Devant le refus de l’Etat tchadien de procéder au transfèrement des co-accusés de Habré, l’Union africaine a décidé de réagir. Elle a promis aux juges des Chambres africaines extraordinaires d’amorcer un dialogue pour un respect des termes de la coopération judiciaire qui a permis aux juges d’organiser le procès de l’ancien Président du Tchad.
Par Ngoundji DIENG
L’Union africaine (Ua) s’est saisie du dossier Habré pour tenter de décanter la situation. Après le refus de Ndjamena de procéder au transfèrement des co-accusés de Hissein Habré, Saleh Younous et Mahamat Djibrine dit «El Djonto», les Chambres africaines extraordinaires ont informé l’Ua pour, sans doute, mettre la pression sur Idriss Deby. L’Ua a promis aux juges des Chambres africaines de prendre langue avec les autorités tchadiennes afin de les pousser à respecter les termes de la coopération judicaire entre les deux pays, selon une source proche des Chambres africaines extraordinaires. Aujourd’hui, on mise sur la carte diplomatique pour décrisper les relations très tendues entre l’Etat tchadien et les Chambres africaines extraordinaires. Des relations qui ont commencé à se détériorer depuis le rejet de la constitution de partie civile de l’Etat tchadien par les Cae qui justifiaient cette décision par le fait qu’elles n’avaient pas reçu mandat de juger des crimes économiques.
En attendant, l’instruction suit son cours normal et devra se terminer fin janvier, annonce la source. A cette date, les juges d’instruction devront déposer sur la table du Procureur près des Cae, Mbacké Fall le dossier en entier. Il aura ainsi la latitude soit de faire un réquisitoire définitif ou de procéder à un réquisitoire de mise en accusation et de renvoyer Hissein Habré devant la Cour d’Assises des Cae. Ce qui veut dire, selon notre source, qu’il y aura bel et bien procès si au terme de la procédure les charges retenues contre l’ex-homme fort de Ndjamena sont concordantes et graves.
Malgré cette situation embarrassante, les juges continuent le travail et considèrent la réaction des autorités tchadiennes comme un incident de parcours qu’ils vont gérer puisque cela est une question de forme et non de fond. Hissein Habré est en prison depuis un an au Cap manuel de Dakar. Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de tortures.