Dans un article paru dans le journal le Soleil du mercredi 02 septembre 2014, Monsieur Djibril War s’est encore livré à son jeu favori, attaquer et dénigrer les organisations de droits humains qui commettent la faute de défendre les droits des sénégalais chaque fois qu’ils sont violés par l’Etat. Nous n’aurions pas répondu à son article s’il ne l’avait signé en sa qualité de Président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, omettant fort à propos les autres attributions de cette Commission que sont le travail, la décentralisation et les droits humains.
Puisqu’il signe son texte en sa qualité de Président de la Commission des lois de l’Assemblée Nationale, nous voudrions lui demander de dire aux sénégalais une seule initiative qu’il a prise depuis qu’il est à la tête de cette importante Commission, qui va dans le sens de la défense de leurs intérêts et de leurs droits. Dans n’importe quelle démocratie, le parlement aurait créé des Commissions d’enquête ou auditionné des responsables gouvernements au sujet des scandales comme celui de la drogue dans la police ou encore celui suscité par la publication du livre du cas Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw. Qu’il ne nous dise pas qu’il a peur du Président Macky Sall qui, pour avoir subi la persécution d’Abdoulaye Wade à la suite d’une telle initiative, ne peut en aucun cas la désapprouver.
Mais le comble c’est lorsque Monsieur le Président de la Commission des lois, du travail, de la décentralisation et des droits humains prend la plume et le micro pour fustiger ceux qui ont condamné la violence gratuite, inouïe et injustifiée de la police contre les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop le jeudi 14 août 2014, violence qui a fait un mort, l’étudiant Bassirou Faye, des dizaines de blessés graves et des dégâts matériels incommensurables. Même les gradés de ce corps ont condamné et exprimé leur consternation face au comportement, aux antipodes des normes internationales de maintien de l’ordre, de leurs éléments à l’université.
Il est vrai que si la parole de Djibril War comptait au sein de l’APR et de l’Assemblée nationale, le Sénégal serait devenu, en matière de démocratie et de droits humains, l’Union Soviétique ou la Roumanie de Ceausescu. L’APR aurait fini de devenir un Parti-Etat comme la Guinée en a connu sous Sékou Touré, c’est-à-dire un parti qui se confond avec l’armée, la police, la gendarmerie, la magistrature, le commandement territorial, etc., et qui utilise ces institutions à des fins de persécution.
Il peut donc s’agiter et continuer à conspirer contre les défenseurs des droits humains. Nous continuerons à faire notre travail sans faillir, comme par le passé. Macky Sall a bénéficié du travail des défenseurs des droits humains, hier, lorsque le rouleau compresseur de Wade voulait le briser. Qu’il interroge le président Macky Sall et ses compagnons de route, de lutte devrais-je dire, pas ceux qui comme lui étaient inconnus des Sénégalais et que le pouvoir a subitement rendu arrogants et intolérants à toute critique.
Monsieur Djibril War, Amnesty International existe au Sénégal depuis 1970. Pendant dix ans, alors même que le président Léopold Sedar Senghor lui a dénié une existence légale, ses membres, tous des sénégalais, ont fait face et permis au monde entier d’être informé sur les violations des droits humains de son régime. Senghor accordera une reconnaissance officielle à l’organisation en novembre 1980, un mois avant son départ du pouvoir, en faisant par la même occasion la première organisation de droits humains indépendante du pays.
Malgré ses rapports extrêmement critiques contre son régime pendant les années de braise des décennies 80 et 90, Abdou Diouf ni aucun responsable de son gouvernement ou de son parti n’ont proféré des menaces contre l’organisation et ses dirigeants. Elle a été aussi particulièrement critique contre le régime d’Abdoulaye Wade, et les sénégalais en sont témoins, sans que lui ou des dignitaires de son régime ne cherchent à nuire à l’organisation et à ses dirigeants au Sénégal.
Le Président Macky Sall, qui est un homme d’Etat responsable et pondéré, ne va certainement pas suivre des aventuriers qui veulent faire de lui un dictateur qui persécute ses opposants et les défenseurs des droits humains. Il aurait tout à perdre, sur le plan international, et avec lui notre cher pays le Sénégal car aucun Etat ne peut invoquer la souveraineté nationale pour violer impunément les droits humains.
Pour terminer, Amnesty International Sénégal continuera de prendre position sur toutes les questions de droits humains au Sénégal et partout dans le monde. Elle continuera à formuler des critiques contre les institutions du pays et ceux qui les incarnent chaque fois que les droits humains sont violés. De même, elle félicitera et encouragera les autorités lorsque des actes positifs sont posés. Elle ne se laissera jamais entrainer dans la politique politicienne ni être distraite par des attaques stériles et puériles. La situation des droits humains dans le monde est suffisamment préoccupante pour lui en laisser le temps.
Yaya SIDIBE
Entrepreneur en TIC
Membre du Bureau Exécutif d’Amnesty International Sénégal