Face à la Majorité, l’Opposition ne pouvait faire mieux que fustiger le report des élections locales en invoquant les dispositions du protocole de la Cedeao additionnel. Le député de Rewmi Thierno Bocoum déplore un «forcing» du gouvernement alors que son collègue président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates, Modou Diagne Fada dénonce «le silence coupable» des signataires de la charte de gouvernance des Assises nationales.
C’est maintenant connu ! La date des élections locales dont la pertinence de son report a suscité tant de controverses sur la scène politique, a été fixée au 29 juin 2014. Ce report des élections locales, initialement prévues le 16 mars 2014, est sous-tendu par la mise en application de la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation. Une raison qui n’emporte pas l’adhésion des députés de l’Opposition, qui ont crié leur contestation hier lors de l’adoption de la loi. Car, déplorent-ils, il y a une absence totale de consensus autour de cette décision qui est une violation flagrante du protocole additionnel de la Cedeao. Si certains balaient d’un revers de la main la raison qui motive ce report (application de l’Acte 3), d’autres redoutent un autre report en raison des aléas climatiques, car le mois de juin coïncide avec le début de l’hivernage. Premier à monter au créneau, le député de Rewmi, Thierno Bocoum, peste : «C’est un forcing du gouvernement, parce qu’il s’agit d’élections et aucun consensus n’a été trouvé. Le gouvernement a convoqué la classe politique à moins de six mois des élections en violation des dispositions du protocole de la Cedeao. Il n’y a pas de consensus entre le Pouvoir et l’Opposition et c’est un précédent dangereux».
Confortant son attachement au respect du calendrier républicain, Modou Diagne Fada, président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates, a dénoncé à son tour «le silence coupable» des signataires de la charte de gouvernance des Assises nationales, qui insiste sur le respect du calendrier républicain.
Dissipant les inquiétudes des députés, le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, souligne que «l’application du Yonnu Yokkuté implique obligatoirement une réforme de notre administration territoriale. Les dernières élections législatives se sont tenues au mois de juillet, je ne vois donc pas pourquoi tenir les locales le 29 juin poserai problème ?»
Par rapport au respect du protocole de la Cedeao, le ministre de l’Intérieur souligne qu’il ne peut pas être invoqué dès lors que toute la classe politique a été conviée à un dialogue. Malgré les controverses, la loi a été approuvée à la majorité absolue par l’Assemblée nationale.