Le maire de Mermoz-Sacré-Cœur se dit blanc comme son boubou de cette matinée dans la vente supposée du terrain de la Boulangerie jaune. Barthélémy Dias n’entend pas reculer dans sa volonté de valoriser cette surface de 12000 m2. Le Socialiste entre dans la surface de l’Apr et de Benno bokk yaakaar à qui Taxawu Dakar a servi une «raclée exemplaire» lors des Locales du 29 juin. Si le Ps, après que l’Afp a décidé de ne pas se présenter à la prochaine Présidentielle, n’a pas son candidat ce serait une «insulte» pour les Socialistes. A savourer un Jazz aux cordes peu souples.
La Cour d’appel aurait annulé les bureaux de certains conseils municipaux qui n’ont pas respecté la parité dont le vôtre. Qu’en dites-vous ?
D’abord, je voudrais dire que nous n’avons reçu aucune notification, ni de la Cour d’appel ni de la sous-préfecture invalidant le bureau municipal de la commune de Sacré cœur-Mermoz. Et je voudrais ajouter que le cas échéant, cette décision serait attaquée devant la Cour suprême. Je le dis, avec force, que la parité est anticonstitutionnelle et discriminatoire. L’article 4 de la Constitution dispose que les citoyens sont tous égaux devant la loi, sans aucune distinction d’âge, de sexe, de religion ou d’ethnie. Je rappelle que la Constitution est au-dessus de n’importe quel arrêté, décret ou loi démagogique et anticonstitutionnelle.
Au-delà des élections locales, c’est la parité qui vous gène en tant que telle ?
La parité, c’est par rapport à la recevabilité des listes. Nous parlons français et nous le comprenons.
Mais la parité concerne les fonctions électives et semi-électives comme certains l’ont aussi réclamé dans le bureau de l’Assemblée nationale.
Je rappelle que je suis membre du bureau de l’Assemblée nationale comme secrétaire élu. Il y a six secrétaires élus dont quatre hommes et deux femmes. Cette décision a été attaquée et considérée comme nulle et caduque. Et puis, l’élection est faite par le peuple. Je rappelle que dans les dispositions de l’Acte 3 de la décentralisation, à un moment donné, il y avait un débat. Certains pensaient que le chef de l’Etat désignait les conseillers municipaux de la ville de Dakar. Mais non ! Parce que les deux têtes de listes de la Proportionnelle et de la Majoritaire pour siéger à la ville sont désignées. Ils n’ont pas été élus ; ce sont les populations qui élisent les conseillers. C’est pourquoi il y a une confusion autour de ce mot «désigner». On peut parler d’élection si l’on veut, mais la question est renvoyée à l’opinion publique. Il faut qu’on soit juste dans ce pays. C’est la raison pour laquelle je fais partie de ceux qui ont applaudi des deux mains la décision du khalife général des mourides. Nul ne peut imposer au khalife général des mourides la parité.
Je rappelle que c’est l’Association des juristes sénégalaises qui a attaqué les bureaux non paritaires.
Je ne suis pas là pour polémiquer encore moins pour parler de l’Association des juristes sénégalaises. Je suis un citoyen sénégalais et je considère qu’on cherche à nous marcher sur la tête, et c’est inadmissible ! Je ne comprends pas pourquoi les femmes ne doivent être récompensées que sur la base de leur sexe et non de leur mérite, de leur capacité et de leur engagement.
Vous attendiez-vous à être réélu aussi facilement face à Marième Badiane, Zator Mbaye et autres ?
J’étais convaincu que notre liste allait gagner pour une bonne et simple raison. Nos adversaires n’avaient pas d’arguments objectifs à nous opposer et à proposer aux populations à part des accusations. Je n’ai bradé aucun mètre carré de cette commune ni détourné des deniers publics dans cette commune. J’ai mis en avant mon bilan et celui de la ville de Dakar.
D’aucuns disent justement que vous vous êtes servi de la bonne opinion de Khalifa Sall pour être réélu.
