Plusieurs intellectuels sénégalais ont plaidé samedi à Dakar pour l’application de la notion de patriotisme économique dans la politique définie par l’Etat .
« Au Sénégal, depuis plusieurs décennies, la notion de patriotisme économique semble avoir été abandonnée par les pouvoirs publiques, surtout depuis l’avènement des programmes d’ajustement structurels imposés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire internationale », estime d’emblée M. Demba Moussa Dembelé, le président de l’Ong Arcade.
Il intervenait dans le cadre de la rencontre mensuelle dénommé « Les samedis de l’économie »organisée par le bureau régional de l’Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxemburg,
Il ajoute que le secteur privé national, surtout les Pme/Pmi, se plaint d’être laissé en rade dans le cadre de la commande publique au profit d’entreprises étrangères.
« Cela a été observé dans plusieurs secteurs, notamment dans le bâtiment et travaux publics (Btp), dans lequel le Sénégal dispose pourtant d’une expertise avérée », soutient M. Dembelé.
Mamadou Lamine Loum, ancien Premier ministre du Sénégal sous le magistère du Président Abdou Diouf, a rappelé que le patriotisme économique a été évoqué durant les assises nationales en 2008.
« La question est comment concilier cette notion avec la nécessité de la construction nationale et la globalisation ? », se demande-t-il, ajoutant : ‘’une fois passée cette question préjudicielle, on tombe dans la banalité puisque personne ne veut être perçu comme un non patriote’’.
L’agroéconomiste Ibrahima Sène, a reproché au gouvernement sénégalais actuel de mener les mêmes politiques économiques que les régimes précédents marquées par « la marginalisation des entrepreneurs autochtones non liés au capital étranger ».
A son avis, la Banque nationale de développement économique (BNDE) a été créée avec une participation minoritaire de l’Etat reconduit les mêmes pratiques antérieures.
« Ces politiques doivent changer si le Sénégal veut réellement devenir un pays émergent », défend avec force M. Dembelé pour qui, au moment même où dans les pays développés se pose le problème de la protection des secteurs stratégiques, l’on se demande comment le Sénégal peut réussir son Plan Sénégal émergent (PSE) sans une implication forte et à tous les niveaux du secteur privé national.
