Les Etats-Unis soutiennent les efforts du Sénégal dans le domaine de la justice internationale, selon l’Ambassadeur itinérant américain en charge des crimes de guerre, Stephen J. Rapp, qui fait notamment allusion à l’instruction pour la tenue du procès Hissène Habré.
''Les Etats-Unis soutiennent l’effort d’ici. C’est un modèle pour l’Afrique. Le chef d’Etat est prêt à travailler pour montrer que la justice est possible en Afrique’’, a déclaré Stephen J. Rapp après sa rencontre le 3 novembre avec le président sénégalais Macky Sall.
Selon un communiqué, le diplomate américain est revenu ce qui est présenté comme le refus de Ndjamena d’extrader deux accusés vers le Sénégal, considérant que cela ne posait pas de problème.
''Nous avons discuté de la situation avec les autorités tchadiennes et encouragé leur coopération à la résolution pour permettre le commencement du procès de Monsieur Habré dans les premiers mois de la prochaine année 2015'', a-t-il déclaré.
''Il y a une situation avec un autre procès au Tchad où les autorités tchadiennes ont accusé une vingtaine de personnes. Parmi ce groupe sont deux personnes accusées ici, c’est nécessaire de régler la situation. Je pense que c’est possible de juger Habré ici [au Sénégal] et les autres au Tchad avec les garanties de respect pour les droits de l’Homme et les droits de la défense'', a-t-il ajouté.
Le communiqué relève que le Sénégal ''reçoit régulièrement les reconnaissances de la communauté internationale pour son travail à la pointe de la justice internationale''.
Selon Stephen J. Rapp, ''le rôle du Sénégal comme le chef dans ce champ est montré'' par la sélection à New York du ministre de la Justice Sidiki Kaba comme président de l’Assemblée des Etats parties de la Cour pénale internationale.
Hissène Habré, au pouvoir entre 1982 et 1990, est en détention à Dakar. Il est accusé de "crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actes de torture".
Il a été inculpé par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées au sein des juridictions sénégalaises, et chargées de le juger. Elles ont démarré leurs activités en février 2013. Les Etats-Unis ont contribué à hauteur d’un million de dollars au financement des Chambres africaines extraordinaires.
En août 2012, le Sénégal a donné son accord au projet de l’Union africaine (UA), pour juger M. Habré devant un tribunal spécial au sein du système judiciaire sénégalais, présidé par des juges africains nommés par l’organisation continentale.
M. Habré vit en exil à Dakar depuis la chute de son régime. Il avait été renversé par l’actuel président tchadien, Idriss Deby Itno, qui était un de ses proches collaborateurs avant d’entrer en rébellion.
Selon une commission d’enquête tchadienne, le régime de M. Habré a fait plus de 40.000 morts parmi les opposants politiques et parmi certains groupes ethniques.
Au total 141 organisations africaines de défense des droits humains de plus de 32 pays ont publié une lettre dans laquelle elles affirment leur soutien aux efforts entrepris par le Sénégal et l’Union africaine pour juger l’ancien président tchadien Hissène Habré.