Nous sommes fiers de dire que nous avons gagné avec Khalifa Sall. Il n’y a aucun maire de commune d’arrondissement qui peut faire valoir un bilan viable et fiable sans la contribution du maire de Dakar. A l’école, le lait, l’informatique, les uniformes, les corbillards dans les communes d’arrondissement, la voierie urbaine, l’éclairage public… sont tous de la ville de Dakar.
C’est ce bilan de la ville de Dakar que vous avez utilisé pour vous faire réélire ?
Non ! Je dois vous expliquer pourquoi c’est la ville de Dakar qui fait toutes ces réalisations. Parce que le fameux budget chiffré à des dizaines de milliards est recouvré sur l’ensemble des 19 communes d’arrondissement. Et les grands investissements étaient à la charge de la Ville de Dakar, c’est comme ça que le texte était libellé. On ne peut me demander de faire des merveilles avec un budget de 300 millions et des textes qui confinaient une commune d’arrondissement à une certaine place. S’il y a des maires qui ont le complexe de présenter leur bilan sans convoquer celui de Khalifa Sall, c’est leur problème. Je le revendique avec fierté et humilité parce que Khalifa Sall l’a fait avec humilité. Avec l’Acte 3, il est devenu possible de lever des fonds sur le marché contrairement à l’Acte 2.
Pourtant, Khalifa Sall n’était pas pour l’Acte 3 de la décentralisation du moins pour le statut de sa mairie ?
Il n’était pas pour parce qu’il considérait que l’Acte 3 avait été précipité et qu’il n’était pas bien pensé. La plupart des acteurs locaux le pensent. Moi aussi je le pense. Les communes d’arrondissement devenues communes de plein exercice qui n’ont pas de budget. Il y a une précipitation et une non-implication des acteurs de la décentralisation. Le chef de l’Etat a confié la réforme à des professeurs d’université. Je ne conteste pas leur expertise mais je le dis, en toute humilité, ils n’ont jamais pratiqué la décentralisation. On ne peut l’élaborer en se limitant à la théorie. Je suis désolé que des hommes comme Souty Touré, l’ancien ministre de la Décentralisation, l’ancien maire de Dakar Mamadou Diop, Me Mbaye Jacques Diop, entre autres, n’aient pas été impliqués malgré leur expérience et leur expertise. Ce sont ces hommes qui auraient dû repenser la décentralisation.
Etes-vous finalement déçu de l’Acte 3 de la décentralisation ?
Bien sûr que je suis déçu parce que toutes les 602 collectivités locales du Sénégal sont bloquées. Il n’y a aucune d’entre elles qui peut reprendre un budget à l’image de l’Acte 3. Nous allons essayer d’avoir des budgets de fonctionnement pour terminer l’année. J’ai indiqué à la Direction de la Comptabilité publique et du Trésor qu’un budget est annuel et non pas trimestriel. Deux budgets supposent donc deux comptes administratifs. Cela s’apprend à l’école d’administration. On aurait dû avoir une période transitoire inclusive et la plus large possible. Mais la réflexion a été arrêtée autour de certains individus qui ont été choisis par le chef de l’Etat. Je lui reconnais cette prérogative, mais je reste convaincu qu’il faut que les uns et les autres reconnaissent leurs erreurs car aucune œuvre humaine n’est parfaite. Nous sommes obligés de repenser et de rediscuter l’Acte 3. Où sont les préfets, les percepteurs, les maires et les secrétaires municipaux dans cette réflexion ?
Donc, le Président Macky Sall a fait une erreur de casting ?
