Le ministre des Forces armées, Augustin Tine a appelé, vendredi, à Ziguinchor (sud) une matérialisation de la paix en Casamance, en dépit des efforts qui doivent être faits, selon lui, pour la sécurisation des personnes et des biens dans cette région en proie aux conséquences d'un conflit armé.
M. Tine a lancé "un appel solennel" aux acteurs concernés par ce conflit de plus de 30 ans, les invitant à comprendre que le temps était venu "de matérialiser cette paix dont nous parlons depuis des lustres" mais qui peine encore à se concrétiser.
Le ministre des Forces armées était venu présider la cérémonie officielle de commémoration du naufrage du bateau "Le Joola" au port de Ziguinchor.
La délégation gouvernementale qu’il a dirigée comprenait les ministres Viviane Bampassy (Fonction publique), Oumar Guèye (Pêche et Affaires maritimes).
Étaient également présents, le secrétaire d’Etat chargé des organisations paysannes, Moustapha Lô Diatta, et le ministre-conseiller à la présidence de la République, Benoit Sambou.
Des autorités administratives, locales, sécuritaires, religieuses et coutumières de la région et des parents de victimes ont également pris part à la cérémonie marquée par des prières et un recueillement au cimetière de Kantène où reposent 42 naufragés du bateau "Le Joola".
Ce ferry qui assurait la liaison maritime Dakar-Ziguinchor a sombré au large des côtes gambiennes dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, faisant 1863 victimes, selon un bilan officiel. Une soixantaine de personnes a survécu à cette catastrophe maritime
"L’heure de la paix a sonné", a lancé le ministre aux populations de la Casamance, estimant que ce conflit qui a duré plus de trente ans "a beaucoup coûté au Sénégal".
"S’il est vrai que nous avons, par le biais de la concertation, du dialogue (...), réussi à faire baisser la violence dans cette zone (…), des efforts importants restent à faire surtout dans le domaine de la sécurisation des personnes et de leurs biens", a déclaré Augustin Tine, selon qui "le combat pour la paix doit être porté par chacun d’entre nous".
"C’est seulement ainsi que nous pourrions vaincre les démons de la division, de l’incivisme, du banditisme et de la guerre afin d’asseoir les fondements d’une stabilité sociale garante d’un développement durable pour cette verte Casamance", a soutenu le ministre des Forces armées.
Aussi a-t-il loué "les efforts considérables" déployés par des "acteurs inlassables’’ de la paix dans la partie méridionale du Sénégal. Il a cité des autorités locales, ONG et des structures telles que l’Association des cadres casamançais.
Le ministre des Forces armées leur a exprimé "la reconnaissance du gouvernement sénégalais", réitérant "l’engagement ferme" des pouvoirs publics "à continuer dans la voie du dialogue mais dans le respect de l’Etat de droit".
"Les autorités sénégalaises, conscientes de leurs responsabilités, continueront à renforcer leurs actions de prévention des risques pour assurer une meilleure sécurité et une meilleure sûreté des Sénégalais où qu’ils puissent se trouver", a assuré Augustin Tine.
La Casamance est confrontée depuis 1982 à un conflit opposant l’armée au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui revendique l’indépendance de cette région.
Outre les nombreuses victimes civiles et militaires dans les rangs des deux parties, ce conflit a beaucoup entravé les activités socio-économiques de cette région aux nombreuses potentialités économiques, considérée comme le dernier poumon vert du pays.
En 2005, la rébellion et l’Etat du Sénégal avaient signé un accord de paix ayant abouti à un cessez-le-feu, avant que les accrochages et les braquages ne reprennent quelques temps après.
Récemment, l’un des plus importants chefs du maquis, Salif Sadio, a décrété un cessez-le-feu unilatéral, afin de donner une chance au processus de paix engagé par le président Macky Sall.
Ce dernier n’a cessé de réitérer sa volonté de travailler à mettre un terme au conflit, depuis son arrivée à la magistrature suprême en mars 2012.