Touba, Les Thiantacounes ont pris d’assaut le domicile de Cheikh Béthio Thioune à 48 heures de la célébration du Magal, pour marquer le retour de leur guide qui avait manqué la dernière édition, à cause d’ennuis judiciaires.
Sur les lieux où des disciples arrivant par vagues annoncent déjà la couleur de ce qui sera une grande effervescence le jour de l’évènement, un troupeau de bétail attire l'attention.
Et les thiantacounes semblent avoir donné le mot d’ordre : réussir une démonstration de force pour marquer le retour de leur guide à Touba, la capitale spirituelle du mouridisme.
Aux alentours de la résidence Cheikh Béthio Thioune, à Touba Dianatou, l’affluence n’est certes pas encore au comble, à 48 heures du Magal, mais l’ambiance qui y règne annonce une effervescence record le jour de l’évènement.
Déjà un grand troupeau de bœufs rassemblés sur un site de plus de 60 mètres carrés attire l’attention des fidèles. Outre ces centaines de bœufs, un autre troupeau de moutons, des dromadaires, des buffles et des autruches réveillent la curiosité de badauds et même de personnes âgées.
Des barrières de couleur rouge dressées autour du périmètre permettent de fixer et de maîtriser le bétail. ‘’C’est vraiment le retour du Cheikh. Quelle mobilisation ! Je n’ai jamais vu ça de ma vie !’’, lance une dame, un sac à la main, avant de lâcher : ‘’Cheikh Béthio amoul morom !’’ (Cheikh Béthio n’a pas d’égal).
Les dromadaires, les buffles, des bœufs hollandais et brésiliens et surtout les autruches sont bien parqués dans une clôture de palissades. Des jeunes, des femmes et quelques personnes d’âge mûr n’hésitent pas à immortaliser le spectacle avec leur téléphone portable.
Abdou Lahat est un jeune étudiant. Il porte un sac sur le dos et un autre en bandoulière. Il vient de débarquer dans la cité religieuse. Mais il n’en croit pas toujours à ses yeux. ‘’C’est énorme ! Cela promet une grosse démonstration de force. Tout le monde pensait que le Cheikh est diminué, mais il va revenir avec force. Il n’a jamais mobilisé un tel troupeau’’, s’enthousiasme-t-il, avant de se perdre dans la masse.
Des bâches à eau sont installées à côté de fûts vides pour abreuver le bétail. Au même moment, des camions et des charrettes continuent à décharger des tas de foins et d’herbes sèches. Des disciples, masques bien posés autour du nez pour se protéger contre la poussière, s’affairent pour alimenter les bêtes.
De l'autre côté, des éleveurs enturbannés, portant des pantalons bouffants très courts et tenant de longues cordes à la main, tentent de maîtriser des bœufs agités. Le spectacle se déroule sous les yeux de plusieurs enfants qui applaudissent parfois à la vue de l’habileté avec laquelle les éleveurs arrivent à maîtriser les bêtes.
‘’Nous sommes prêts pour le Grand Magal. Nous avons mis les bouchées doubles. Rien n’a été négligé. Nous n’attendons que le jour J pour faire notre démonstration sur trois kilomètres noirs de monde’’, promet Ibrahima Diagne, chargé de la communication du Kourél des Thiantacounes.
Même si plusieurs fidèles trouvés sur les lieux parlent de centaines et même de milliers de bœufs, M. Diagne ne veut pas avancer de chiffres.
‘’Cela frise l’orgueil de dire que nous allons immoler des milliers de têtes de bœufs. Sacrifier ce bétail est une façon de remercier le ciel et de nous conformer aux recommandations de Khadimou Rassoul. Ce n’est pas la peine de dévoiler un chiffre’’, clame-t-il.