Le Président, considérant certes qu’il doit faire un mandat de cinq ans, doit accélérer le rythme. Il faut aller vite mais sûrement. Je salue sa vision. L’Acte 3 est venu à son heure. Il s’agit de créer des territoires viables et certainement bancables, mais en termes de répartition des compétences, il y a un flou. Aujourd’hui, l’état civil est à repenser. Chacun est rattaché à un terroir. Il y a flou total sur le statut de Dakar. Est-ce une commune ou pas ? Quand on interroge Khalifa Sall, il a raison sans avoir raison, il interprète les textes selon les intérêts de la ville de Dakar. C’est difficile pour nous d’argumenter par rapport au personnel ou au patrimoine de la Ville de Dakar qui doivent être transférés aux communes. Comme Khalifa le dit, cette mairie a une tête mais c’est une commune ; qu’on le veuille ou pas. Il y a énormément de choses à rependre. Par exemple, la Ville de Dakar nous transfère 7 milliards de francs Cfa de budget mais avec des charges doublées ou triplées. Comment serions-nous en mesure de faire face ? Prenons l’exemple de la commune de Mermoz-Sacré-Cœur. On parle du plus grand groupe de téléphonie, Orange-Sonatel, qui s’apprête à venir chez nous. Avec l’Acte 3 de la décentralisation, nous recevrons toujours de ce groupe zéro franc parce que la patente n’est pas transférée. Elle va être recouvrée par l’Etat central et une partie ira à la Ville de Dakar. C’est anormal ! C’est une aberration ! La solution c’est que le chef de l’Etat a eu une vision : c’est d’abord les territoires forts et fiables. Il appartient aux fonctionnaires de mettre en œuvre cette vision en prenant en compte tous les paramètres. Et c’est la raison, peut-être, de dire que cela a été un peu précipité. Il faut rappeler que la réflexion sur l’Acte 2 de la décentralisation- je prends à témoin Souty Touré et tous ceux qui étaient à l’époque des députés maires à l’Assemblée nationale- a duré au moins trois ans.
Faut-il renvoyez le texte, l’Acte 3, à l’Assemblée nationale ?
Il doit revenir à l’Assemblée nationale. C’est impératif.
Vous avez parlé tout à l’heure de ce que rapporterait Orange pour votre commune. Qu’est-ce que rapporterait aujourd’hui ce terrain à polémique que vous voudriez vendre, selon certains de vos administrés ?
Non, le terrain de la boulangerie jaune ne fait pas de polémique. Ce qui se passe, c’est que nous sommes dans une commune où, malheureusement, il y a des politiciens encagoulés qui considèrent qu’un terrain appartenant à la population de Mermoz, Amitié 3, Karack, Baobab, Sacré-Cœur 1, 2 et 3 leur appartient. J’ai pris l’engagement, en 2009, de ne vendre aucun mètre carré de cette commune. J’ai été éduqué par mon père qui m’a dit qu’on vend ce qu’on a dans son patrimoine. Ce terrain n’est pas le mien ni celui de ma famille. On me l’a confié pour une période bien déterminée. Je l’ai dit bien avant les élections : Si ce terrain doit me coûter mon mandat, il me le coûtera. Je refuse d’avoir un terrain de 12 000 m2, d’une valeur de 3 milliards et demi en plein Dakar et qu’on veuille en faire une poubelle à ciel ouvert avec la complicité d’une certaine partie de cette population qui est incapable d’empêcher aux squatteurs de ce terrain de le squatter, d’apporter sa contribution dans une opération set setal et que quand la mairie vient pour nettoyer et sécuriser son terrain, cette population cherche à verser dans le chantage. Je ne suis pas dans les dispositions de jouer à leur jeu. Je rappelle à ceux qui, au début de la polémique, ont voulu faire croire à l’opinion que le terrain allait être vendu par le maire. Il faut respecter la population. D’ailleurs, ce sont ces mêmes personnes qui sont venues dire que le maire voulait brader le terrain. Le terrain sera valorisé et quel que soit le coût à payer, il le sera parce que j’ai été élu pour faire des réalisations.
Combien cette valorisation rapporterait à la commune ?
