diop
Publié le jeudi 6 novembre 2014   |  Le Quotidien


Sommet
© aDakar.com par DF
Sommet du NEPAD sur le financement des infrastructures en Afrique à Dakar
Dakar, le 15 Juin 2014- Le Sommet de Dakar sur le financement des infrastructures en Afrique s’est ouvert à Dakar, dimanche matin, en présence de trois chefs d’Etats d`Afrique de l`Ouest. Ils ont insisté sur la nécessité de briser toute dépendance vis-à-vis de l’extérieur, en privilégiant les financements sur ressources propres dans la mobilisation de ressources pour la réalisation de projets. Photo: Makhtar Diop, vice-président de la Région Afrique de la Banque mondiale


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Makhtar Diop a retrouvé, depuis le 27 octobre dernier, la vice-présidence de la Banque mondiale pour l’Afrique. Il reprend son poste après une parenthèse d’une quinzaine de jours au cours de laquelle il réfléchissait à l’éventualité de briguer le poste de président de la Banque africaine de développement (Bad). Il abandonnera cette piste pour finalement, renouer avec les fonctions qu’il occupait depuis mai 2012.
Le chef du département Afrique de la Banque revient dans un contexte où sur la table de son bureau à Washington, les urgences du continent se le disputent aux priorités. Ebola fait des ravages dans l’Ouest avec un impact financier (32,6 milliards de dollars pour les deux prochaines années) aussi impressionnant que les pertes en vies humaines (4 922 morts selon l’Oms au 23 octobre). Et pour ne rien arranger, le Burkina Faso vient de replonger dans le chaos institutionnel avec la prise du pouvoir par l’Armée après la chute de Blaise Compaoré, après 27 ans de règne.
Dans cet entretien exclusif accordé à SenePlus, l’ancien ministre de l’Economie et des finances du Sénégal assure que la Banque mondiale s’attelle à agir «vite et maintenant» face à la conjoncture sans négliger ses engagements antérieurs vis-à-vis des pays africains. Mais avant de réactualiser sa feuille de route, Makhtar Diop est revenu sur l’épisode de son projet (avorté) de candidature pour le poste de président de la Bad. Episode qui avait suscité tant de commentaires.
En mettant les choses au point, le haut fonctionnaire international égratigne peut-être sans s’en rendre compte, les autorités sénégalaises. On se rappelle que dans un communiqué publié par le ministère de l’Economie et des finances, en début du mois dernier, il était dit de manière nette que c’est le gouvernement du Sénégal qui avait pris la décision, après concertation avec l’intéressé, de ne pas présenter la candidature de M. Diop. Or, ce dernier assure que la décision a été sienne.
Vous avez accepté de re­prendre votre poste de vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique après une parenthèse d’environ deux semaines. Qu’est-ce qui a motivé votre décision avec les fonctions que vous occupiez depuis mai 2012 ?
J’avais plusieurs options dont une sur laquelle il y a eu pas mal de commentaires, c’était celle de la présidence de la Bad (Banque africaine de développement, Ndlr). Le Président du Sénégal voulait, à l’époque, présenter ma candidature. Et il n’était pas le seul ; d’autres chefs d’Etat pensaient comme lui que je pouvais continuer l’excellent travail entamé par Donald Kaberuka (président sortant de la Bad dont le mandat s’achève au mois de mai 2015, Ndlr). J’avais toujours indiqué que je réfléchissais à cette option, mais que je n’avais pas pris une décision définitive. Pour des raisons purement personnelles, j’ai appelé le chef de l’Etat pour lui communiquer ma décision de ne pas me présenter. Il était très déçu de ma décision parce qu’il pensait vraiment que je pouvais jouer un rôle important au niveau de la Banque africaine de développement. D’autres leaders politiques que je ne citerai pas ont également exprimé leur déception, mais ils ont compris et respecté ma décision. Et comme cela avait été indiqué au départ, je pouvais, si je le souhaitais au terme de ma réflexion, retourner à mon poste de vice-président pour l’Afrique, ça a toujours été indiqué par les institutions de la Banque. Durant ma réflexion, j’ai reçu des centaines de messages de membres du Conseil d’administration et du staff de la Banque qui m’encourageaient à revenir. Donc j’ai regardé tout cela -j’avais d’autres possibilités intéressantes, notamment dans le secteur privé-, et j’ai décidé que pour le moment, je voulais revenir pour continuer ce que j’avais commencé au niveau de la région Afrique pour la Banque mondiale.
