Si les mesures de lutte ne sont pas renforcées, 20.000 personnes risquent d'être contaminées d'ici à novembre, avertit l'Organisation mondiale de la santé. Une épidémie prise très au sérieux par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui évoquait lundi une "menace pour la paix mondiale".
L'épidémie Ebola est entrée dans une phase de croissance "explosive" avec 20.000 personnes risquant d'être infectées d'ici novembre si les mesures de lutte contre le virus ne sont pas renforcées, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Sans une amélioration drastique des mesures", il y aura ces prochains mois, non pas des "centaines" de cas et de morts chaque semaine, mais des "milliers", estiment des experts de l'OMS, dans une étude publiée par la revue New England Journal of Medecine (lien en anglais).
Sept personnes infectées sur dix en meurent
"En supposant qu'il n'y ait aucun changement au niveau des mesures de contrôle de l'épidémie", il y aura début novembre 9.939 cas au Liberia, 5.925 en Guinée et 5.063 en Sierra Leone, indiquent-ils, soulignant que sept personnes sur dix infectées meurent de la maladie. Près de 6.000 personnes, soit trois fois moins, sont infectées actuellement.
"Nous sommes dans une troisième phase de croissance de l'épidémie" qui est "explosive", selon un des co-auteurs de l'étude publiée mardi et directeur de la stratégie à l'OMS, le Dr Christopher Dye. "Si nous n'arrêtons pas l'épidémie très vite, ce ne sera plus un désastre mais une catastrophe", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Genève.
Plus de 1.4 million de cas dans 4 mois?
Dans le pire des scénarios, si l'épidémie suit sa trajectoire actuelle sans méthodes efficaces pour l'endiguer, 21.000 personnes pourraient être contaminées au Libéria et en Sierra Leone d'ici le 30 septembre, et 1.4 million de personnes seraient infectées d'ici le 20 janvier 2015, selon un rapport des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis, rapporte le New York Times.
Ces projections, qui se basent sur le nombre de personnes ayant contracté la maladie au Libéria et en Sierra Leone, prennent en compte le fait que de nombreux cas n'ont pas encore été détectés et qu'il pourrait y avoir en réalité 2.5 fois le nombre de malades comptabilisés à ce jour.
Dans le meilleur des scénarios, si les morts sont enterrés en toute sécurité et 70% des malades sont traités dans des structures permettant de réduire le risque de transmission, l'épidémie serait "presque terminée" dans les deux pays d'ici le 20 janvier, prévoit le rapport des CDC.
Ebola, une "menace pour la paix"
L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest a fait au moins 2.811 morts sur 5.864 cas depuis le début de l'année, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 18 septembre.
La très grande mobilité des populations est un des facteurs de contamination les plus importants, à côté de la lenteur de la réaction à l'épidémie, ainsi que du mauvais état des services de santé des trois principaux pays affectés, le Nigeria, le Libéria et la Sierra Leone.
L'épidémie d'Ebola continue de préoccuper l'ONU à New York, où le Conseil de sécurité l'a qualifiée de "menace pour la paix et la sécurité internationales", une première pour une urgence sanitaire. Une réunion sur la lutte contre l'épidémie est prévue ce jeudi à l'Assemblée générale des Nations unies.