Le président de l’Association nationale des familles des victimes du naufrage du bateau "Le Joola" (ANFVN), Moussa Cissokho, a déploré vendredi à Ziguinchor (Sud), le retour de certaines vieilles habitudes, comme l’indiscipline et le désordre, 12 ans après ce drame.
‘’Au cours de ces années, malgré tout ce qui a été mis en œuvre pour dénoncer certains comportements déplorables, certains Sénégalais sont retournés à leurs vieilles habitudes telles que l’indiscipline et le désordre persistant’’, a-t-il dénoncé au cours de la cérémonie officielle de commémoration du 12-ème anniversaire du naufrage du bateau "Le Joola".
Cette cérémonie a eu lieu en présence d'une délégation gouvernementale, conduite par le ministre des Forces armées, Augustin Tine.
Le bateau "Le Joola", qui assurait la liaison maritime Dakar-Ziguinchor, a sombré au large des côtes gambiennes, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, faisant 1863 victimes, selon un bilan officiel. Une soixantaine de personnes a survécu à cette catastrophe maritime.
Douze après le drame, ''l’insouciance gratuite dont font preuve les responsables d’embarcations routières, aériennes ou fluviales est un vécu quotidien au Sénégal’’, constate le président de l’Association des parents des victimes.
D’après Cissokho, ‘’chaque jour que Dieu fait, des accidents de tout genre sont notés dans le monde. Et le Sénégal n’est pas e reste dans cette compétition macabre’’.
‘’Les responsables et utilisateurs des engins que nous sommes, continuent à risquer leurs vies et celles des autres avec une désinvolture déconcertante. Seulement, lorsque la somme de tous ces dérapages conduit à des évènements tragiques, on évoque le démon ou le diable et on l’accuse en lui imputant la responsabilité’’, a-t-il fait remarquer.
‘’Or, on oublie souvent que les vrais démons ce sont ceux qui grouillent dans nos cœurs et esprits. Et c’est là où doit se livrer le vrai combat’’, a-t-il estimé en paraphrasant Mahamat Ghandi.
Il a garanti que le Sénégal continuera toujours à se souvenir du naufrage du bateau Le Joola, qu’il a qualifié de ‘’pagne noire de notre histoire triste, écrite par nos propres mains’’.
‘’A ces personnes sans cœur que nous qualifions de démons de l’insouciance et de l’ignorance, nous leur disons que le Sénégal ne saurait sous aucun prétexte se laisser aller à une certaine insouciance. Et jamais Le Joola ne sera oublié’’, a-t-il averti.
Le président de l’Association des parents des victimes du naufrage du Joola a exhorté à nouveau les Sénégalais, à tirer des leçons de cette catastrophe maritime pour un changement de comportements.
‘’Cette introspection, ce regard attentif sur soi, nous aiderait à mieux prendre conscience de ce que chacun de nous peut faire pour qu’un tel drame ne se reproduise’’, a-t-il lancé.
Il a réaffirmé la volonté des parents des victimes d’ériger d’un musée-mémorial à Dakar et à Ziguinchor, où ils pourront se recueillir et se souvenir de leurs morts.
Dans le mémorandum remis aux autorités, l’Association des familles des victimes du naufrage du Joola a présenté les doléances récurrentes, telles que le renflouement de l’épave du bateau, le respect scrupuleux du caractère rétroactif de la loi portant prise en charge des pupilles de la Nation.
Les autres doléances sont relatives à l’accompagnement psychosocial des parents des victimes, l’entretien des cimetières, la réhabilitation de leur siège national situé à Ziguinchor.
‘’Les familles souhaitent que toute la lumière soit faite sur le drame à travers une commission +Vérité et justice sur le Joola’’, lit-on dans le mémorandum.