Le gouvernement, même s’il ne le dit pas encore officiellement, est pleinement engagé dans la restauration du chemin de fer. Lors de sa déclaration de politique générale (DPG) du 28 octobre dernier, le Premier ministre avait insisté dans ce sens. La Banque mondiale (très versée dans les questions liées aux infrastructures) et d’importants bailleurs de fonds ont été activés dans la perspective de la Réunion du Groupe consultatif de Paris prévue en début 2014. Les conseillers économiques seniors du régime sont convaincus, et ils le répètent partout, que sans la restauration du réseau ferroviaire, il est impensable de développer une politique d’aménagement du territoire ; de développement des infrastructures propres à « poser le Sénégal sur les rails de l’émergence ». « EnQuête » a appris que c’est un consortium sino-indien (animé par des grandes entreprises venues de Chine et d’Inde) qui est en pôle position pour servir de partenaire à l’Etat du Sénégal dans ce qui devrait être l’un des grands projets du quinquennat de Macky Sall. Sous le régime libéral, le président Wade avait longtemps théorisé la nécessité d’un « chemin de fer à grand écartement » et prévoyait d’en faire construire un avec ses pairs africains de Dakar à Mombassa. Ce rêve n’a jamais pu se réaliser. ...Les experts qui planchent sur le sujet ont une alternative dans le montage technique et financier du projet : soit, l’ensemble du réseau à rénover est confié à ce fameux consortium venu d’Asie ; ou alors, le territoire sénégalais serait divisé en sortes de concessions, comme on le ferait pour des gisements miniers ou pétroliers, et attribuées à plusieurs « majors » des chemins de fer.
Dans tous les cas, l’Etat rappelle à tous les grands groupes qui commencent à pointer le bout de leurs capitaux et capacités techniques, que l’octroi d’une quelconque concession ou contrat sera assujetti au respect d’un principe « non négociable », selon nos sources : il faudra absolument penser la reconstruction du chemin de fer sénégalais en la couplant à l’exploitation des ressources minières.
Les principaux axes devraient concerner l’Est du Sénégal et les mines de fer de la Falémé ; les ressources découvertes sur la grande Côte (le zircon de Diogo et les productions des Ics à Mboro et environs). L’un des plus importants marchés de ce « rail du futur » devant naturellement être celui qui devrait acheminer les futures productions des phosphates de Matam, depuis le Nord du pays.
Actuellement, le réseau ferroviaire au Sénégal est famélique avec le Petit train bleu, un aléatoire train de marchandises vers Bamako (d’où la montée en puissance des camions gros porteurs) et les wagons spéciaux comme lors des grandes manifestations religieuses. Le projet devrait être piloté par l’Apix sous la supervision du ministère de Diène Farba Sarr, celui chargé de la Promotion des Investissements et des Partenariats. C’est sûr, il sera à coup de milliards…