L’Alliance nationale de lutte contre le Sida (ANCS) prévoit de démarrer incessamment un programme test de prévention et de prise en charge des usagers de drogue basé sur la réduction des risques et méfaits des drogues, a annoncé jeudi son chargé de programme, Massogui Thiandoum.
‘’Cette stratégie va faire évoluer la prise en charge centrée aussi bien sur les aspects psychologique et mentaux que sur d’autres aspect environnementaux, sociaux de prise en charge globale de la personne au lieu de le centrer seulement sur les aspects simplement médicaux’’, a-t-il dit.
Il s’exprimait ainsi en marge de la clôture d’un atelier d’orientation et de renforcement des capacités des acteurs de la société civile sur le programme de réduction des risques auprès des usagers de drogues au Sénégal et en Afrique de l’Ouest.
L’objectif de ce projet, a fait comprendre M. Thiandoum, est d’élaborer et de mettre en place un modèle complet de prestation de services communautaires pour la prévention et les soins des consommateurs de drogues et leurs partenaires sexuels.
‘’Nous espérons ainsi améliorer l’accès des organisations travaillant sur le VIH et la consommation de drogues au Sénégal et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre aux modèles efficaces de travail et au soutien technique pour leur mise en œuvre’’, a-t-il relevé.
Il a précisé que cela permettrait d’influencer l’environnement de sorte qu’il permette le développement et la prestation de services de réduction des risques à base communautaire.
Selon Massogui Thiandoum, il y aura une implication des usagers dans la prévention de la drogue, mais aussi dans la prévention du VIH parce que, dit-il, l’usage dans une certaine mesure est en relation avec les comportements.
‘’Nous allons promouvoir un traitement de substitution, parce qu’il y a des substances qui, si les usagers les prennent, ça peut réduire leur envie de prendre la drogue’’, a-t-il expliqué, citant entre autre substances la métadone.
‘’Cela fera l’objet d’un plaidoyer auprès des autorités, afin qu’on puisse donner aux usagers cette substance qu’ils boivent et qui leur permet de combler leur addiction à la drogue. Sa distribution sera extrêmement sécurisée pour ne pas inciter d’autres personnes à en consommer’’, a-t-il ajouté.
A l’en croire, la distribution de cette substance ne sera pas communautaire et ne se fera qu’au niveau du Centre de prise en charge intégrée des addictions à Dakar (CEPIAD), qui est, en ce moment, en construction à l’Hôpital de Fann, et où il y aura une prise en charge beaucoup plus adaptée.
C’est pourquoi le chargé de programme de l’ANCS invite à une mobilisation communautaire pour aider dans l’identification des usagers de drogue, dans le diagnostic et dans leur orientation vers le CEPIAD.
Concernant la prise en charge des usagers de drogue au Sénégal, il a affirmé que ces derniers sont considérés plutôt comme des malades mentaux et sont internés dans les services psychiatriques, alors que les études ont montré que ces personnes ne sont pas des malades mentaux, mais sont simplement dépendants de substances. ‘’Ils sont sujets à une addiction’’ a-t-il dit.