Je donne un simple exemple, à l’heure où je vous parle, le terrain, depuis 5 ans, rapporte zéro franc. Une partie de la population est d’accord à condition que le projet soit gratuit. Qu’on apprenne quand même à se respecter ! Nul ne va injecter 3 milliards sur un site pour s’amuser à verser dans la gratuité. J’ai un terrain de 12000 m2 que le Conseil municipal de Mermoz Sacré-Cœur m’a autorisé à valoriser. Et je le valorise au vu et au su de tout le monde, non pas parce que je ne peux pas le vendre mais parce que je ne doit pas le vendre. Il n’appartient pas à Barthélémy Dias mais à la commune. Il y aura des aires de jeu, un terrain de football en synthétique et, pendant les week-ends ou les grandes vacances je vais négocier pour cette jeunesse qui a moins de 18 ans et qui doit pouvoir avoir accès aux infrastructures gratuitement. Je rappelle que j’ai été le premier maire à Dakar à subventionner une Asc à hauteur de 1 million par an. Donc, il y aura un terrain multifonctionnel (Basket et Handball) et on est en train de réfléchir avec 37Cinq sur comment mettre un parc d’attraction à eau comme une piscine et autres. Mais 37Cinq en tant que structure qui va investir a la responsabilité d’amortir son investissement et de gagner de l’argent.
Le projet démarre quand ?
Le projet démarre incessamment. Nous avons invité le préfet de Dakar à nous accompagner sur le terrain et à dire de vive voix aux populations ce que nous voulons faire. Cela dit, je n’attends pas d’avoir l’unanimité puisque même les hommes de Dieu n’ont pas fait l’unanimité. Majorité ne veut pas dire unanimité et je suis convaincu qu’on aura la majorité parce qu’une personne censée ne peux pas préférer une poubelle à ciel ouvert à un site qui valorise sa propriété foncière et sécurise son environnement. Maintenant les aigris et les frustrés, je leur laisse le temps de ruminer leur colère. Je n’ai pas été élu pour plaire à des individus et tous ceux qui s’agitent ont tous été candidats lors des Locales.
Soupçonnez-vous une main politique derrière ces «agissements» comme vous le dites ?
Mais bien sûr !
Qui sont-ils ?
Ce n’est pas important.
Vos adversaires s’en étaient servis pendant la campagne…
Et je les ai battus à plate couture. Je leur demande d’avoir l’humilité pour pouvoir prendre leur mal en patience. D’autres élections viendront et il y a de fortes chances que ce sera mon dernier mandat parce que dans la vie, il faut savoir évoluer et avancer. Donc, pour un autre mandat, le moment venu, j’aviserai.
A la lecture des Locales, Benno bokk yaakaar a-t-elle battu Benno bokk yaakaar ou Khalifa Sall et Taxawu Dakar ont-ils battu l’Apr ?
Ce que je peux dire c’est que ceux qui ont conduit le chef de l’Etat à isoler Taxawu Dakar et à mettre en scelle Benno bokk yaakaar en ont eu pour le grade. C’est simple.
C’est le chef de l’Etat lui-même non ?
Non, le chef de l’Etat a un entourage. Il est influencé. Dans cet entourage, en 2009, il y avait quelqu’un, dans son entourage- je préfère ne pas dire son nom- qui lui avait dit qu’à Dakar, dans une des 19 communes d’arrondissement, de lancer Dekkal ngor pour gagner. Il a toujours été battu à plate couture.
C’était qui ?
(Il esquive) Ils ont toujours confondu l’appareil politique auquel ils appartenaient à l’époque et leur personne. Moi Barthélémy Dias, je gagne à Mermoz-Sacré-Cœur parce que j’appartiens au Parti socialiste. Si je sors du Ps et fais cavalier seul, je vais droit au mur. On fait de la politique et non du mannequinat.
Pourtant certains pensent que si vous avez gagné, c’est grâce au «label» Taxawu Dakar de Khalifa Sall…
Je m’explique : Quand j’ai entendu l’Apr dire qu’elle voulait gagner la ville de Dakar et qu’ils étaient incapables d’avoir un logo, une liste, une couleur sur toutes l’étendue de Dakar, c’est là que je me suis dit, à la limite, que ce n’est même pas la peine de battre campagne.
Qui a battu qui ?
Taxawu Dakar a battu Benno bokk yaakaar. C’est clair et net !