Pourquoi avoir renoncé à concourir pour la présidence de la Bad alors que les conditions semblaient réunies pour que vous succédiez à Kabe­ruka au mois de mai prochain : vous aviez le soutien du Président Macky Sall et êtes réputé avoir le meilleur profil parmi les potentiels candidats ?
Je n’ai jamais dit que j’étais candidat. J’avais tout le temps de réfléchir à cela. Juste pour rappeler le calendrier : la clôture du dépôt des candidatures par les Etats était fixée au 30 janvier 2015. N’importe quel pays peut présenter n’importe qui, même sans demander son avis. Le 20 février, le Conseil d’administration de la Bad notifiera aux candidats dont les noms ont été soumis que leurs candidatures avaient été reçues et qu’ils étaient éligibles. La Bad demandera à ces mêmes candidats de soumettre une sorte de lettre de motivation. Donc j’avais suffisamment de temps pour réfléchir à cela et prendre une décision. C’est une décision importante qui mérite réflexion parce qu’elle a des implications à tous les niveaux, au niveau personnel, au niveau familial. Ce sont des décisions qui ne sont pas faciles à prendre. In fine, en réfléchissant à tout cela, j’ai pris la décision de demander au chef de l’Etat du Sénégal de ne pas soumettre ma candidature.
En pensant à briguer le poste de président de la Bad, vous étiez certainement déjà au fait des enjeux et des implications d’un tel projet. Pour­quoi y avoir renoncé subitement ? Qu’est-ce qui a été décisif dans votre décision de ne pas être candidat ? Auriez-vous renoncé par dépit, com­me ça a été susurré ?
Ce sont des raisons personnelles. Je ne souhaiterais pas en parler en public. Je me suis toujours abstenu de réagir aux commentaires qui ont été faits. Et en général, c’est la manière dont je fonctionne. Si vous voyez bien, même quand j’ai quitté le gouvernement du Sénégal (il était ministre des Finances du premier gouvernement d’Abdoulaye Wade, avril 2000-mai 2001, Ndlr), je n’ai jamais fait de commentaires à ce sujet. J’avais beaucoup de pressions de gens qui voulaient savoir pourquoi j’avais quitté le gouvernement du Sénégal. C’est la façon dont je fonctionne ; je ne me laisse pas emporter par les commentaires qui, parfois, sont tentants. Il est toujours bon de savoir raison garder, de mettre les choses en perspective. Et dans ce cas, je vous demanderais un peu d’indulgence pour ne pas rentrer dans des considérations personnelles parce que ce sont des choses dont je n’aimerais pas parler en public.
Il y a eu également beaucoup de bruits autour de votre affectation momentanée au poste de vice-président et conseiller spécial auprès de la directrice générale de la Banque mondiale. D’aucuns ont parlé de mise à l’écart pour éviter un conflit d’intérêts. Quelle est la vraie raison de cette décision de la Banque mondiale ?
En accord avec la présidence de la Banque, puisque je réfléchissais à certaines options et qu’il y avait des spéculations qui polluaient un peu l’atmosphère, c’était la meilleure décision. Il était bon de couper court à tout cela et de mener une réflexion sereine et d’arriver à une bonne décision.
Est-il vrai que certains pays qui avaient des candidats se plaignaient en vous accusant de profiter de votre position de vice-président de la Ban­que mondiale pour l’Afrique pour mener en douce une campagne pour la présidence de la Bad ?
Je ne sais pas s’il y avait des pays qui ont eu à se plaindre, mais si c’était le cas, ce serait infondé. Et si j’étais si obsédé par la présidence de la Bad, je n’aurais pas pris la décision que j’ai prise. Je ne fais pas ce genre de pratique. Ma décision de ne pas me présenter est une réponse claire à toutes ces spéculations. L’intégrité et l’éthique sont des choses très importantes pour moi.
C’est un adieu ou un au revoir à la candidature pour la présidence de la Bad ?
