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Le Soleil N° 13318 du 16/10/2014

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Bocar Sy, dg de la BHS et président du réseau habitat et Francophonie : « le réseau est un formidable réservoir d’expertises »
Publié le jeudi 16 octobre 2014   |  Le Soleil


Bocar
© Autre presse par dr
Bocar Sy, dg de la BHS et président du réseau habitat et Francophonie


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Dans le cadre du Sommet de la Francophonie qui se tient les 28 et 29 novembre prochain au Sénégal, le Réseau Habitat et Francophonie, réseau de professionnels francophones de l’habitat social, organise, aujourd’hui, à Dakar, un atelier sur le thème : « La contribution des politiques du logement et du développement urbain à l’exercice du droit des femmes et des jeunes dans le monde ». Directeur général de la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs) et président du Réseau Habitat et Francophonie, Bocar Sy explique, dans cet entretien, entre autres, les objectifs de la rencontre, le rôle que joue la Bhs dans la nouvelle politique d’habitat initiée par le président de la République, Macky Sall.

Dans le cadre du Sommet de l’Oif, prévu les 28 et 29 novembre 2014 à Dakar, le Réseau Habitat et Francophonie, réseau de professionnels francophones de l’habitat social, organise un séminaire le 16 octobre 2014 à Dakar, avec comme thème : « La contribution des politiques du logement et du développement urbain à l’exercice du droit des femmes et des jeunes dans le monde ». Pourquoi un tel séminaire ?
Lorsque nous avons pris connaissance du thème qui sera abordé par les Chefs d'Etat lors du XVème Sommet de la Francophonie : « Les femmes et les jeunes en Francophonie: vecteurs de paix et acteurs de développement économique », nous avons mesuré, à la fois, sa pertinence, son ampleur et sa complexité au sein de notre Réseau Habitat. Un tel thème soulève, en effet, de multiples questions. Celles de l'activité économique des femmes, de l'accès à l'emploi, au crédit, au microcrédit, et sous-jacentes, les problématiques de la pauvreté tant des femmes que des enfants. Celles de la santé : depuis les questions sanitaires jusqu'à la présence de dispensaires et de structures hospitalières de qualité et en nombre suffisant, accessibles. Celles de la formation et de l'éducation : présence d'écoles, de filières de formation et d'apprentissage, de centres sportifs (ce qui rejoint les problèmes de santé).
Je me suis donc inquiété comme président du réseau et avec tout mon Conseil d'administration, du point de savoir si la question du logement allait être prise en compte. Car, dans ces approches, il est bien souvent méconnu. Et pourtant, nous savons qu'il est central par rapport à tout ce qui vient d'être dit. On peut même dire qu'il est premier, en ce sens qu'il est la condition préalable et permanente : sans toit, rien n'est possible; sans logement décent, salubre, comment protéger la santé ? Ce qui renvoie à l'accès à l'eau potable et à l'évacuation et à l'assainissement des eaux usées. Sans lieu de vie facilitant l'étude, l'accès à l'école, aux services, des rapports sociaux sereins, comment imaginer une insertion dans la société harmonieuse?
En bref, car je pourrais développer encore le bon logement, le quartier correctement aménagé, la ville durable permettant à ses habitants, aux femmes et aux enfants, et à leur famille, d'être des vecteurs de paix et des acteurs de développement. Quoique central donc, le logement, l'habitat social est trop souvent le parent pauvre des politiques, si je peux me permettre cette expression. Voilà ce qui a conduit RHF à organiser ce séminaire et à préparer une Déclaration de Dakar à l'attention des Chefs d'Etat.

