Mouhamed Hann, un agent de sécurité de proximité (ASP), est mort noyé, dimanche 31 août, à Saint-Louis. Ironie du sort, il tentait de sauver Papa Mar Sy, un adolescent déficient mental de 15 ans qui s'était jeté brusquement dans les eaux du fleuve, sous le pont Faidherbe.
Tombé par hasard sur cette préoccupante scène survenue aux environs de 22 heures 30 minutes, alors qu'il revenait de son jogging, l'ASP, en service dans un commissariat de police de la commune de Saint-Louis. Il s'est débarrassé de ses affaires, s'est précipité dans le fleuve pour le garder en vie. Ils sont hélas morts tous les deux. Leurs corps n'ont été retrouvés que dans la journée du mardi 02 septembre. Mouhamed Hann originaire de la ville de Richard-Toll, n'en était pas à son premier sauvetage de la vie d'autrui. Il est déjà crédité de trois missions de ce genre qui ont permis de garder la vie sauve à trois autres personnes, dans sa terre natale de la cité ouvrière. C'est cette quatrième tentative sous les eaux du grand bras du fleuve Sénégal qui lui a été fatale.
Un tel acte de bravoure, aussi chevaleresque qu'héroïque, doit être salué à titre posthume par les autorités suprêmes de ce pays. Ce sont ces genres de personnes, à qui doivent revenir, en priorité, les hautes décorations de la République, à l'instar des soldats tombés sur le champ de l'honneur. A quelque chose, malheur est bon, a-t-on coutume de dire.
L'occasion s'offre à l'Etat de montrer en exemple ce compatriote, au moment où l'incivisme va crescendo, à l'époque de la banalisation de la violence verbale et physique, à l'ère où l'indiscipline ambiante prend des allures de sport national. Un tel geste pourrait avoir plus d'impact et de valeur pédagogique que bien des incantations morales administrées aux potaches dans les classes de l'éducation nationale. Au moment où les bavardages inutiles et les philippiques politiciennes relèguent dans l'ombre les problèmes vitaux de la Nation, il urge de rendre hommage au martyr Mouhamed Hann, avec toute la solennité requise.
