L’Agence nationale d’aménagement du territoire (ANAT) a entrepris l’élaboration et la mise en œuvre "progressive" du programme d’infrastructure cartographique nationale, a indiqué jeudi son directeur général, Mamadou Djigo.
L’ANAT est chargée d’assurer la mise en œuvre de la politique de l’Etat du Sénégal en matière de cartographie de base et d’équipement géodésique du territoire national.
Un des volets importants de ce programme est l’élaboration de référentiels topographiques numériques normalisés.
Ces référentiels comprennent notamment les couches d’informations relatives aux noms des établissements humains, des lieux-dits ainsi que celles concernant l’hydrographie, l’orographie, les équipements socio-économiques et les infrastructures, a précisé M. Djigo.
Il intervenait à l’atelier national sur la toponymie, organisé à l’initiative de l’ANAT. La rencontre, dont l’ouverture est présidée par le ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire, Oumar Youm, prend fin vendredi.
M. Djigo a précisé que tous les secteurs d’activités sont concernés. Il a indiqué que la modélisation, la représentation et la diffusion des informations géoréférencées de base relatives aux espaces et aux cadres de vie relèvent ainsi d’une très lourde responsabilité dévolue à l’ANAT par le décret n°2009-1302 du 20 novembre 2009 portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’agence.
Le directeur général de l’Institut géographique du Burkina Faso, Claude Obin Topsoba, responsable de la Division Afrique de l’Ouest du Groupe d’experts des Nations unies pour les noms géographiques (GENUNG) a pris part à la rencontre.
Il en a profité pour rappeler que ‘’tout lieu a un nom, qu’il s’agisse d’une localité, d’un cours d’eau, d’un relief naturel, etc.’’
‘’Ce lieu est nommé par les populations qui le fréquentent en s’inspirant le plus souvent du patrimoine des peuples autochtones’’, a-t-il expliqué.
‘’Les noms de lieux, lorsqu’ils sont normalisés, procurent des avantages qui peuvent être techniques, économique, social ou culturel. Le contraire peut évidemment engendrer des conséquences fâcheuses, surtout en cas de catastrophes’’, a fait remarquer M. Topsoba.
‘’A l’évidence, une société qui n’est pas bien informée sur elle-même ne peut pas façonner son avenir. Or, encore aujourd’hui au Sénégal, après plus d’un demi-siècle de décolonisation, on trouve des noms de lieux qui sont mal transcrits, des cartes où beaucoup de lieux ne sont pas mentionnés et quand ils le sont, ils francisés.’’
Ce constat est dressé par Babacar Diop dit Buuba et Alioune Bâ, enseignants-chercheurs à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), dans un document présenté par le dernier nommé à l’ouverture de cet atelier.
S’inspirant des résultats du colloque de l’UNESCO de juillet 1973 sur le thème ‘’Ethnonymes et toponymes africains’’, ils ont estimé que le monde se trouve à ‘’une phase particulièrement importante de son évolution politique, culturelle et sociale’’.
‘’Dans ce mouvement, les pays africains anciennement colonisés sont encore plus concernés, parce que pendant longtemps, ils sont peu associés à la gestion de leur propre destin historique’’, a déploré le professeur Alioune Bâ.
A la fin de cet atelier, il est attendu la proposition d’un cadre institutionnel et juridique pour la création et le fonctionnement d’une commission chargée de la toponymie, l’établissement d’un programme de travail, en vue de préparer les futures activités de ladite commission.
Il sera aussi dégagé les voies et moyens et les stratégies de financement pour la mise en œuvre des activités de cette commission.