Le milliardaire nigérian semble penser qu’il lui suffirait de mettre le prix pour obtenir une concession dans tout secteur qu’il voudrait.
La boulimie du milliardaire nigérian va-t-elle avoir des limites ? Ayant à peine surmonté tous les obstacles pour ouvrir enfin sa cimenterie à Pout, dans une zone plus connue pour sa vocation agricole qu’industrielle, voilà que le milliardaire nigérian Aliko Dangote veut se lancer dans une activité économique bien différente. Le Quotidien a appris qu’il a lancé une offre publique d’achat sur l’unique raffinerie de pétrole du pays, la Société africaine de raffinage (Sar).
Aliko Dangote a en effet eu vent des intentions de Total de se retirer d’une activité dont ils ne cachent pas leurs doutes sur sa viabilité au Sénégal, comme l’a d’ailleurs clairement indiqué le directeur Afrique et Moyen Orient de cette multinationale, le Sénégalais Momar Nguer. Le Nigérian aurait donc exprimé sa volonté de se porter acquéreur les parts dont la compagnie française voudrait se séparer. Mais cela n’est qu’une première étape, et très provisoire.
La volonté affichée de l’homme d’affaires nigérian est de se porter acquéreur de l’ensemble des actions de la Sar, de manière à contrôler la compagnie à 100%. Il semble avoir promis de recapitaliser la compagnie, de manière à lui donner les moyens d’avoir des ressources additionnelles lui permettant de faire son travail sans contraintes. Et pour le carburant, le Nigérian pourrait garantir que les tankers quitteront le port de Lagos sans difficultés pour remplir les cuves de la Sar à Mbao et Dakar. Mais les choses semblent bloquées par cette volonté exprimée du premier multimilliardaire africain.
Car si le gouvernement sénégalais, échaudé par la mauvaise volonté de son partenaire stratégique, le Saoudien Bin Ladin Group, qui fait plus que traîner les pieds pour investir dans l’outil de production, lui assurant difficilement de quoi tenir la tête hors de l’eau, a décidé de trouver un ou d’autres partenaires qui pourraient booster son unité de raffinage, il ne veut pas le faire à n’importe quel prix.
L’Etat sénégalais, qui est actionnaire à travers Petrosen, n’entend pas se dessaisir de ses parts d’actions, qu’il estime être un moyen lui permettant d’avoir un droit de regard dans la gestion de l’entreprise. Et les dirigeants sénégalais jugent que le rôle de la Sar dans l’approvisionnement du pays en hydrocarbures de toute nature est encore assez important pour que l’on le sacrifie juste pour le plaisir de gagner de l’argent sans garantie. Ils cherchent donc à convaincre Dangote à s’accommoder d’une part d’actions détenues par l’Etat du Sénégal. Sur ce point, on ne connaît pas encore la réponse du milliardaire nigérian.