La Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (Copagen) croit dur comme fer que l’Avant-projet de règlement portant sur la prévention des risques biotechnologiques en Afrique de l’Ouest, apparait plus comme un instrument pour faciliter l’introduction des Organismes Génétiquement Modifiés (Ogm) dans la sous-région, dans la mesure où il affaiblit les lois nationales. En conférence de presse hier, vendredi 12 septembre à Dakar, elle a invité les ministres de l’Uemoa/Cedeao à rejeter le Règlement au profit des Directives, qui tiennent compte des réalités des populations ouest africaines avant de légiférer sur les Ogm.
En prélude à la réunion des ministres sectoriels de l’Uemoa/Cedeao, qui se tient le 18 septembre 2014 à Ouagadougou, la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (Copagen), est montée au créneau pour inviter les autorités à rejeter le Règlement au profit des Directives, comme instrument de législation sur les Organismes Génétiquement Modifiés (Ogm) dans la sous-région. Face à la presse hier, vendredi 12 septembre, elle a estimé que le Règlement apparait plus comme un instrument pour faciliter l’introduction des Ogm dans la sous-région, puisqu’il affaiblit les structures de régulation et de contrôle nationales.
En effet, dans sa mission protectrice du patrimoine génétique africain, la Copagen estime que les Ogm font planer des risques dangereux sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’environnement, l’alimentation et la santé publique de la sous-région. Selon ladite coalition, leur entrée en Afrique de l’Ouest va engendrer une dépendance économique, une érosion génétique, une pollution des centres d’origine, tout comme le développement de tumeurs.
Selon Marième Sow, Coordinatrice d’Enda Pronat, point focal de la Copagen, «la dépendance économique veut dire que le paysan, qui avait l’habitude de maitriser ses semences, sera toujours obligé d’aller acheter des semences». Ce qui ne va pas permettre, selon elle, d’aider la population africaine à se protéger dans la durabilité.
Par ailleurs, elle a estimé que la loi sur la biosécurité, élaborée par le Sénégal, «est à préserver». Lui emboitant le pas, Biram Diouf du Congad a indiqué que le Sénégal dispose d’une loi qui prévoit des sanctions contre l’introduction des Ogm, même si certains arrêtés sont à prendre pour compléter certains articles. Il a cependant précisé que le Protocole de Cartagena tout comme les Conventions internationales sont au dessus de la loi nationale.
Par conséquent, il a estimé qu’il faut que le Sénégal intègre dans sa loi sur la biosécurité le Principe de Précaution de la Déclaration de l’Onu dans l’Agenda 21, pour mettre en place des garde-fous, afin de préserver les populations. Mieux, il a jugé nécessaire d’y introduire le Principe de la Participation du Publique à l’information et à la sensibilisation, pour une meilleure compréhension des enjeux par les populations.
Dans la même logique, la Copagen a recommandé à l’Uemoa, à la Cedeao et à chaque Etat membre d’intégrer certains points dans leurs législations respectives sur la prévention des risques biotechnologiques. Il s’agit entre autres de la reconnaissance du Droit des communautés locales à déclarer leurs territoires «zones sans OGM», et de la traçabilité et l’étiquetage des Ogm et produits dérivés. En plus, elle a suggéré l’imprescriptibilité des délais de poursuite des auteurs des dommages liés aux Ogm.
ORGANISMES GENETIQUEMENT MODIFIES : «NOUS DISONS NON AUX OGM, C’EST PLUS GRAVE QUE EBOLA»
Les Organismes Génétiquement Modifiés représentent des dangers réels pour l’Afrique, plus que le virus Ebola, qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest. C’est la conviction d’Ibrahima Seck, Coordinateur de la Fédération nationales pour l’agriculture biologique, non moins membre de la Copagen, en marge de la conférence initiée par ladite coalition hier, vendredi 12 septembre
En marge de la conférence de presse initiée par la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (Copagen), hier, vendredi 12 septembre, le Coordinateur de la Fédération nationales pour l’agriculture biologique (Fenab), Ibrahima Seck, n’a pas été tendre avec les Organismes Génétiquement Modifiées (Ogm). Selon le producteur biologique, «les organismes génétiquement modifiés sont des dangers réels pour l’Afrique, pour le Sénégal et nous devons prendre les précautions nécessaires, car ces Ogm peuvent nous mener très loin». A l’en croire, les Ogm peuvent «nous mener vers une perte de nos semences paysannes, une recolonisation par le biais des semences».
Pire, selon lui, les multinationales, qui développent ces Ogm, demandent des droits de propriété intellectuels. Ce qui veut dire, pour lui, «qu’on peut, par la Biopiraterie, prendre nos semences du Sénégal les amener en Europe, et par la biotechnologie, nous faire revenir ces semences qui seront des semences terminatores». Par ailleurs, il a salué la loi du Sénégal sur la biosécurité, qui prévoit des emprisonnements de 2 à 3 ans, tout comme des amendes allant jusqu’à 500 millions de Fcfa, contre toute personnes qui introduit ces Ogm dans le pays. Cependant, il a estimé que «c’est le Règlement de l’Uemoa qui pose problème et on dirait que les juristes qui font cette loi veulent permettre l’introduction des Ogm au niveau de notre environnement».
Par conséquent, très en verve contre la probable circulation de ces produits en Afrique de l’Ouest, il a déclaré que les agriculteurs disent «non aux Ogm, c’est plus grave que la maladie Ebola». Selon lui, les conséquences pour la santé sont incalculables, par rapport à la santé de l’homme, de l’environnement, tout comme à la santé animale. Informant qu’il y a la possibilité d’introduire les germes d’un poisson dans de la tomate, il a estimé «qu’on peut donc prendre des germes de l’homme pour les introduire dans la tomate». Assez pour lui de poser la question à savoir «est ce que nous voulons être des mangeurs d’hommes ?»
Pour ce faire, il a suggéré à l’ensemble des pays de l’Uemoa d’introduire des articles qui vont sauvegarder le patrimoine génétique de l’Afrique, pour le développement d’une agriculture propre, c’est-à-dire une agriculture écologique et biologique. Toujours est-t-il qu’il prône la lutte contre l’accaparement des terres afin d’arriver à la sécurité alimentaire par le biais d’une agriculture propre et non pas par cette agriculture agroindustrielle.