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Enquête Plus N° 1006 du 22/10/2014

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Procès Karim Meissa Wade: Les débats achoppent sur un signe de ponctuation
Publié le jeudi 23 octobre 2014   |  Enquête Plus


Le
© aDakar.com par DF
Le procès de Karim Wade s`est ouvert à Dakar
Dakar, le 31 Juillet 2014 -Karim Wade, le fils de l`ex- président de la république du Sénégal, a fait face aux juges de la Cour de Répression de l`Enrichissement Illicite (CREI). Ancien ministre durant le règne de son père, Karim Wade est accusé de s`être enrichi de façon illicite.


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L’acte II de ce qui s’annonçait hier comme un très long interrogatoire pour Cheikh Diallo s’est achevé sur un débat grammatical. C’est aujourd’hui un simple signe de ponctuation qui se dresse entre l’ancien ‘’ami et frère’’ de Karim et un potentiel parjure.
Alors qu’on présageait, avant-hier, que les choses commençaient enfin à bouger, dans le cadre de cet interminable duel Karim Wade vs CREI, force est de constater que c’est encore à cause d’un grain de sable que la machine s’est enrayée hier.

En effet, ayant à sa disposition le témoin pour le soumettre à un feu nourri de questions, la Défense s’est constamment surprise à jouer au chat et à la souris avec ce dernier. À la décharge des avocats de Meïssa et Cie, force est de reconnaître qu’ils ont un sacré client en face… Un client, semblerait-il, qui n’hésite pas à vendre père, mère et patrie (d’adoption) pour se constituer en victime dans toute cette affaire. Et dire qu’il est journaliste… Franchement, ce n’est pas pour redorer le blason déjà terni de la corporation. Mais enfin, passons !

Cheikh Diallo, grand relativiste devant l’Eternel

Celui qui crie haut et fort devant la Cour que Ken du ko Yaab* (NDLR : personne ne lui manque de respect) ne semble tristement pas faire preuve de la même rigueur envers lui-même. A plusieurs reprises, il s’est contredit à la barre, dans le cadre de son ‘’non-interrogatoire’’ aux mains de la Défense. Puisqu’il paraît qu’à la CREI, on n’interrogatorise pas (néologisme ballant) les témoins, dixit Henry Grégoire Diop, mais on leur pose plutôt des questions... Allez comprendre la nuance !

En effet, mis en face de ses propres déclarations à l’instruction et de documents notariés et/ou divers PV portant, en plusieurs duplicata, sa propre signature (qu’il a lui-même identifiée), Cheikh Diallo a maintenu une version que la Défense a estimé être en porte-à-faux avec les propos qu’il a tenus à la barre… À tel point d’ailleurs que l’article 323 du code de procédure pénal, ayant trait au délit de parjure, a été invoqué devant la Cour par Me Bathily, plus tard appuyé par Mes Clédor Ly et Seydou Diagne !

C’est ainsi que, ‘’relativisant fortement’’ (ce sont ses propres mots) ses déclarations faites à l’enquête préliminaire, Cheikh Diallo a continué son bonhomme de chemin. Que relativisera-t-il encore aujourd’hui (et sans doute demain) ? Seul l’avenir nous le dira : ‘’Je suis Peulh et je sais que tous les moutons se suivent, mais n’ont pas le même prix.’’, a-t-il lancé à la mi-journée… Il nous tenterait presque de lui demander à quel prix il estime ce laadoum* (NDLR : race de bélier) prénommé Karim et tant courtisé par la CREI !

Le Parquet Spécial atteint de surdité sélective

(Quasi) sourd aux rappels à l’ordre répétés du Président de la Cour Henry Grégoire Diop, lors d’un petit incident opposant le Parquet Spécial à Me Moustapha Ndoye, le Procureur Spécial a semblé, hier, atteint d’un cas sévère d’‘’ElHadjDiouf-ite’’ ! En effet, il a fallu plus d’une quinzaine de ‘’M. le Procureur Spécial, vous n’avez pas la parole !’’, crié dans le micro, pour que le terrifiant Alioune Ndao finisse enfin, d’un revers de la main, par laisser cette diantre parole à la Défense.

Une surdité qui, plus tard, a ressurgi de manière impromptue, quand Cheikh Diallo a lancé une (très grosse) pierre dans le jardin des gendarmes investigateurs pour corroborer le fait qu’il ‘’relativise’’ (encore et toujours) ses propos tenus, lors de l’un de ses interrogatoires, à l’instruction : ‘’Je me demande si celui qui a écrit cela (NDLR : à l’évidence, un gendarme) n’a pas mélangé le «oui» et le «non» (…) J’ai signé, mais l’écriture manuscrite (NDLR : dans le carnet qui sert de base à la rédaction du P.V.) n’était pas lisible à la gendarmerie’’, s’est exclamé Cheikh Diallo, en se dédouanant de certaines des dites déclarations.

Ce à quoi, étonnamment, le Parquet n’a pas bronché… Pas vu (ou pas entendu, pour être précis), pas pris !

Un signe de ponctuation fait ‘’perdre’’ à la CREI toute une après-midi

Deux points (:). Voilà ce qui se tient entre Cheikh Diallo et un possible délit de parjure… Ce minuscule signe de ponctuation ! Il faut ici souligner que si on n’était pas encore convaincu que ce procès s’annonçait comme le plus long de toute l’histoire de la Justice sénégalaise, depuis hier, notre religion est faite !

À croire, comme l’a si bien dit Me Amadou Sall, qu’il faut en revenir à ‘’mettre des ardoises et des craies’’ dans les mains de chacune des parties pour régler un problème qui, dans un pays qui a pour langue de travail le Français, ne devrait même pas se poser ! Ainsi, pour savoir si, oui ou non, les PV de réunion et feuilles de présence produites par la Défense prouvent un éventuel parjure du témoin, on en est venu à débattre de la présence (ou plutôt de l’absence) d’un signe de ponctuation, dans l’un des documents, bien que le papier en question porte la signature de l’intéressé qui reconnaît lui-même l’avoir dûment signé et paraphé… et qu’il s’agit, en passant, d’un acte notarié !

Heureusement que la Cour a ‘’sauvé’’ l’intéressé, en reportant sa décision sur ce point précis aux Calendes grecques…

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