Le virus Ebola fait une nouvelle apparition. Cette fois, c’est à Kayes non loin de la frontière entre le Sénégal et le Mali qu’une petite fille de 2 ans en provenance de la Guinée a été diagnostiquée. Elle est finalement décédée hier. Mais, le Mali a mis sous surveillance 43 personnes contact, d’après le site Essor.ml. Après les péripéties qui ont marqué la fermeture des frontières du Sénégal avec la Guinée à cause d’Ebola, les autorités prendront-elles le risque d’indisposer à nouveau un voisin qui lui assure des revenus énormes.
Le Virus Ebola poursuit sa propagation en Afrique occidentale. Après le Sénégal, le Mali vient de connaître son premier cas importé. Une fillette de deux ans en provenance de la Guinée voisine a réussi à déjouer la vigilance des autorités maliennes en faisant entrer dans le pays de Ibrahima Boubacar Keïta le virus tant redouté. L’apparition du virus dans la localité de Kayes prés de la frontière entre le Mali et le Sénégal accentue la pression qui pèse sur Dakar. Contrairement au Sénégal, le Mali s’était jusque là refusé à fermer ses frontières, privilégiant le renforcement des contrôles. Aussitôt la nouvelle rendue publique par les autorités sanitaires maliennes, la Mauritanie a pris la décision de fermer ses frontières avec le Mali. Le Sénégal, qui interdit l’accès de son territoire à tous les ressortissants des pays touchés par Ebola va-t-il emboîter le pas à son voisin du Nord ? Impossible de dire quelle sera l’attitude des autorités sénégalaises. Mais toujours est-il qu’on peut déjà prévoir un renforcement de la surveillance à la frontière avec le Mali.
Entre le Sénégal et le Mali, en plus des liens historiques, les relations commerciales ont toujours été très dynamiques. Pays continental et ne disposant pas d’une façade maritime, le Mali fait transiter une grande part de ses produits d’importation par le Port de Dakar. Le Corridor Dakar Bamako est ainsi un des plus importants axes de transit de marchandises de la Communauté des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le Directeur général du port de Dakar ne s’y trompe pas en disant que «le Mali est le principal interland du Port autonome de Dakar (Pad)». Cheikh Kanté indique en effet qu’en 2012, le trafic commercial du Sénégal vers le Mali était de 1.400.000 tonnes soit 12,6%. Le Port de Dakar reçoit ainsi 70% du transit malien. Le pays dispose d’ailleurs d’entrepôts spéciaux au port de Dakar. Mais dans une logique de fermeture des frontières, les autorités sénégalaises devront réfléchir à deux fois avant d’offrir à leurs concurrents des autres ports de la sous-région tels qu’Abidjan, le gâteau malien. Il faut dire que sur ce plan, Dakar a su mettre en avant ses intérêts en tirant profit de la crise ivoirienne pour se positionner comme port d’embarquement et de débarquement des marchandises maliennes. Le Sénégal devra aussi prendre en compte l’importance des flux commerciaux et humains qui passent par la voie terrestre sur l’axe Dakar Bamako. Les statistiques montrent que les exportations du Sénégal vers le Mali ont atteint près de 220 milliards de francs Cfa en 2008, soit 54 % des ventes de marchandises dans la sous-région Ouest-africaine. Un chiffre qui ne prend pas en compte les échanges informels de produits agricoles, notamment du Mali vers le Sénégal.
La fermeture des frontières entre la Guinée et le Sénégal est encore une patate chaude entre les deux pays qui ont connu une période de froid suite à l’arrivée à Dakar de l’étudiant guinéen contaminé par le virus. Aujourd’hui, le Sénégal peut-il prendre le risque d’indisposer un autre de ses voisins ? Les jours et semaines à venir apporteront sans doute la réponse à cette question.