Quelles sont les activités prévues ?
Tout d’abord, un séminaire sur « la contribution des politiques de logement et de développement urbain à l’exercice des droits des femmes et des jeunes dans le monde » se déroulera la matinée d’aujourd’hui. Il s’adresse aux acteurs de l’habitat du Sénégal et ceux de la sous-région. Il se déroulera en deux parties : la première se focalisera sur le logement dans la partie occidentale de l’espace francophone (Europe, Amérique), et la seconde sur le logement en Afrique. Chacune de ces parties se décompose en 3 temps. Une intervention de 30 minutes réalisée par un expert, suivie du témoignage d’un opérateur, le tout clôturé par une période de discussion. Le séminaire se termine sur la présentation de « la déclaration de Dakar de RHF ».
Une rencontre professionnelle, réservée aux opérateurs de logement social, est ensuite organisée l’après-midi. Elle s’ouvre sur un atelier portant sur « l’habitat social et la transition énergétique ». En effet, il nous paraît important, en tant que Réseau de professionnels de l’Habitat social, d’informer et de sensibiliser, plus particulièrement les opérateurs africains, sur les évolutions en cours en terme de performance énergétique des bâtiments dans les pays de la Cedeao (initiative du Cereec ou Centre régional pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique pour l’adoption d’une directive sur une réglementation thermique pour la construction neuve de certaines catégories de bâtiments avec le soutien de l’Union européenne), et sur les Fonds verts pour le climat (mécanisme financier de l’organisation des Nations unies). La présentation du programme national de l’efficacité énergétique dans le bâtiment montrera comment cette question est déclinée concrètement au Sénégal.
Ces rencontres professionnelles vont permettre aux acteurs d’échanger entre eux notamment autour de réalisations concrètes. Une visite du site de Diamniadio est donc prévue l’après-midi, avec le Délégué général aux Pôles urbains, Seydou Sy Sall et les opérateurs locaux qui viendront présenter leurs projets.

La question de l’habitat social se pose avec acuité dans nos Etats. Que fait le réseau pour faciliter l’accès à l’habitat à un coût moindre ?
Voilà bien le paradoxe : l'acuité de la question de l'habitat social, d'une part, sa faible implantation, en Afrique à tout le moins, d'autre part. Quelle est alors la plus-value de RHF pour assurer son développement ? Dissipons ce qui pourrait être un malentendu : le Réseau n'est pas un financeur du logement social. Il y a des organismes spécialisés pour cela, dont il faudrait certes renforcer les moyens d'action. Nous organiserons d'ailleurs, en automne 2015, un séminaire spécialisé sur le thème du financement de l'habitat social.
Par contre, le Réseau est un formidable réservoir d'expertises, d'échanges de bonnes pratiques, une boîte à idées, une caisse de résonance pour tous ceux qui veulent faire entendre la voix du logement social, aménageurs, bailleurs, financeurs, en sachant que nous sommes présents en Europe, au Canada (Québec) et en Afrique. Nous voulons faire davantage reconnaître la légitimité du logement social, et en particulier souligner, avec force, que les investissements en logement social ne sont pas que des coûts, mais que soient pris en compte, en termes économiques et sociaux, les formidables retombées qu'ils procurent à l'ensemble de la société.
Sans doute, la typologie des conceptions du logement social (universelle, généraliste et résiduelle) telle qu'elle est présente historiquement en Europe, ne convient-elle pas aux sociétés immobilières d'Afrique sub-saharienne qui, depuis quatre décennies, ont grand mal à réaliser du logement social en faveur de très larges couches de la population. Il est temps, pour nous, de réfléchir à un nouveau modèle. C'est ce que nous avons entrepris à RHF. Le séminaire de ce 16 octobre va dans ce sens, comme les travaux que nous avons commencés en préparation de notre contribution pour Habitat III.
Je saisis l'occasion qui m'est donnée pour signaler que quatre organismes sénégalais sont membres du Réseau : outre la Banque de l’Habitat du Sénégal, la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), la Société nationale des habitations à loyer modéré (Sn-Hlm), et la Sicap Sa, dont le directeur général, Ibrahima Sall, est également membre du Conseil d'administration de RHF, que j’ai l’honneur de présider.