(Il éclate de rire) C’est une bonne question. Je ne sais pas. Je ne fais jamais de projets à long terme. Ma philosophie, c’est de bien faire son travail et advienne que pourra.
Vous retrouvez votre poste de vice-président de la Ban­que mondiale pour l’Afrique dans un contexte marqué par les ravages de l’épidémie Ebola dans l’Ouest du continent. Quelle sera la contribution de la Banque mondiale à la réponse à la maladie ?
Je voudrais d’abord parler d’Ebola dans le contexte sénégalais en rendant hommage à Awa Marie Coll Seck (ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ndlr), qui a fait un travail extraordinaire. Je suis très fier d’être son compatriote pour ce qu’elle a montré son leadership, sa maîtrise du dossier. Le fait de pouvoir guérir le seul cas importé au Sénégal est un exploit. Je voudrais que les populations sachent qu’elles ont dans ce domaine l’une des meilleures spécialistes au monde.
Maintenant pour Ebola, nous avons mesuré son impact en Afrique de l’Ouest pour les deux prochaines années. Il se situe à 32,6 milliards de dollars (16 300 milliards de francs Cfa, Ndlr). Pour répondre à cet impact, la Banque mondiale a mis 500 millions de dollars (250 milliards de francs Cfa) à la disposition des Etats. Le lendemain de mon arrivée, le Conseil d’administration a mis encore 100 millions de dollars (50 milliards de francs Cfa) pour permettre de payer le personnel de santé. Il faut 5 000 agents de santé supplémentaires pour la sous-région ; il faut financer leur recrutement, financer le matériel. Et comme vous le savez, il y a à Accra au Ghana le centre régional de réponse à Ebola ; nous en avons également financé les activités.
Le Groupe de la Banque mondiale collabore étroitement avec les agences des Nations-Unies et ses autres partenaires régionaux et internationaux pour fournir et coordonner l’aide d’urgence dans le cadre de la feuille de route de l’Oms. Pendant les Assemblées annuelles, le président Kim (Jim Yong, Ndlr) a organisé une table ronde avec les Présidents de Liberia, Sierra-Leone et Guinée afin de discuter des besoins spécifiques de chaque pays et de la meilleure façon d’acheminer et coordonner l’aide de la Communauté internationale.
La Guinée qui, à cause de Ebola, a revu à la baisse ses prévisions de croissance, sollicite une aide budgétaire de plus de 340 millions de dollars (170 milliards de francs Cfa) pour les exercices 2014 et 2015, 90 millions de dollars, rien que pour 2014 et 250 millions de dollars pour 2015. Allez-vous donner un coup de pouce à ce pays ?
Vous avez tout à fait raison d’insister sur cela. Parce qu’au-delà du ralentissement de l’activité économique lié à la crise de Ebola, c’est que les besoins budgétaires vont accroître. Pourquoi ? Parce que le ralentissement de l’activité économique, que ce soit dans le domaine du tourisme, que ce soit dans le domaine de l’agriculture, va aboutir à une réduction des recettes. Dans le même temps, le coût des réformes des systèmes de santé va augmenter. Cela va créer un gap qui va s’accroître. Je suis en train de mobiliser mes équipes pour voir, pour l’ensemble de ces pays, comment préparer rapidement des appuis budgétaires qui puissent leur permettre de financer ce manque à gagner. En révisant un peu les objectifs de croissance des pays touchés et lorsque les projets de budget 2015 seront prêts, cela nous donnera une idée plus claire du gap de financement. Nous allons étudier tous les moyens possibles pour pouvoir apporter un appui budgétaire à l’ensemble des pays concernés.
Ces efforts consentis dans la lutte contre Ebola ne risquent-ils pas de réduire la part du portefeuille de la Banque mondiale initialement destinée au financement d’autres activités en Afrique ?
Nous allons continuer à financer nos activités dans d’autres secteurs comme les infrastructures, etc. Les Etats ont beaucoup insisté sur cela ; ils ne souhaiteraient pas que les efforts, qui sont faits pour lutter contre Ebola, aboutissent à un ralentissement de notre appui dans des activités traditionnelles antérieures à la crise de Ebola. Tout cela fait qu’il faudra, en plus de trouver des moyens, faire preuve de créativité pour pouvoir mobiliser les ressources de la Com­munauté internationale au plan bilatéral pour pouvoir faire face à cette crise.
