Des acteurs de la pêche artisanale ont protesté, mercredi à Dakar, contre le pillage des ressources de la mer par des armateurs étrangers, invitant le gouvernement sénégalais à préserver les intérêts des nationaux dans les accords qu'il signe.
''L’Union européenne est en train d’exploiter toutes nos ressources. Tous leurs navires sont dans nos eaux. Ils (les pêcheurs européens) vont prendre nos produits pour faire fonctionner leurs usines, assurer la consommation de leurs populations’’, a dénoncé Mamadou Diop, membre de la Plateforme des acteurs de la pêche artisanale du Sénégal.
Il s'exprimait lors d'un sit-in devant les locaux de la RTS (chaîne publique). La manifestation se tient en marge du Forum social africain (FSA) qui s’est ouvert, mercredi à Dakar.
Les nouveaux accords de pêche liant l'Union européenne au Sénégal devraient "entrer en vigueur de façon provisoire" début 2015, a indiqué l'ambassadeur, chef de Délégation de l'UE Sénégal, Dominique Dellicour, concédant, "peut-être, un manque de communication" dans la gestion de ce dossier, à l'origine de "malentendus" avec "certains groupes de pêcheurs" sénégalais.
"Je ne connais pas exactement les délais de la procédure du côté sénégalais, mais l'objectif en tout cas c'est qu'en début 2015, l'accord puisse entrer en vigueur de façon provisoire", a annoncé la diplomate dans un entretien paru dans le numéro d'octobre du magazine Gouvernance.
Lors du sit-in, Mamadou Diop,= a fustigé une ''exploitation'' liée au fait que l’UE n’a plus droit au thon rouge et s’intéresse au thon tropical dont regorgent les pays tels que le Sénégal.
''Les Européens ont des systèmes de disposition de concentration de poisson pour conserver les produits halieutiques pillés dans nos eaux. Ils vont rafler tout l’océan, si nos États n’en prennent pas garde'', a-t-il averti.
Mamadou Diop espère par ailleurs que ''ce pillage prendra fin en 2015 car, la Banque mondiale a entamé une procédure d’accès qui permettra aux pêcheurs de s’aligner du droit d’accès''.
''Les bateaux de l’Union européenne qui pêchaient gratuitement vont désormais se soumettre à des règles pour accéder dans nos eaux’’, a ajouté Diop qui attend des gouvernements africain, ''un accord équitable, des négociations franches et démocratiques'' lors du Forum social mondial.
Prenant part au sit-in, l’ex-ministre sénégalais de la Pêche, Aly Haïdar a souligné ''l’urgence d’agir pour plus d’équité dans les accords de pêche''.
''Il est important que nous continuions à sensibiliser nos Etats et nos populations sur la durabilité de l’exploitation de nos ressources'', a-t-il dit.
''Il y a une marge sur le thon et nous avions obligé l’UE à payer 8 milliards de CFA de compensation financière’’, a-t-il dit, rappelant qu’entre 2006 et 2012, ''il existait des accords exceptionnels qui permettaient à des individus de s’engraisser au détriment de l’intérêt national''.
Le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Oumar Guèye avait indiqué au mois d’août dernier que le Sénégal ne signe jamais d’accords de pêche avec des pays étrangers au détriment des intérêts des acteurs locaux du secteur.
''Les intérêts des mareyeurs, de ceux qui ont investi dans la pêche, de tous les acteurs du secteur, et du Sénégal en général seront défendus", avait-il insisté.