C’est le temps des grandes manœuvres autour de l’organisation de la CAN 2015 de football, après qu'un journal marocain a annoncé un accord entre le Maroc et la Confédération africaine de football (CAF), avant d'être démenti par l’instance dirigeante du football continental.
En attendant la date du 2 novembre retenue pour une rencontre officielle entre la CAF et les autorités marocaines après la réunion du Comité exécutif de la CAF, il faut s’attendre à ces genres de manipulations. Les enjeux autour de cette compétition dépassent le simple africain.
Des autorités marocaines, qui ont mis en avant la santé de leurs populations voire de toutes les personnes devant faire le déplacement pour suivre la compétition aux clubs européens en passant par la CAF, les clubs européens et l’UEFA dirigée par le Français Michel Platini, tout le monde est aux aguets.
Ces dernières années, le Royaume chérifien est en train de démontrer ses grandes capacités dans l’organisation de grands événements sportifs.
Après avoir réussi en décembre 2013, l’organisation de la coupe du monde des clubs, le Maroc qui a été battu par deux fois à l’organisation des coupes du monde en 2006 et en 2010, sera encore le pays hôte de l’édition 2014 de la compétition regroupant les meilleurs clubs du monde.
En août et septembre, le Grand Stade de Marrakech a abrité respectivement les championnats d’Afrique d’athlétisme et la coupe du monde de la première discipline olympique.
En attendant d’abriter un jour les Championnats du monde d’athlétisme, le Maroc a fait de cette CAN 2015 un nouveau banc d’essai pour conforter ses capacités organisationnelles et avoir le soutien de l’ensemble du continent dans la perspective d’une candidature à la coupe du monde.
Mieux encore, le tourisme étant l’une des mamelles de l’économie marocaine, cette capacité d’organisation est un renfort de poids au moment où ses voisins du Maghreb ont du mal à présenter le même plateau, à cause de situation politique instable.
La décision du Nigeria de se substituer au Maroc entre également dans le cadre de ces manœuvres. Les Nigérians sont en effet dans le collimateur de la FIFA.
La raison du courroux de la FIFA est liée à l’invalidation par la Haute Cour de justice de Jos de l’élection d’Amaju Pinnick, après avoir été saisie par le candidat malheureux à l’élection à la présidence de la Fédération.
En reprenant au pied levé l’organisation de la CAN 2015, le géant de l’Afrique, en plus de revenir en odeur de sainteté dans le giron du football mondial, aura l’occasion d’assurer une qualification directe. Le Nigeria cafouille depuis le début des éliminatoires de la CAN 2015 avec deux défaites de rang en quatre matchs (contre le Congo 2-3 et contre le Soudan 0-1)
Quant à la CAF, en plus de la nécessité de respecter son calendrier, elle ne peut pas voir d’un bon œil un report de cette compétition à cause des importants enjeux financiers.
Mais aussi l’instance dirigeante du football continental joue gros dans cette affaire, parce que la raison avancée par le Maroc, le risque de propagation d’Ebola, est loin d’être une vue de l’esprit, au vu de la tragédie humaine occasionnée par cette fièvre hémorragique en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, principalement.
Du côté des clubs européens et de l’UEFA, on est aussi tout autant intéressé par cette décision de la CAF qui va impacter sur la saison 2014-2015.
En organisant la CAN en janvier et février, les clubs européens doivent se passer des internationaux africains pendant plus d’un mois, un grand manque à gagner qu’ils ont toujours dénoncé.
En déplaçant la CAN en juin, ils verront leur volonté exaucée en grande partie. La Coupe d’Afrique des nations est la seule compétition continentale qui se joue en janvier-février, en pleine saison de football.
Dans le cadre de l’harmonisation des calendriers, l’UEFA à travers ses clubs, a toujours pressé la CAF à revoir ses calendriers.
On comprend mieux la sortie au vitriol de la CAF quand Michel Platini, le président de l’UEFA, a apporté de l’eau dans le moulin des autorités marocaines ayant plaidé pour un report au mois de juin prochain.
Un report en juin sonnera ainsi le glas de l’organisation en janvier-février, source de beaucoup de conflits entre les joueurs africains et leurs clubs en Europe.
