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Le Quotidien N° 3507 du 10/10/2014

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Projet de budget 2015 : Macky sert les vieilles recettes
Publié le samedi 11 octobre 2014   |  Le Quotidien


Signature
© aDakar.com par DF
Signature de trois conventions de financement liant l`Agence française de développement (AFD) au gouvernement sénégalais
Dakar, le 12 Septembre 2014- Amadou Ba et la secrétaire d`Etat française en charge du Développement et de la Francophonie, Annick Girardin, procédaient à la signature de trois conventions de financement liant l`Agence française de développement (AFD) au gouvernement sénégalais. Photo: Amadou Bâ, ministre de l`économie et des finances


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Aucune idée nouvelle ni une innovation dans le projet de loi des finances tel que synthétisé hier dans le communiqué du gouvernement. On parle du Pse, mais on a repris les mêmes recettes qui ont montré leurs limites depuis une décennie.
Le budget de l’année prochaine sera consacré pour une bonne part aux investissements, qui devront comprendre plus de 65% des ressources. Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse), les dépenses ainsi prévues sont destinées à accélérer «la transformation structurelle de l’économie», assure le gouvernement.
Le Conseil des ministres d’hier, chargé de discuter du budget de l’année prochaine, a prévu que celui-ci va connaître une hausse de 5,02%, portant la somme à 2 869,032 milliards, ce qui constitue une hausse en valeur absolue de 137,01 milliards de francs.
Si l’on n’a pas encore tous les détails, hormis ceux que le communiqué a voulu lâcher, on ne peut néanmoins s’empêcher de relever l’insistance du gouvernement à vouloir «privilégier» les dépenses sociales. Le document souligne que «le projet de loi prévoit une augmentation des dotations budgétaires concernant les subventions sur l’électricité, le gaz, les denrées de première nécessité, le programme de bourses de sécurité familiale, qui atteindra cette année 100 mille nouvelles familles sénégalaises, la Couverture maladie universelle (Cmu) comme réponse à l’inégal accès aux soins de santé dans le pays».
Si l’on ne peut que louer les bonnes intentions de l’Etat, on peut néanmoins se demander comment il compte les mettre en œuvre. Depuis le temps que Macky Sall insiste pour peser sur le poids du panier de la ménagère, on aurait pu penser que, tout ingénieur géologue qu’il est, celui qui fut en une période ministre de l’Intérieur aurait pu être assez informé pour comprendre que n’importe quel opérateur ne peut influer sur le prix d’un bien qu’il ne produit pas, et dont il ne contrôle ni les circuits d’importation ni de commercialisation. Or, pour la majorité des produits consommés au Sénégal, le gouvernement ne peut jouer que sur les droits de porte et la Tva. Même Moubarak Lô, qui l’a en un moment entraîné dans cette spirale, avait fini par comprendre que les enjeux étaient ailleurs.
Mais dans ce pays, depuis une dizaine d’années environ, l’Etat a tellement pris l’habitude de faire des entreprises sa vache à lait, qu’il a oublié de se préoccuper de la manière dont ledit lait est produit. En conséquence, depuis quelque temps, les fonctionnaires des Impôts comme leurs collègues des Douanes s’inquiètent de constater la drastique diminution des recettes fiscales et douanières, pensant que les chefs d’entreprise ont trouvé des méthodes sophistiquées de fraude, ne voulant pas comprendre qu’il s’agit tout simplement que la bête qui n’est pas nourrie ne peut rien produire.
Alors, on peut se permettre d’être dubitatif quand on lit que, «pour la réalisation des dépenses budgétaires, il est prévu une stratégie de mobilisation des recettes articulée autour de l’amélioration de leur recouvrement pour avoir une plus grande marge de manœuvre budgétaire pour le financement des dépenses prioritaires». On aboutira au mieux à faire pleurer encore plus les chefs d’entreprise, et à rendre l’économie sénégalaise moins compétitive par rapport à ses concurrentes, du fait d’une fiscalité trop lourde.
Car l’option choisie dans la réalisation du Pse ne sort pas de ce qui a été fait depuis des temps immémoriaux. On estime dans ce pays que le développement et la croissance doivent rimer avec des infrastructures physiques, en particulier dans la capitale. Pour ce faire, on «oublie» exprès de cultiver le culte de la transparence et de la bonne gouvernance financière. Au finish, on se retrouve avec des produits obsolètes avant d’être entrés en fonction, et qui auront coûté parfois dix fois ce qu’ils auraient dû. Et la croissance n’aura pas été au rendez-vous. Cela, Wade l’a bien démontré.
C’est dire en d’autres mots que les 27 projets phare du Pse qui, dans le budget de l’année prochaine, vont pomper 215 milliards, demanderaient à passer à plusieurs cribles de contrôle, et non pas seulement à ceux des fonctionnaires des services de l’Etat, si l’on veut que notre argent durement gagné soit mieux utilisé.
Et pour finir, on note que Macky Sall, comme son Maître Wade, écoute d’une oreille distraite les suggestions de ses conseillers de Bretton Woods. Au moment où le Fmi lui fait une énième recommandation pour en finir avec les subventions du secteur énergétique, lui parle d’en augmenter la dotation budgétaire. Est-ce une mesure préélectorale ou une conviction forte ? Et dans tous les cas, si l’on subventionne l’énergie fossile, que devient le mix énergétique dont on nous pompe l’air depuis bientôt 3 ans ?

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