A une dizaine de jours de la Tabaski, une ambiance calme, semblable à celle des jours ordinaires règne au marché Sandaga, où marchands de tissus, de chaussures et d’accessoires féminins attendent encore la ruée des clients.
Ce marché situé en plein centre ville de Dakar ne vit en effet pas encore au rythme des préparatifs de la principale fête musulmane, qui sera célébrée au début du mois d’octobre par tous les musulmans du pays.
Dans les boutiques de prêt-à-porter ou chez les grossistes et les tabliers, ou encore les vendeurs à la sauvette, le constat est le même. Qu'ils soient hommes ou femmes, les clients sont encore peu nombreux à se presser dans les différents compartiments du marché.
‘’Nous nous attendions vraiment à faire de bons chiffres d’affaires pour la fête de Tabaski. Mais nous notons avec surprise peu d’affluence dans le marché. Certaines femmes viennent plutôt pour se payer des hauts ou des pantalons’’, confie Modou Diagne, un vendeur de tissus.
A quelques pas de sa boutique, Thierno Sakho, un vendeur d'articles pour femmes, se désole de la morosité qui frappe ‘’son business.’’
‘’Je n’ai pas encore atteint le chiffre d’affaires de la Korité, alors que la fête est presque déjà arrivée. Pourtant, il y en a pour tous les goûts et à tous les prix’’, déplore-t-il. Selon lui, les rares clientes qui viennent se plaignent de la cherté des tissus.
Pourtant, certains tissus ont vu leur prix connaître une baisse. Il s’agit du ''contre getzner'' (tissu bazin très éclatant), dont le mètre qui se vendait à 2.500 francs Cfa lors de la fête de la Korité, côute désormais 2.000 francs CFA.
Le ''contre gagnila'' et le brodé dénommé ''mille trous'' sont cédés à 2.500 CFA le mètre.
‘’ Ils (tissus) sont à la portée de toutes les bourses, le mètre se négocie entre 1.000 francs Cfa et 1.500 francs Cfa. Malgré les rabais faits sur les tissus, nous guettons toujours les clients à longueur de journée’’, confie une vendeuse d’âge mûr sous le couvert de l’anonymat.
Mais du côté des clients, les avis sont partagés. Si certains jugent les prix des tissus proposés à la portée de leur bourse, d'autres clients, et ils forment presque la majorité, trouvent en revanche qu'ils sont chers. Et pour eux, il n'y a que les tissus de moindre valeur qui ne le sont pas.
‘’Le mètre de getzner à 10 000 FCFA ? C’est vraiment cher. Je m’attendais à acheter le mètre à 8 000 FCFA. Avec cette Tabaski qui approche, cette hausse vertigineuse des prix va chambouler tout mon budget. Allons voir ailleurs’’, ordonne une dame à sa fille.
Interpellée, elle explique qu'elle a décidé de revenir sur ses pas pour acheter un tissu moins cher, que venait de lui proposer un vendeur dans une boutique située non loin de là.
‘’Les motifs me plaisent bien, mais faites moi un rabais de 2 000 Fcfa, au moins’’, lance Aminata Ndiaye au vendeur. De façon astucieuse, le commerçant glisse un sourire pour signifier poliment qu’il ne pourrait céder son ''getzner blanc'' en-deçà de 10 000 francs CFA.
‘’Certes, il y a une grande affluence, mais la majeure partie des personnes présentes sur ces lieux n’est venue que pour le plaisir des yeux. Ils veulent bien acheter, mais les poches sont +trouées+’’, explique Ndèye Binta Sow, une jeune vendeuse de tissus.