Les éleveurs du département de Mbour ne donnent aucune garantie sur l’approvisionnement du marché en moutons. Ils demandent aux populations d’acheter tôt leurs moutons pour éviter les désagréments de l’année dernière.
«J’ai été attristé de voir les gens faire la queue pour acheter de la viande afin de passer la fête de la tabaski». Cette réalité douloureuse évoquée hier par le préfet de Mbour, lors d’une rencontre avec les éleveurs de la région de Mbour, risque de se représenter cette année, si on n’y prend garde. Lors de cette rencontre, les éleveurs n’ont donné aucune garantie quant à l’approvisionnement du marché en moutons.
De ce fait, ils ont demandé aux populations de se doter très tôt d’un mouton, pour éviter toute mauvaise surprise. «Nous ne pouvons pas garantir qu’il y aura assez de moutons sur le marché. Beaucoup de bêtes sont mortes dans le Djolof et dans d’autres contrées. Compte tenu de ces paramètres, il est quasi impossible de donner des engagements », a déclaré Moussa Sow, le président des éleveurs du département de Mbour.
Plus de 60 000 moutons sont nécessaires pour satisfaire le marché départemental. Mais si on se fie aux chiffres des deux dernières années, il y a fort à craindre qu’il n’y aura pas assez de moutons. En 2012, 58 000 moutons avaient été vendus, tandis qu’en 2013, alors que la demande était plus forte, 40 886 moutons étaient disponibles, obligeant de nombreux chefs de famille à se rabattre sur la viande de bœuf. «Le kilogramme de la viande était vendu à 5 000 francs », selon le président des éleveurs.
Toutefois, le directeur de l’élevage du département, Babacar Camara, tente de rassurer. «L’Etat, dit-il, a déployé de gros moyens pour qu’il y ait suffisamment de moutons. Mais aussi que la marchandise se vende à bas prix. Donc, il va y avoir de l’eau, de l’éclairage dans beaucoup de points de vente. En plus, la sécurité va être au maximum pour lutter contre le vol de bétail et les intermédiaires qui font de le spéculation». N’empêche que le président Moussa Sow considère «qu’on ne peut pas élever son bétail pendant des mois, voire des années, en achetant de l’eau, des aliments et venir brader sa marchandise».
Concernant le volet sécuritaire qui constitue le talon d’Achille du département, le commandant de la gendarmerie Mbaye Seck, spécialiste de la lutte contre les réseaux de vol de bétail, a tenu à mettre les éleveurs devant leurs responsabilités. «Il est rare de voir un instruit voler du mouton. Ce sont les éleveurs eux-mêmes qui sont les grands voleurs. Certains profitent des moments d’inattention de leurs collègues pour subtiliser leur marchandise. Mais cette année, nous aurons du renfort d’éléments venant de Thiès, pour prêter main forte».