Les foyers d’Ebola sont des économies fragiles. L’épidé­mie ne risque-t-elle pas d’anéantir les acquis enregistrés par ces pays depuis quelques années, grâce notamment au concours de la Banque mondiale ?
C’est exactement le problème. Si on ne réagit pas, on risque de remettre en cause l’ensemble de ces acquis. Le président de la Banque mondiale est très impliqué dans la mobilisation de la Communauté internationale. Il est important qu’on agisse vite et maintenant. Dans la catégorisation que nous avons au niveau de la Banque mondiale, nous considérons la Guinée, la Sierra-Leone et le Liberia comme des pays fragiles. Nous devons les aider à passer le cap de cette épidémie et à sortir de cette situation de fragilité.
Si vous regardez les perspectives, cette crise d’Ebola remet sur le tapis, la question du financement des systèmes de santé en Afrique. Et ce sur quoi je veux m’appesantir dans les semaines ou dans les mois à venir, c’est prendre l’opportunité des discussions sur les Objectifs du millénaire pour le développement post-2015 pour élargir les discussions sur les objectifs liés à la santé. Nous ne devons pas nous limiter à telle maladie, à la santé maternelle, à tel indicateur. Nous devons avoir une approche plus globale qui porte sur la qualité des services et systèmes de santé. Il est clair que la réponse pour Ebola a été plus forte dans les pays où le système de santé a été plus solide.
Les enjeux sanitaires de la crise d’Ebola ne polarisent-ils pas trop les attentions de la Communauté internationale au détriment des implications économiques ?
Nous ne cessons pas d’insister que la crise d’Ebola n’a pas que des implications du point de vue sanitaire, qu’il y a des implications du point de vue économique. Une grande partie du coût est liée à la perception que les gens ont de la situation en Afrique. Il a fallu expliquer que la Tanzanie et le Kenya n’ont rien à voir avec Ebola, qu’ils sont plus éloignés de la Sierra-Leone et du Liberia que ces deux pays ne le sont de l’Europe. Dire qu’on va annuler le tourisme au Kenya et en Tanzanie à cause de l’épidémie est une décision malheureuse. Il y a tout ce travail qui est à faire pour que la perception du risque lié à Ebola soit à juste proportion. Et pour ce faire, il faut qu’on relance l’activité économique dans nos pays. Aujourd’hui on constate en Sierra-Leone, par exemple, que le quart de la force de travail dans le monde rural n’est plus disponible ; soit ils sont malades soit ils ont quitté. Nous avons remarqué aussi que les gens commencent à consommer le stock semencier de l’année prochaine.
Ebola a freiné les flux commerciaux avec les pays touchés. Que préconisez-vous pour favoriser leur reprise ?
Un des principaux enjeux sera de rétablir la confiance afin d’encourager la reprise des investissements domestiques et internationaux dès que l’épidémie sera contenue. La Banque mondiale préconise des mesures urgentes pour faciliter l’aide humanitaire et la reprise des échanges commerciaux dans la région affectée. Il faudrait pour cela identifier des financements adaptés pour améliorer les équipements de protection sanitaire et les procédures de sécurité dans les ports et les aéroports des trois pays les plus fortement touchés, ainsi que dans les pays voisins. Nous devons isoler Ebola mais pas la Guinée, la Sierra- Leone et le Liberia.
Comment réagissez-vous à la situation au Burkina Faso, qui est plongé dans le flou après la chute de Blaise Compaoré ?
Je suis en contact avec les différents acteurs. J’ai parlé avec mes équipes qui sont là-bas. Le chef de l’Etat a rencontré la Communauté internationale, les diplomates et les bailleurs de fonds. Il a assuré qu’il voulait une transition impliquant toutes les forces vives de la Nation. J’espère que ça sera le cas. Nous suivons la situation de très près. Si la situation ne devait pas se faire d’une façon acceptable par l’Union africaine et toutes les instances politiques chargées du dialogue, nous allons prendre un certain nombre de mesures par rapport à ce pays. J’espère qu’on n’en arrivera pas là parce que ça créerait une situation difficile pour les populations burkinabè.
Ibrahima FALL
seneplus.com

 Commentaires