Des organisations de défense droits de l’homme ont condamné, mardi, la mort du détenu Mamadou Doudou Diallo, tué samedi à Sinthiou Roudié, non loin de Kédougou.
Dans un communiqué transmis à l’APS, le Comité sénégalais des droits de l'homme (CSDH) ‘’constate et regrette l’utilisation inappropriée d’armes à feu dans le cas d’espèce’’.
Mamadou Doudou Diallo originaire du village de Sinthiou Roudié, était présenté comme un détenu de confiance à quelques mois de la fin de sa peine.
Il jouissait d’un régime lui permettant une relative liberté de mouvement. En tant que chauffeur de taxi, il pouvait utiliser son véhicule pour faire des courses.
Il avait violé le contrat de confiance qui le liait à l’institution pénitentiaire en s’évadant. Il a été retrouvé, samedi, dans son village en train d’arbitrer un match de football. En tentant de fuir, il a été abattu.
Le CSDH ‘’se réjouit de la prompte réaction du ministre de la Justice demandant l’ouverture d’une enquête impartiale (…)'' et invite le gouvernement à ‘’renforcer la formation des agents d’application de la loi’’.
Il demande au gouvernement de doter ces agents de ‘’moyens adéquats de contrôle et de surveillance de ce type de détenu par l’introduction du bracelet électronique’’.
De son côté, la section sénégalaise de la Société internationale pour les droits de l’homme (SIDH/Sénégal) ‘’condamne énergiquement’’ cette bavure commise par un garde pénitentiaire.
L’ONG rappelle au gouvernement ‘’ses obligations internationales en matière de respect de la vie et de la dignité humaine’’ et l’invite à ‘’parachever la loi sur la réparation et l’indemnisation pour les victimes de torture et de bavures des agents d’application de la loi’’.
Cette indemnisation doit être étendue aux ‘’personnes qui auront passé plusieurs années en détention provisoire et qui auront été postérieurement absoutes ou condamnées à des peines plus courtes que le temps de leur détention provisoire’’.
La SIDH appelle l’Etat à ‘’renforcer les moyens d’intervention de l’Observateur national des lieux de privation de la liberté (ONPL) et du juge d’application des peines (…)’’.
Dans cette vague de réactions, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) et Amnesty International Sénégal ‘’condamnent’’ ce meurtre perpétré par un agent de l’administration pénitentiaire ‘’qui a fait un usage d’arme à feu en violation flagrante des normes internationales qui régissent cet usage’’.
‘’Mamadou Doudou Diallo ne présentait aucun danger ni pour les agents, ni pour autrui comme l’attestent les nombreux témoignages recueillis sur place’’, relèvent les trois ONG, dans un communiqué conjoint.
Elles estiment par conséquent qu’il ‘’ne saurait être invoqué l’état de nécessité absolue d’usage d’arme à feu encore moins la légitime défense’’.
La RADDHO, la LSDH et AI ‘’exigent qu’une autopsie soit pratiquée sur le corps avant l’inhumation’’ et exhortent le Procureur de la République de Tambacounda à ‘’ouvrir une enquête pour faire la lumière sur ce meurtre qui vient s’ajouter à la longue liste de sénégalais tués par les forces de sécurité’’.