Donc Khalifa Sall a battu Bby…
Mais Khalifa Sall a gagné chez lui, nous avons gagné chez nous. Nous disons haut et fort, avec fierté, que nous avons gagné en nous appuyant sur une image, un logo et un nom et la personne morale de cette dynamique s’appelle Khalifa Sall. Nous avons toujours dit que ce qui devrait fragiliser Bby ne viendrait pas du Ps. Mais comme l’appétit vient en mangeant et comme certains ont confondu pomme de terre et Angleterre et ont décidé que Macky Sall est chef de l’Etat, qu’ils doivent donc tous être maires, on avait l’obligation de leur infliger une raclée. Et la raclée a été exemplaire. Nous en sommes fiers. Cela étant Benno bokk yaakaar est un espoir pour accompagner un homme au service d’un peuple. Nous allons continuer à accompagner le Président. Mais la réussite de Macky Sall ce n’est pas pour lui et ses enfants mais pour les Sénégalais. Donc, nous avons l’obligation d’accompagner Macky Sall dans le respect des lois pour qu’il puisse réussir sa mission. Cependant, nos ambitions politiques pour ce pays restent intactes.
Ce poids de Taxawu Dakar se confond-il à celui du Ps ?
Mais c’est évident ! C’est une dynamique dans laquelle le Ps est la locomotive et Khalifa Sall appartient au Ps.
Vous avez battu Bby et vous êtes dans Bby, c’est quand même paradoxal…
Nous faisons de la politique.
C’était un adversaire conjoncturel ?
Dans le Parti socialiste, nous n’accepterons pas qu’on vienne nous marcher sur les pieds.
D’ici à 2017…
(Hésitant) D’ici à 2017, oui si le chef de l’Etat fait ses cinq ans qu’il s’est engagé à faire. S’il fait 7 ans, nous considèrerons que c’est constitutionnel mais je crois que là, les Sénégalais en tireront les conséquences parce qu’aujourd’hui, la parole d’un homme politique doit avoir de la valeur. Un homme politique ne peut plus se permettre de dire une chose et faire son contraire.
Vous maintenez que le Ps aura son candidat en 2017, contrairement au mot d’ordre dans l’Afp.
Ce n’est pas un débat et ça ne le sera jamais pour le Parti socialiste.
C’est évident ?
Mais si le Ps n’a pas de candidat ce serait une insulte monumentale à l’endroit de ses pères fondateurs.
Vous êtes prêts à accompagner Macky Sall jusqu’en 2017 et vous voulez avoir un candidat contre lui…
Je ne suis ni le Bureau politique ni le Comité central du parti pour en décider. Mais je rappelle que Khalifa Sall est aujourd’hui un acteur politique-phare et le dernier mot reviendra au congrès d’investiture. J’ai déjà dit qu’en tant que militant du département et de la région que si Dakar présente une candidature, je serai dans l’obligation de la soutenir.
Est-il devenu évident, après les Locales, que c’est Khalifa Sall le candidat du Ps ?
Mais non ! Il a gagné chez lui comme Ousmane Tanor Dieng, Aïssata Tall Sall, Abdoulaye Wilane qui ont gagné chez eux. Moi aussi, j’ai gagné chez moi mais je ne suis pas encore présidentiable (Rires). La victoire de Dakar, effectivement aujourd’hui, je crois, a ouvert certaines perspectives. J’ai entendu des gens parler du Parti socialiste sans être militant de ce parti. Ils ignorent royalement les règles de fonctionnement de ce parti. Je peux dire en toute humilité, que j’ai eu le privilège, le plaisir et l’honneur de pratiquer, de côtoyer Ousmane Tanor Dieng et je peux vous dire qu’il ne sera jamais un facteur de blocage au sein du Parti socialiste. C’est un homme ouvert et extrêmement généreux vis-à-vis de sa progéniture politique. Encore une fois, laissez le Parti socialiste laver son linge en famille. Mais encore, est-ce que Ousmane Tanor Dieng vous dérange ? (Rires) Chacun d’entre nous, quelque part dans sa carrière, la main de Ousmane Tanor Dieng est intervenue.
Que pensez-vous de cette bataille judiciaire entre Aïssata Tall Sall et Racine Sy ?
