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Ebola ne fait pas les affaires du marché régional de Diaobé, dans le sud du Sénégal (REPORTAGE)
Publié le mardi 9 septembre 2014   |  AFP


Liberia
© AFP par DOMINIQUE FAGET
Liberia : Les Médecins Sans Frontières mettent en place l`équipement de protection contre le virus de la fièvre d`Ebola
Samedi 30 aout 2014. Morovia (Liberia)


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Diaobé (Sénégal) - Des véhicules vides stationnent à Diaobé, au Sénégal, qui accueille d'ordinaire l'un des plus importants marchés hebdomadaires d'Afrique de l'Ouest. Le commerce périclite depuis la fermeture de la frontière avec la Guinée à cause de l'épidémie d'Ebola.

Un pick-up passe sur la route principale traversant le marché, qui attire tous les mercredis à Diaobé des commerçants des pays voisins, Guinée, Guinée-Bissau, Gambie, ainsi que du Mali et de Mauritanie.

"En temps normal, c'est impossible qu'une voiture emprunte cette voie en
plein jour. Nous mettons près d'une heure pour sortir du marché, tellement il
y a de monde", affirme à l'AFP un commerçant.

La population de cette commune de 30.000 habitants grossit chaque semaine
sous l'afflux d'habitants "de plusieurs pays de la Communauté économique des
Etats d'Afrique de l'Ouest", affirme Bamba Cissé, un responsable municipal,
"même des Sierra-Léonais et des Libériens", dont les pays sont touchés par
Ebola.

"Mais il est presque vide aujourd'hui. Les gens ne viennent plus à cause
d'Ebola", souligne-t-il.

Tout autour des échoppes, des flaques d'eau de pluie se sont formées sur le
sol boueux, entravant la marche à travers des ruelles sinueuses et jonchées
d'immondices, à côté d'étals de femmes assises devant de grandes bassines
d'huile de palme, de jus de citron et de pâte d'arachide.

"Avant Ebola et la fermeture des frontières, nous avions des centaines de
véhicules par jour. Maintenant, tout est à l'arrêt", dit Aliou Sanokho, un
responsable des transporteurs.

"Des transporteurs n'ont eu aucune activité depuis plusieurs jours",
renchérit Mamadou Diallo, un autre responsable des transporteurs, assis en
face de véhicules immatriculés en Guinée.

"Depuis la fermeture de la frontière, nous n'avons plus de clients. Mon
chiffre d'affaires a chuté de 50%", indique Mamadou Goudiaby, un vendeur de
produits alimentaires et de construction, debout dans sa boutique vide.

- Pénurie de produits guinéens -


Le Sénégal est devenu fin août le cinquième pays touché par l'épidémie de
fièvre hémorragique en Afrique de l'Ouest, avec la découverte d'un premier
cas, un étudiant guinéen entré dans le pays juste avant la fermeture des
frontières avec la Guinée le 21 août.

Contrairement à certains villageois de la région frontalière qui prêtent
volontiers main forte aux autorités pour empêcher les Guinéens d'entrer dans
le pays, par crainte de la contagion, les milieux liés au commerce voient
surtout les retombées économiques.

"Les Guinéens sont les moteurs du marché de Diaobé. S'ils ne viennent pas,
leurs produits vont manquer et les petits revendeurs commencent" à s'en
ressentir, remarque Bamba Cissé.

Selon plusieurs habitués du marché, des produits comme les poissons fumés,
l'huile de palme, le café et les fruits, apportés par les Guinéens, sont
devenus rares depuis la fermeture de la frontière.

De Diaobé, beaucoup de ces produits sont traditionnellement acheminés au
Sénégal et dans son voisinage.

"Les fruits risquent de manquer parce qu'ils nous viennent essentiellement
de la Guinée", affirme un gérant d'hôtel dans la commune voisine de Kounkané.

"Nous manquons présentement d'huile de palme et des fruits comme les
oranges, les avocats et de mangues. Tous ces produits qui viennent de la
Guinée, nous n'en avons plus", observe Séniba Camara, un responsable de la
municipalité de Faroumba, autre commune proche de Diaobé.

Mais pour Mamadou Goudiaby, l'épidémie et la fermeture de la frontière ne
sont pas les seuls facteurs de la morosité des affaires à Diaobé.
"L'insécurité y contribue aussi", avec notamment des attaques par des bandes
armées et le vol de bétail, dit-il.

En face, des transporteurs mènent une sensibilisation pour se prémunir
d'Ebola. Des personnes se lavent les mains avec du savon et de l'eau de javel,
avec une musique poussée à fond.

Un jeune vendeur l'avoue: "Nous ne serons contents que quand les Guinéens
reviendront".
mrb/sst/tmo/sba

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