Le procès de Hissein Habré ne devrait pas être de tout repos, selon Abdoul Mbaye qui lançait samedi le Club travail et vertu. Invité de l’émission Grand jury de la Rfm hier, l’ancien Premier ministre a déclare : «Attention parce que ce genre de procès rend nécessaire l’identification d’une chaîne de commandement, et c’est peut-être là que doit se trouver la grosse difficulté.»
S’il ne sait pas si c’est un procès impossible, M. Mbaye estime, en revanche, que «c’est un procès risqué sans doute pour ceux qui l’ont souhaité et peut-être aussi pour ceux qui l’ont organisé». On l’accuse d’avoir reçu l’argent de Habré, alors qu’il était directeur de la Cbao. Abdoul Mbaye estime qu’il est «plus facile d’évoquer cette question» aujourd’hui qu’il a quitté ses fonctions publiques. Il y va à fond et défend l’ex-Président Tchadien : «Je suis heureux et fier de lui serrer la main, de le démarcher comme client de la banque que je dirige (la Cbao). On n’oublie trop souvent que c’est quand même quelqu’un qui a beaucoup fait pour son pays et qui apparaît même, à certains égards, comme un héros militaire africain puisqu’il a libéré le Nord de son pays de l’occupation libyenne. Je suis fier de rencontrer cet homme parce qu’il a dirigé le Tchad en mettant fin à une quasi-dictature et on ne lui a jamais reproché d’avoir tué ou assassiné un chef politique de son pays.»
Quid des 16 milliards attribués à Habré que sa banque aurait accepté et que certains considèrent comme du blanchiment ? «Ce n’est pas moi mais la banque que je dirigeais qui a reçu un dépôt qui n’était pas supérieur à 300 millions de francs», précise-t-il. Il poursuit : «Vous avez par contre des accusateurs -y compris d’ailleurs leurs porte-plume tous d’ailleurs détenteurs de fortunes supérieures à ce montant- qui seraient bien gênés de pouvoir expliquer leur provenance. Alors, où ce trouve le blanchiment ?» En somme, Abdoul Mbaye ne voit pas en quoi il doit témoigner au procès de Habré, rappelant que «c’est un procès qui porte sur des crimes de guerre et crimes contre l’humanité».
«Il y a des problèmes sérieux avec le Code des marchés»
Abdoul Mbaye est, par ailleurs, du même avis que le chef de l’Etat qui pense que les procédures du Code des marchés sont lourdes. Pour lui, «il y a de sérieux problèmes et il fallait revisiter ses textes». Réagissant au débat autour de la procédure dans la construction du Cicd, il dit : «Ce centre de conférence est fait pour le sommet de la Francophonie certes, mais aussi pour le Sénégal. Et demain, Il peut s’avérer utile pour le développement d’un tourisme d’affaires. Le King Fahd Palace a été réalisé dans le cadre de l’Anoci et pourtant il continue à accueillir des rencontres.»
«Je n’ai jamais signé un document concernant Pétro-Tim»
Le premier chef du gouvernement de Macky Sall a également réfuté toute implication dans les licences de Petro-Tim Sénégal dirigée par le frère du Président, Aliou Sall. «Je ne connais pas Pétro-Tim et je n’ai jamais été en rapport avec Pétro-Tim. Je n’ai pas signé de document en ce sens», clôt-il.