Si certains applaudissent des deux mains les 11 directives prises par le Conseil présidentiel suite aux Concertations nationales sur l'Avenir de l'Enseignement supérieur (Cnaes), il reste que leur mise en œuvre pour l'année universitaire 2013/2014 connait d'énormes difficultés. Les étudiants s'opposent énergiquement aux décisions prises par une série de manifestations, occasionnant des blessures et des interpellations et autres dégâts matériels. Mais ils semblent oublier que seul le paiement de ses droits d'inscription peut leur conférer le pouvoir de contester la mesure dans l'espace du campus. Mais tant qu'on n'est pas inscrit et payé ses droits l'on n'a aucun droit de manifester dans un campus universitaire en faveur duquel d'importantes directives sont arrêtées pour la relance de l'enseignement supérieur.
Les 11 directives prises par le Conseil présidentiel suite aux Concertations nationales sur l’Avenir de l’Enseignement supérieur (Cnaes) sont importantes car elles correspondent à l’ambition en faveur de la relance du secteur qui navigue depuis une décennie dans un flou total. Les étudiants sont laissés pour compte avec comme seule issue l’enseignement.
L’offre de formation est loin de répondre aux besoins du marché de l’emploi. En réponse aux maux dont souffre ce secteur, la Cnaes dirigée par le Professeur Souleymane Bachir Diagne et son équipe ont arrêté quelques recommandations relatives à la prise en charge des coûts de formation. Mais l’application de ces recommandations formulées et les 11 directives prises par le Conseil présidentiel pose problèmes dès cette première année de mise en œuvre.
Les étudiants des universités de Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et de Gaston Berger de Saint Louis sont depuis quelques semaines engagés dans un front de lutte contre cette hausse. Un mouvement émaillé souvent d’affrontements entre étudiants et forces de l’ordre, occasionnant blessures graves et dégâts matériels.
Les revendications de ces étudiants sont-elles légitimes ? Une question fondamentale au regard du statut de certains manifestants. Car un bachelier qui n’a pas encore payé ses droits d’inscription n’a pas encore le statut d’étudiant. Ainsi rien ne l’autorise à manifester dans le campus universitaire, soutiennent certains acteurs du système. A en croire, ces derniers, la majorité de ceux qui manifestent quotidiennement au sein du campus, hormis les étudiants en Médecine ne sont habilités à le faire.
Ignorant certainement cette question, nombreux sont des bacheliers qui se mobilisent depuis quelques semaines contre la hausse des frais d’inscription à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), occasionnant parfois l’annulation des activités importantes. C’est le cas du Forum Ucad-Entreprises (Foucade) qui devait être présidé par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane et la conférence inaugurale de la Fondation Léopold Sedar Senghor avec comme répondant le Professeur Souleymane Bachir Diagne qui a dirigé le comité de pilotage de Cnaes.
Finalement l’augmentation des frais d’inscription vole la vedette aux 10 autres mesures pour adapter le système universitaire aux exigences d’un monde globalisé et en mutations permanentes. Car, selon la Cnaes, le développement de l'enseignement passe nécessairement par le financement, l'investissement en termes de produits d’intrants, de matériels pédagogiques et supports didactiques, l’adéquation entre l’offre de formation et l’emploi et enfin la recherche sont relégués au second plan.. Le nombre pléthore des étudiants à l’université de Dakar, occasionnant des problèmes d’orientation, de logements et parfois de restauration a été une préoccupation majeure prise en compte par le Conseil présidentiel relatif à l’Enseignement supérieur.
C’est ainsi que la 7ième directive vise à renforcer la carte universitaire pour faciliter l’accès, diversifier l’offre de formation et assurer la qualité ; investir dans l’enseignement supérieur à la hauteur de la nouvelle ambition ; ouvrir le système sur l’Afrique et l’international et améliorer la gestion des budgets et des ressources propres des universités. En plus de la qualité de la formation en adéquation avec les besoins du monde de l’emploi, l’autre décision évoque la nécessité d’instaurer « une culture de paix » au sein des universités avec une actualisation des textes sur les franchises universitaires et la mise en place d’une Police universitaire dans les Etablissements d’enseignement supérieur afin d’assurer la sécurité des personnes et des biens. La sixième décision va dans le sens de responsabiliser davantage l’étudiant.
L’objectif est de faire de l’étudiant un acteur de sa formation, de favoriser sa réussite et d’améliorer ses conditions de vie.
Rappelons que les étudiants pour l’année 2013-2014 devront débourser entre 25.000 et 75.000 F Cfa pour s’acquitter des droits d’inscription dans les universités sénégalaises. Les étudiants de L1 (Licence 1) devront payer 25.000 F Cfa de droits d’inscription, 30.000 F Cfa pour ceux de Licence 2 et 35.000 F Cfa pour ceux de Licence 3. Quant aux étudiants de Mater 1 et 2, ils devront débourser respectivement 50.000 et 60.000 F Cfa. Les doctorants paieront 75.000 F Cfa. Ces tarifs seront applicables aussi bien aux étudiants sénégalais que ceux issus des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africain (Uemoa).