La presse quotidienne revient vendredi sur l'affaire Bassirou Faye en réservant un traitement particulier aux réactions faisant suite à l'annonce du placement en garde à vue du meurtrier présumé de l'étudiant tué le 14 août dernier à l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
Bassirou Faye, étudiant à la Faculté des Sciences et Techniques de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, a succombé des suites de ses blessures, après avoir reçu une balle, lors d’une manifestation d’étudiants réclamant le paiement de leurs bourses.
Le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye annonçait mercredi, lors d'une conférence de presse, qu'un policier présumé meurtrier de l'étudiant avait été arrêté et placé en garde à vue par la Division des investigations criminelles (DIC).
"Polémique autour du suspect du procureur de la République", affiche le quotidien Le Populaire paru ce vendredi, revenant sur cette affaire à l'instar de la plupart des quotidiens.
"La famille de l'étudiant conteste le présumé meurtrier", fait observer le journal. De son côté, l'oncle du meurtrier présumé "contredit la version" du procureur de la République. Selon Serigne Bassirou Guèye, le policier suspect ne devait pas être sur les lieux du drame le jour des faits et à plus forte raison détenir une arme à feu.
Le procureur de la République "n'a pas encore convaincu la communauté universitaire de l'UCAD", l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, dont le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES), note le quotidien Enquête.
Ce syndicat, ainsi que des responsables des étudiants, "attendent de l'Etat un meurtrier bien identifié ainsi que des commanditaires et non un suspect ayant infiltré la police", rapporte cette publication.
Or, l'Etat du Sénégal semble "engagé désormais dans une opération de communication pour donner sa position sur ce terrible événement", estime Sud Quotidien, en allusion à la mort de l'étudiant Bassirou Faye.
Le même journal ajoute : "C'est le ministre de la Justice, garde des Sceaux, qui est monté au créneau pour déclarer que la responsabilité de l'Etat n'est pas engagée dans ce drame. Car, a estimé Me Sidiki Kaba, le policier en question n'était pas en service" au moment des faits.
Une version réfutée par sa famille, selon Grand Place. L'oncle du policier présumé meurtrier "s'est inscrit en faux contre cette thèse", affirmant que "son neveu était en service commandé" et désigne l'Etat comme "seul coupable dans cette affaire", précise L'As.
Direct Info, pour sa part, juge que le procureur de la République "semble être sur la bonne piste sur l'affaire du meurtre de l'étudiant Bassirou Faye", même si les Sénégalais "attendent d'être éclairés sur cette affaire qui n'a pas encore révélé tous ses secrets", souligne Direct Info.
"Est-il le vrai coupable ? Avait-il agi sur commande ? Son arme de service avait-elle vraiment tiré ou alors détenait-il une autre arme que celle de la police ? Le mystère demeure toujours", fait observer Le Témoin quotidien.
"En toute logique (…) il est difficile de soutenir la thèse selon laquelle le coupable présumé serait, en l'occurrence, un cheveu dans la soupe policière, un élément non identifié", avance pour sa part le quotidien La Tribune.
Selon ce journal, dans cette affaire, "la hiérarchie doit être interpellée. Se limiter exclusivement au meurtrier présumé serait perçu comme une tentative de soustraire certains aux conséquences pénales de leurs responsabilités", écrit La Tribune.
"Le meurtre de Bassirou Faye ne serait pas hasardeux. En analysant les éléments à charge, renchérit Le Quotidien, il ressemblerait plus à un assassinat par préméditation qu'à une bavure policière".
"Après l'arrestation de Tombong Walli, présumé meurtrier, les questions restent entières et énigmatiques, poursuit le journal. Règlements de comptes au sein de la police ? Règlements de comptes politiques ? Walli reste un Tombong d'interrogations …".