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Enquête Plus N° 760 du 26/12/2013

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Crise de l’emploi : comment des jeunes contournent le chômage...
Publié le vendredi 27 decembre 2013   |  Enquête Plus




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Le chômage, une véritable bombe sociale, gagne de l'espace dans notre pays. Affectés par ce fléau, des jeunes attendent le coup de baguette magique quand d'autres se battent pour s'imposer une dignité. Reportage à la Médina.



«Je m'érige contre cette thèse qui fait état d'un manque criard d'emploi pour les jeunes dans notre pays. Ils ont pleines d'opportunités à exploiter. Le marché du travail est assez vaste, il y a de la place pour tout le monde mais ils sont nombreux à trouver du plaisir dans le culte de la facilité.»

Tendre, Ababacar Sané ne l'est pas avec les jeunes quand EnQuête l'a rencontré à la rue 17 X 28 Médina. Quand certains dénoncent une absence de volonté politique de régler la question du chômage, lui voit les choses autrement. «Il ne faut pas se voiler la face, les jeunes ont de quoi s'occuper professionnellement parlant, mais ceux de Dakar, ont fini par prendre goût à l'oisiveté. Ils préfèrent se faire prendre en charge plutôt que de trimer dur», ajoute t-il.

Au fur et à mesure qu'il parle, des hochements de tête se multiplient au sein du groupe qui s'était du coup formé, devant son atelier. L'homme est un teinturier. Et pour donner du crédit à ses propos, rien de mieux qu'une anecdote. «Récemment, dit-il, la mairie de Dakar a recruté un groupe de jeunes garçons de la Médina pour nettoyer quelques artères de la capitale.

Mais ils avaient du mal à se tirer du lit et traînaient des pieds pour effectuer la tâche qui leur était confiée. De guerre lasse, ils ont fini par mettre sur le marché le matériel de travail mis à leur disposition. Avec l'argent récolté, ils ont acheté des substances enivrantes avant de reprendre leurs habitudes : se saouler et s'amuser.»

Il nous a été impossible de vérifier l'histoire. Mais Ababacar Sané est conforté dans ses dires par d'autres habitants du quartier. «Des jeunes sont déterminés à travailler mais ils font souvent face à une rareté de l'offre», explique Amadou Traoré, un ex-habitant des lieux replié sur la banlieusarde Guédiawaye. «À Pikine, par exemple, les jeunes saisissent la moindre occasion pour travailler. Avec les containers qui débarquent, ils essaient de gagner quelques miettes, mais ces occasions ne se renouvellent que rarement.»

«Le chômage, la mère des vices»

Petit-fils de l'ancien grand Serigne de Dakar, feu El Hadji Ibrahima Diop, Sané rappelle avoir récolté tous les quolibets du monde quand il s'est lancé dans la teinturerie. «On le considérait comme un métier dévalorisant pour quelqu'un qui est issu d'une grande famille. Je n'en ai eu cure. Je dispose aujourd'hui d'une petite et moyenne entreprise et j'emploie des jeunes, même je n'ai qu'une mince expérience du monde de l'entreprise...» Son cas a fait tâche d'huile dans son entourage.

Prenant la balle au rebond, Moussa Faye, un jeune frère du célèbre ambianceur du Super étoile, Mbaye Dièye Faye, offre en exemple sa propre trajectoire. Comptable de formation, sans boulot fixe, il a repris les études pour devenir professeur de mathématiques. Non sans souligner que les jeunes diplômés sont les plus affectés par ce chômage galopant, comme le prouve l'enquête ci-contre.

«Les autorités doivent prendre conscience que c'est frustrant pour un jeune en âge de travailler et de fonder une famille de ne pas être en mesure de le faire. Le chômage est de nos jours la mères de tous les vices.» Cette prise de conscience doit d'autant plus être une priorité que, ajoute-t-il, «les jeunes ont fini par démystifier l'émigration. Certains d'entre eux disent même à haute voix être prêts à rester au pays s'ils disposent d'un salaire au moins égale à 100 000 francs Cfa.»

Rue 17, toujours à la Médina. Serigne Mbacké Sylla, gérant d'un salon de coiffure, a sa petite idée sur le chômage des jeunes Dakarois. «Ils sont sûrs d'être logés et nourris par les siens même s'ils ne travaillent pas. Il y aura toujours un membre de la famille pour assurer le nécessaire chez eux. Le reste importe peu à leurs yeux», assène-t-il avec calme.

«Jetez un regard dans votre entourage, vous verrez que les jeunes issus du monde rural ne chôment pas. Ils se donnent toujours les moyens de réussir.» Une autre tendance confirmée par l'étude du Bit, de la Cea, de l'Ue, etc.

Dans ce petit salon, Babacar Diagne, trentenaire en dread-locks et au regard perçant, a de «grandes ambitions» mais il attend son heure, et ça dure depuis dix ans. Ressortissant de Kébémer, et une famille à prendre en charge, il n'ose pas «faire comme les jeunes dakarois». Alors, il s'accroche à son boulot...


Matel BOCOUM

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