Il n’y a pas de bataille juridique. Aïssata Tall Sall est le maire de Podor. Dans la vie, il faut apprendre à perdre dans la dignité. On ne peut pas confondre politique et business. En business, on veut gagner coûte que coûte alors qu’en politique, il faut d’abord convaincre sans contraindre pour gagner. Maintenant si la victoire doit vous être remise par le canal de la Justice, il n’y a pas de problème, on est en République. Mais pour nous Socialistes et l’écrasante majorité des Sénégalais, Aïssata Tall Sall a gagné. Et le Parti socialiste fera tout de ce qui est de son pouvoir pour qu’elle soit rétablie dans son droit. Notre camarade Moussa Ndiaye de Keur Baka, qui a été victime d’une machination du Commandement territorial, est le maire. Nous avons été aux affaires, nous savons comment ça marche.
Comment ça marche ?
Ce qui s’est passé à Keur Baka est scandaleux. Ce n’est que partie remise parce que la vie est une boule qui tourne. Aujourd’hui, il y a des gens qui dirigent le pays, demain d’autres personnes viendront. Sur quelle base le Préfet a fait ce qu’il a fait ?
Parce qu’il n’a pas attendu que le litige soit vidé par la Cour suprême pour l’installer ?
Non. Aujourd’hui, est-ce que M. Racine Sy est le maire de Podor ? Ce qu’on a fait à Keur Baka est inadmissible ! A Moussa Ndiaye et ses camarades socialistes de Keur Baka, nous leur demandons de prendre leur mal en patience parce qu’ils reviendront aux commandes. Prenez le cas de Louga : Sur 19 centres de vote, Aminata Mbengue Ndiaye a gagné les 17 et on veut nous faire croire qu’elle a perdu les élections. Donc, quelqu’un gagne la commune de Louga en gagnant deux centres de vote seulement. Nous avons introduit un recours. On n’a jamais attendu du Commandement territorial à Louga qu’il invalide ou qu’il fasse une génuflexion pour garder là-bas Aminata Mbengue Ndiaye jusqu’à ce que le recours soit vidé. En tout cas, pour nous Socialistes, Aminata Mbengue Ndiaye est majoritaire à Louga. On lui a volé son élection.
Ce sont vos alliés qui ont «volé», comme vous le dites, à Aminata Mbengue Ndiaye son fauteuil. Et pourtant elle reste toujours dans le gouvernement…
Dans une élection, il n’y a pas d’alliés ; il y a des acteurs en compétition, pas d’adversaires. Aminata Mbengue Ndiaye ne s’est pas invitée au gouvernement. Elle représente les intérêts du Parti socialiste. Elle ne peut pas se retirer du gouvernement ; c’est le Parti socialiste qui a le pouvoir de le faire. C’est valable pour Serigne Mbaye Thiam.
Le Ps n’a-t-il pas perdu à Podor quand Aïssata Tall dit, à la veille des élections, qu’elle n’a pas reçu le soutien du parti ?
Aïssata a donné son point de vue. C’est qui le soutien du parti ?
Même pas un coup de fil de Tanor quand l’Apr préférait une alliance «contre-nature» avec le Pds contre le Ps…
Ousmane Tanor Dieng lui-même était en compétition chez lui. Il avait aussi son propre bifteck à gérer à Nguéniène, et à Mbour. Et puis, les élections sont locales. Chacun se bat avec les moyens et les ressources du bord. On n’est pas dans une garderie d’enfants. Tanor, on ne lui a pas confié une crèche, il n’est pas là pour appeler les uns et les autres. Il est là pour faire en sorte que le Ps fonctionne normalement, que partout le parti ait ses listes. Et il l’a réussi. Jusqu’à preuve du contraire, dans les textes du parti, il n’est écrit nulle part que le Secrétaire général doit passer des coups de fil aux uns et autres ou encourager les uns et les autres. Il n’est ni le secrétaire à la vie politique ni le secrétaire chargé des élections. Ce qui est important dans le contexte actuel c’est qu’on puisse rendre à Aïssata Tall Sall sa victoire. Et on attend de la Cour suprême qu’elle dise le droit.