Vous êtes un étudiant et vous avez plus de trente ans, vous ne pouvez plus bénéficier d’une bourse dans les deux premiers cycles. Le ministre de l’Enseignement supérieur a en ainsi décidé. Le décret qui garde encore d’autres secrets a été sorti hier par le Pr Mary Teuw Niane.
Oui ! En dépit de tous les démentis et précisions, les bourses des étudiants seront bel et bien supprimées par le gouvernement. En atteste le dernier décret sorti hier par le ministre de l’enseignement supérieur le Pr Mary Teuw Niane. Dans ledit décret, il est décidé qu’un étudiant de niveau master ayant plus de trente ans ne bénéficiera plus d’une bourse. Le directeur des Bourses, Lansana Konaté a déclaré à ce sujet sur la Rfm que, même en redoublant à tous les niveaux, l’étudiant doit dépasser le master. D’où la décision d’arrêter la Bourse à 30 ans.
Cependant, cet aspect est loin d’être la seule nouveauté. Car, tout étudiant qui redouble verra sa bourse entière réduite de moitié, et supprimée s’il s’agit d’une demi-bourse. En plus, cette même bourse est supprimée s’il y a échec en deuxième année de master. Et dans tous les cas, aucune possibilité de revalorisation n’est possible durant le cycle.
Poursuivant sa décision de supprimer la Bourse sans le dire, le ministre ajoute que la cagnotte sera suspendue si l’étudiant est traduit devant le conseil de discipline. En cas de sanction, une croix est mise sur la Bourse. Autant dire, en ce qui concerne la suspension, qu’il s’agit là d’une sanction contre un présumé innocent.
La liste de ceux qui risquent de voir le fric leur passer sous le nez est loin d’être finie. Car, les retardataires ayant atteint la limite des absences permises perdent leur bourse le jour même où ils auront franchi le Rubicon/absence. Ils se feront emboiter le pas par les étudiants qui s’absenteront à un examen.
Pour se justifier, le gouvernement avance cet argument : « La réforme des Bourses a pour but de construire une véritable politique qui, fondée sur la transparence, l’équité et l’excellence, aura pour finalité de permettre aux étudiants bénéficiaires de poursuivre et réussir leurs études dans les meilleures conditions possibles.
De ce fait, « la bourse perdra ainsi sa vocation actuelle, et cessera, pour une grande partie des étudiants, de faire office de moyen financier d’appui à la lutte contre la pauvreté, ou encore, de moyen retardant l’arrivée de nouveaux demandeurs d’emploi».
En réalité, cette décision de suppression des bourses ne date pas d’aujourd’hui. En effet, le 22 juin dernier, dans le Mémorandum de politique économique et financière envoyé à la directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi), Christine Lagarde, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane, avait clairement soutenu que la politique des bourses, telle qu’elle est, n’est plus soutenable. L’information a été révélée par le journal l’As.
Le 28 octobre, lors de son passage à l’Assemblée nationale pour les besoins de la déclaration de politique générale, le premier ministre Aminata Touré a affirmé : "Il n’a jamais été question de supprimer les bourses octroyées aux étudiants". Aujourd’hui, avec les nouveaux critères d’attribution et tout le dispositif d’encadrement qui les accompagne, force est de constater que la Bourse a été supprimée de fait !