Le Premier ministre Mahammed Dionne est dans les temps. Nommé Premier ministre le 6 juillet 2014, il sera en effet à trois mois de vécu à la tête du gouvernement quand il présentera sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Le ‘’grand oral’’ est prévu dans le courant du mois d’octobre, a-t-on appris hier à Dakar, de sources proches de la Primature. Trois mois, c’est sensiblement le même temps qu’avaient pris la plupart de ses prédécesseurs pour rédiger ce texte, fondateur pour tout chef de gouvernement, en ce sens qu’il constitue sa balise, sa ‘’profession de foi’’.
Devant les députés, le Premier ministre va donc présenter les grands axes de la politique qu’il compte exécuter et obtenir un éventuel vote de confiance s’il le désire, ainsi que l’indique l’article 55 de la Constitution : (…) ‘’cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier ministre, donner lieu à un vote de confiance. En cas de vote de confiance, celle-ci est accordée à la majorité absolue des membres de l’Assemblée nationale.’’ Il est peu probable qu’on en arrive là, mais, il est vital pour un chef de gouvernement de sentir le soutien d’une majorité parlementaire ; de ‘’sa’’ majorité.
S’il n’a pas de soucis à se faire à propos de l’accueil que la majorité va lui réserver, le natif de Gossas devra affronter cependant une opposition certes affaiblie, mais qui profite du réchauffement du front social et des fortes attentes des populations. La Constitution étant muette sur les délais impartis - se limitant à dire que la déclaration doit être faite -, Mahammed Dionne a pris son temps et, nous dit-on, travaille d’arrache-pied sur ses sujets.
L’ancien ministre chargé de la Promotion du Plan Sénégal Emergent (PSE) ne saurait se présenter à la Place Soweto pour ne livrer qu’une ‘’explication de texte’’ relative à ce programme multisectoriel, résumé des ambitions de la séquence ‘’Macky I’’. Justement, de la réussite de l’actuel Premier ministre, dépendra dans une large mesure un éventuel ‘’Macky II’’, un deuxième mandat à partir de 2017. Naturellement, la pertinence du PSE sera mise en exergue dans le discours du PM. Mais, il devra faire preuve d’ingéniosité pour aller plus loin…
D’ici là, les écueils et dossiers chauds ne manquent pas. La DPG aura lieu au début de l’année scolaire, dans un contexte marqué par des tensions entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants de l’élémentaire au sujet de la date d’ouverture des classes.
Et que dire de la campagne agricole 2014 à oublier très vite, surtout à cause des retards des pluies dans la plupart des régions du Sénégal, et que le fameux retour à la terre prôné un peu partout est encore au stade de vœu ? Et que dire de l’état de notre système de santé, ‘’audité’’ avec succès par la survenue de la crise Ebola, surtout en termes de réponses aux situations de crise sanitaire ? Et les politiques urbaines ? Et les nouvelles formes de banditisme ? Et l’essor du blanchiment d’argent ? Surtout, que dire aux millions de jeunes qui frappent à la porte du marché de l'emploi ? Mahammed Dionne sera attendu…