Au Sénégal, un vaste chantier a été initié par le chef de l’Etat, Macky Sall, à travers plusieurs projets. Quel rôle joue la Bhs dans cette politique ?
La Bhs joue un rôle essentiel dans ce vaste programme du président Macky Sall, celui de bailleur de fonds et de support technique, à côté des autres acteurs que sont l’Etat, les aménageurs, les promoteurs publics et privés, les architectes, notaires, etc. Au stade actuel, la Bhs est fortement impliquée dans le financement du Programme d’urgence de relogement des populations inondées et compte apporter sa contribution dans le financement du programme structurel de construction de logements sociaux. Ce rôle qui est le nôtre depuis bientôt 35 ans a été replacé au centre de la thématique par la parole présidentielle concrétisée par les actes qui sont en train de suivre. Nous avons, en un mot, trouvé un nouvel sponsor, de taille, le président de la République, qui a instruit son administration de nous aider à trouver des ressources longues et concessionnelles pour financer le logement social.
Mais, il faut savoir que le logement est une chaine de production, un travail d’équipe où les réussites individuelles ne sont pas visibles et importantes si le reste marche moins bien ou ne marche pas du tout. Il est donc important d’avoir un dialogue permanent avec tous les acteurs de ce secteur, qui, au-delà de loger les Sénégalais (besoin fondamental), permet d’éduquer les enfants, de protéger les familles et de créer des emplois. C’est dire que notre rôle est de financer l’offre de logements par les promoteurs immobiliers et les coopératives d’habitat et la demande des particuliers, bénéficiaires desdits logements. Il est donc central et c’est notre principale activité. Et sur ce plan, nous pensons, toute modestie à part, être fiers de notre bilan.

Les Sénégalais ne cessent de se plaindre du coût élevé des habitats dits sociaux. Quelles sont les mesures prises par la Bhs afin de réduire ce coût ?
Ma réponse à votre question précédente sur notre rôle, permet de dire que nous ne pouvons jouer que sur le coût du financement, qui est un élément parmi d’autres des coûts constitutifs du logement. L’énumération desdits coûts ; foncier, matériaux de constructions, architectes, notaires, bureaux de contrôle et j’en passe, permet de mesurer la part relative même si elle est importante que joue la Bhs. Dans le rôle qui est le nôtre, nous avons, sur deux décennies, réduit nos taux de moitié, multiplié par deux la durée de remboursement de nos crédits, réduit voire supprimé l’obligation de l’apport personnel exigible. Qui en a fait autant parmi les autres intervenants ?Nos efforts ne sont pas visibles, car nous sommes les plus exposés et avons le rôle le plus ingrat, celui de collecteur des revenus des autres acteurs… Cependant, ces efforts seront poursuivis et amplifiés et je l’espère, soutenu par l’Etat et les autres acteurs. Car, jamais dans l’histoire de ce pays, les acteurs du logement ne se sont autant parlé depuis ces 2 dernières années, pour le bénéfice exclusif du client final : le chef de famille sénégalais à la recherche d’un toit.

Le gouvernement, à travers le ministère en charge des questions du logement, travaille à faire baisser ce coût sensiblement (environ 10 millions de FCfa). En tant que professionnel, pensez-vous que cela est dans l’ordre du possible ? La Bhs est-elle prête à jouer sa partition. Si oui, comment ?
Le prix que vous avez annoncé est une synthèse de plusieurs coûts. En jouant sur ces coûts, rémunérations des différents intervenants, il est possible de s’y rapprocher car un logement est quelque chose d’évolutif. Un élément important pour y arriver est la résolution de la question de l’offre foncière, en cours avec la politique des Pôles urbains et des infrastructures qui rapprochent les lieux d’habitation des lieux de travail et desserrent la pression foncière sur Dakar.
Pour la première fois dans l’histoire de ce pays, une assiette foncière de 1.946 hectares va être aménagée pour accueillir quelque 40.000 logements de tous types et prix. Ensuite, l’Etat a décidé de renoncer à une bonne partie des recettes tirées sur le logement social par une réforme fiscale. La Bhs a sensiblement réduit ses taux, qui ont, de toute façon, toujours été les plus bas du marché. Maintenant, il reste un élément important, c’est la professionnalisation des autres acteurs et la réduction des marges bénéficiaires dans le social, sinon tous nos efforts vont abonder la marge bénéficiaire des autres acteurs, au détriment du client final.
En résumé, oui c’est possible de réduire, si chaque acteur joue sa partition et apporte sa contribution. Nous sommes sur la bonne voie. Il faut juste rester vigilant, car ce n’est jamais facile de réformer un secteur aussi transversal et aussi porteur que le logement social.

Propos recueillis par D. MANE (texte) et Mbacké BA (photo)

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