Plaidant pour la cause d’un renvoi du procès de Karim Wade, Me El Hadji Amadou Sall a fustigé l’attitude de la Crei à son égard. Le problème résulte du fait que Henri Grégoire Diop consultait son ordinateur au moment de sa plaidoirie.
Se sentant méprisé, Me Sall attend patiemment le juge. «Vous pouvez dire vos observations, Maître», lui signifie le président de la Crei sur un ton doux, le regard fixé sur l’ordinateur. «Non, je vous attends Monsieur le président», rétorque d’une voix basse l’avocat. Au fil de l’attente, la tension monte et Henri Grégoire Diop s’énerve. «Qu’un autre avocat de la défense passe. Moi, je ne suis pas tenu de vous regarder ; je vous entends», martèle-t-il. «Non, c’est moi qui ai la parole, je veux que vous me regardiez», exige Me Sall.
«Vous n’avez aucun respect pour la Cour. Vous êtes qui ?»
Agacé par cette défiance, l’un des assesseurs, Maguette Diop, dégaine : «Vous n’avez aucun respect pour la Cour. Vous êtes qui ? On n’est pas tenus de vous regarder. Nous vous entendons. Un point un trait !» Henri Grégoire Diop tente de calmer les esprits. Mais c’était sans compter avec l’opiniâtreté du responsable du Pds. Il réplique : «Vous n’avez pas le droit de me parler sur ce ton. C’est vous qui ne respectez personne Maguette Diop.»
«J’ai fait 33 ans dans ce métier»
Dans cette tension ambiante, Henri Grégoire Diop en rajoute une couche : «C’est la première fois que je vois un avocat exiger qu’on le regarde.» Sèchement, Me Sall rétorque : «J’ai fait 33 ans dans ce métier.» Avec son sourire moqueur, le juge ironise : «Félicitations !». Cette atmosphère est dissipée par les autres avocats de la défense qui ont joué la carte de l’apaisement.