Les pays ACP ont la possibilité de recourir à des mesures de défense commerciale pour contrecarrer les difficultés qu'induiraient, pour leurs économies, l'application des Accords de partenariat économique (APE) conclus avec l'Union européenne, a indiqué, samedi à Saly (Mbour) , le consultant Abdoulaye Diagne, cadre du ministère du Commerce, à la retraite.
Les mesures de défense commerciale, incluses dans le texte des APE, peuvent être un levier sur lequel peuvent agir les économies qui se retrouveraient en difficulté avec la mise en œuvre des ACP, a-t-il fait valoir lors d'un séminaire du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (COJES).
Abdoulaye Diagne, ancien président directeur du Commerce intérieur et des Prix et directeur du Commerce intérieur, présentait une communication au cours de cette rencontre portant sur "Les Accords de partenariat économique et le Tarif extérieur commun : Enjeux et perspectives".
Les mesures de défense commerciale correspondent toutefois à des dispositions "très techniques" et doivent être d'autant plus bien maîtrisées que leur déclenchement suppose au préalable des "justificatifs pas toujours à la portée des pays" concernés, a ajouté M. Diagne, qui fut également conseiller technique pour les négociations commerciales au ministère du Commerce.
Il a expliqué que ces mesures sont des dispositions auxquelles les pays peuvent recourir "pour prévenir l'envahissement du marché sous-régional par des produits d’importation", au risque de perturber le développement des productions nationales.
Le consultant a laissé entendre que les Etats ACP ne peuvent pas de leur propre gré s'être soustraits du devoir de défendre leurs économies, concédant de leur part une ignorance possible de leur certains de leurs intérêts qu'ils sont appelés à identifier et à défendre. Selon lui, "tout Etat responsable doit être le garant et le premier défenseur de son économie (…)".
Aussi a-t-il refusé de s'inscrire dans le débat, "philosophique" à son avis, relatif au degré d'importance du rôle que l'Etat ou la société civile peuvent être amenés à jouer chacun de son côté dans la défense des économies nationales des pays concernés par les APE.
Pour lui, "tout Etat responsable doit pouvoir défendre" son économie au même titre que la société civile dans son rôle de lobbying qui contribue au débat sur les APE.
D'une manière générale, les APE ne sont "pas uniquement des recettes douanières que l'on va perdre", étant entendu qu'ils comptent des impacts positifs autant que négatifs, c'est-à-dire "tout un ensemble systémique" à prendre en compte, a-t-il indiqué.
La signature des APE ne coïncide pas forcément avec la mise en œuvre de cet accord induisant un schéma de libéralisation graduelle et progressive sur 20 ans, a soutenu le consultant.
De plus, les APE prévoient selon lui une période transitoire de 5 ans, à l'issue de laquelle, "s'il y a des importations massives", des mesures de défense commerciales peuvent être adoptées.
Il a même été retenu "des mesures de suspension ou de révision" dans le cas où l'application des APE devrait porter préjudice "de façon durable’" aux économiques des pays ACP.