Ndjamena (Tchad) - Le Tchad va juger 29 complices présumés de l’ex-président tchadien Hissène Habré, inculpé de crimes contre l’humanité et détenu à Dakar, à partir de la mi-novembre, a annoncé le procureur général de Ndjamena, Louapambé Mahouli Bruno.
"Les dégâts causés par le régime de Hissène Habré sont incommensurables. Face à cette situation, les victimes, constituées en association, ont formulé et déposé une plainte avec constitution de partie civile contre leurs anciens tortionnaires" devant un juge d’instruction du Tribunal de Ndjamena, a déclaré jeudi soir le procureur au cours d’un point de presse
Une session criminelle spéciale sera organisée du 14 novembre au 13 décembre "en vue de juger Saleh Younous (ancien directeur de la Direction de la documentation et de la Sécurité - police politique, ndlr), et 28 autres coauteurs", a-t-il annoncé.
Les inculpés seront notamment jugés pour assassinats, tortures, séquestrations, et détentions arbitraires.
Selon le procureur, "le gouvernement, qui entend rendre justice à toutes les victimes, traduit ainsi dans les faits sa ferme volonté de lutter contre l’impunité".
En 2000, des dizaines de victimes avaient porté plainte à Ndjamena contre une cinquantaine d’ex-responsables de l’appareil répressif du régime Habré.
Peu d’entre eux avaient été inquiétés jusqu’en 2013, année où la justice tchadienne a relancé ces poursuites, arrêté et inculpé plusieurs anciens tortionnaires présumés.
Hissène Habré, 70 ans, a été inculpé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures commis au cours des huit ans qu’il a passés au pouvoir, avant d’être renversé en 1990 par Idriss Deby Itno. Depuis sa chute, il vit en exil au Sénégal, où il a été arrêté en 2013.
Le Sénégal et l’Union africaine (UA) avaient signé en décembre 2012 unaccord pour la création au Sénégal du tribunal spécial en vue de juger Hissène Habré et les autres responsables de ces crimes.