La notion de patriotisme économique a fait l’objet d’un échange samedi dernier au cours du forum mensuel ‘’les samedis de l’économie’’. De façon générale, il a été retenu que ce concept n’est pas pris en compte par nos gouvernants, dans l’établissement des politiques d’Etat.
L’expression Patriotisme économique est récemment apparue dans les revendications économiques et politiques du Sénégal, notamment vers la fin de la première décennie des années 2000. Elle a été surtout consacrée comme une exigence nationale dans les conclusions des Assises Nationales de 2008, à en croire l’agroéconomiste Ibrahima Sène qui s’exprimait en marge de la rencontre mensuelle ‘’les samedis de l’économie’’.
Le thème était axé sur le patriotisme économique. Une occasion pour l’exposant Sène de soutenir que le gouvernement actuel applique les mêmes tares en matière de politique économique que les régimes socialistes et libéraux, avec la marginalisation des entrepreneurs autochtones non liés au capital étranger.
Car, de l’avis de l’agroéconomiste, la manière dont la Banque Nationale de Développement Economique a été créée, avec une participation minoritaire de l’Etat (25%) selon les exigences du FMI, et la création du Fonds National de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP), a reproduit les mêmes instruments d’insertion des entrepreneurs autochtones, qui ont déjà montré leurs limites économiques et sociales durant les 40 ans du règne des Socialistes.
‘’Même la création du Fonds National Souverain d’Investissement du Sénégal (FONSIS), dont le financement devrait reposer sur l’hypothèque d’une partie de notre patrimoine, notamment foncier et immobilier, constitue une véritable menace sur ce patrimoine soumis aux aléas du marché financier international’’, a déploré Ibrahima Sène. ‘’Comment peut-on vouloir l’Indépendance politique et ne pas rechercher la souveraineté économique ?’’ s’interroge -il.
En outre, l’exposant a défini le Plan Sénégal émergent comme un programme qui ne favorise pas la promotion du patriotisme économique. Présent à cette rencontre en tant que modérateur, Mamadou Lamine Loum, ancien Premier ministre du Sénégal sous Abdou Diouf, a indiqué qu’il s’agit de savoir comment concilier cette notion de patriotisme économique avec la nécessité de la construction nationale et la globalisation en se penchant sur ce concept évoqué durant les assises nationales en 2008. ‘’Une fois passée cette question préjudicielle, on tombe dans la banalité puisque personne ne veut être perçu comme un non-patriote’’, a-t-il poursuivi.
Plan Sénégal Emergent
Pour sa part, Demba Moussa Dembélé, président de l'ONG Arcade, a soutenu qu’au Sénégal, depuis plusieurs décennies, la notion de patriotisme économique semble avoir été abandonnée par les pouvoirs publics. Ceci, surtout depuis l'avènement des programmes d'ajustements structurels imposés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire internationale. ‘’Ces politiques doivent changer si le Sénégal veut réellement devenir un pays émergent’’, a-t-il avancé. Selon M. Dembélé, au moment même où dans les pays développés se pose le problème de la protection des secteurs stratégiques, le Sénégal ne peut pas réussir son Plan Sénégal émergent (PSE) sans une implication forte et à tous les niveaux du secteur privé national.