La rentrée universitaire au titre de l’année académique 2013-2014 à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, qui était officiellement prévue l e 17 octobre dernier n’est toujours pas effective. Et à la date du 05novembre 2013, même les orientations des nouveaux bacheliers ne sont toujours pas connues. Attendues ce mercredi 06 novembre, ces orientations ne vont d’ailleurs pas mettre un terme au calvaire de ces milliers de jeunes qui ambitionnent de faire leur entrée dans les différentes universités publiques du Sénégal.
Comme leurs ainés ils auront à faire face à l’obstacle des nouveaux tarifs des droits d’inscription décidés par le chef de l’Etat et qui sont jugés insupportables par de nombreux chefs de ménages. A l’UCAD d’anciens étudiants et de nouveaux bacheliers commencent à manifester en séquestrant certains des responsables. Une situation grosse de risques de nouvelles tensions qu’il faut à tout prix amoindrir pour au moins crédibiliser l’application des résultats des concertations nationales sur l’enseignement supérieur.
Après les décisions issues des concertations nationales au mois de mai dernier et le Conseil présidentiel du mois d’août 2013, pour les autorités gouvernementales et universitaires Sénégalaises, tout était fini. Et que les choses devaient désormais marcher sur des roulettes au plan académique et social. Mais les actions entreprises ces derniers jours au niveau de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) viennent de prouver le contraire. Réclamant l’ouverture du campus social, la publication des listes d’orientations et l’allégement des conditions d’inscription, d’anciens étudiants et de nouveaux bacheliers n’ont pas trouvé mieux que de séquestrer vendredi dernier le directeur du COUD et le Recteur lui-même le lundi d’après.
Et certains partenaires du système comme les parents d’élèves et d’étudiants leur donnent raison en se fondant sur l’argument selon lequel « il se pose de réels problèmes de communications et l’absence de mesures d’accompagnement aux décisions issues des concertations nationales sur l’enseignement supérieur ». Hier mardi au cours d’un déjeuner sur invitation du médiateur de l’UCAD, les représentants de la Fédération de parents d’élèves et d’étudiants, certains représentants de facultés et de la presse spécialisée, ont exprimé leurs inquiétudes face à l’horizon qu’ils voient très obscur à l’UCAD alors que l’année académique n’a même pas démarré. Et les principales difficultés indexées par tous c’est l’absence de communication entre l’institution et les étudiants et le manque d’interlocuteurs fiables dans ce contexte marqué par de nombreuses interrogations chez les nouveaux bacheliers qui cherchent quotidiennement à savoir dans quelle université ou filière ils ont été orientés. Des difficultés qui sont aggravées par des problèmes de moyens qu’éprouvent les parents pour faire face aux nouveaux frais d’inscription. Ce qui en fait, devait motiver certains acteurs à imaginer de nouvelles pistes devant favoriser l’allégement de ces lourdes charges pour les étudiants et les ménages dont ils sont issus.
PERMETTRE A L’ETUDIANT DE CONTRIBUER A SES FRAIS D’INSCRIPTION
Certes pour ce qui concerne les frais d’inscription, la décision du chef de l’Etat d’augmenter les taux, est irrévocable mais cela ne doit aucunement empêcher les acteurs du système d’investir de nouvelles pistes pour les rendre plus supportables. Au regard du parterre d’hommes d’expériences qui s’étaient réunis hier autour du médiateur, il y a plusieurs alternatives possibles dont la première peut consister, compte tenu du fait que tous les étudiants sont soit bénéficiaires de bourses ou d’aide annuelle, d’étendre le paiement des frais sur douze mois. La bourse étant annuelle. La seconde alternative peut elle consister, à mettre toutes les dispositions en place pour le paiement à temps du trousseau afin que les étudiant puissent s’acquitter avec cet argent perçu de leurs frais d’inscriptions. Les participants à la rencontre ont trouvé cette proposition très intéressante parce qu’elle comporte moins de risques que la première. Car, selon eux, même si la première proposition à quelques avantages, connaissant la mentalité des étudiants et leurs difficultés financières, il est difficile de la réaliser. En tout état de cause, les participants ont estimé qu’il y a une urgence à dissiper les inquiétudes de ces milliers de bacheliers et d’étudiants qui ne prennent plus au sérieux toutes les promesses de rupture dans la gestion des universités et de leurs acteurs.
DECOUPAGE DE L’ANNEE ET FONDS NATIONAL POUR L’EDUCATION
L’actuel découpage de l’année académique répond-il aux préoccupations de tous les acteurs et partenaires du système ? La réponse est non pour les participants à cette rencontre. Et selon eu x, ce découpage de l’année académique ne répondra jamais aux préoccupations des uns et des autres tant qu’il ne sera précédé de consultations voire des concertations. Ils ont estimé qu’il s’agit là d’un préalable exigé par les nouvelles normes de gouvernance universitaire et sociale. Ils en veulent pour preuve l’ouverture de l’UCAD qui était prévue depuis le 17 octobre dernier mais qui tarde à être effective à cause du retard accusé dans les orientations des nouveaux bacheliers et les difficultés des étudiants à trouver des moyens pour s’inscrire. D’où certains partenaires demandent la réactualisation de l’idée de création d’un fonds national pour l’éducation dont l’objectif, entre autres, est de soulager les parents et les étudiants qui auront des difficultés à prendre en charge les frais d’inscription.
LES SIX SOURCES DE TENSIONS POUR L’ANNEE ACADEMIQUE 2014
A l’analyse du paysage universitaire, le médiateur comme ses invités ont fini par identifier six sources principales de tension pour l’année académique qui s’annonce. Il s’agit du décret relatif à l’orientation et à l’inscription des nouveaux bacheliers que certains commencent déjà à fustiger ; le décret portant création de l’Université virtuelle dont peu de Sénégalais comprennent encore son importance, son mode de fonctionnement et ses exigences matérielles ; l’arrêté fixant les taux des droits d’inscription au niveau des établissements d’enseignement supérieur ; le découpage de l’année académique 2013-2014 (Calendrier Ucad) ; les cas des sortants des écoles de formation de l’enseignement supérieur ; le respect des engagements signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants-chercheurs et des personnels administratifs et techniques et de service.
Si en fait ces risques existent, di-on, c’est parce que le dialogue entre le ministère de l’enseignement supérieur, les enseignants et les étudiants a encore du mal à être huilé. A cause soit des problèmes de représentativité et de légitimité pour les uns, soit la confusion entre dynamique politique et académique, pour les autres.