Samedi dernier, Charles Paul Alphonse Ndour, jeune Sénégalais de 26 ans, a trouvé la mort à Tanger dans d’horribles circonstances. Une vidéo qui circule sur la toile lève le voile sur les circonstances du décès. Le ministère des Affaires étrangères a pris les choses en main.
Le rendez-vous pris avec la mort par Charles Alphonse Ndour s’est fait dans des conditions sordides, à la fois violentes et surréalistes. Une vidéo-amateur raconte le film d’horreur, aimante les vues sur la toile en même temps qu’elle avertit : «Ames sensibles, s’abstenir.» Elle déroule sa trame dans un quartier glauque de Tanger où les lumières tamisées du soir n’ont pas suffi à diluer la dose d’épouvante. Le jeune Charles Alphonse Ndour gît, face contre terre, figé dans l’immobilité de la mort. Son jean sombre et ses baskets ainsi que son pull décrivent d’abord sur les premières images, une ombre. Quand l’objectif zoome sur le corps, le numéro 9 écrit en vert olive sur le dos de son pull apparaît. Son pull blanc taché de sang sur le dos fait davantage ressortir l’horreur de sa mort. L’objectif de la caméra, qui essaie de piéger la scène du meurtre de tous les côtés, fait ressortir la blessure : une plaie béante à la gorge. Il a été proprement égorgé d’une oreille à l’autre. Sous la blessure, une mare de sang même pas coagulé. Il était environ 22 heures. Il est tombé juste à côté d’une voiture de couleur blanche, et repose à même le sol. Autour de son corps, une communauté de Sénégalais, colère palpable, tourne en rond, déboussolée. Un Sénégalais commente en wolof : «C’est moche cette histoire, c’est franchement moche !» Déjà une petite communauté séditieuse se forme, fouettée par la violence de la scène et liguée par une fraternité soudaine cimentée par les circonstances douloureuses de la mort de leur compatriote. «Il n’y a pas de respect des droits de l’Homme», vitupère un autre. Une sorte de consensus pour la délégation à la communication sur cette affaire semble se former. Un autre confie : «On ne peut pas y aller en rangs dispersés. Cela n’a pas de sens.»
Deux Marocains officiellement interpellés
Le ministère des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur a déjà pris les choses en main dans cette affaire où un jeune de 26 ans (il est né le 13 octobre 1988 à Joal) a trouvé la mort. Dans un communiqué parvenu à la rédaction, il informe : «Le drame s’est produit dans un quartier particulièrement surpeuplé de candidats subsahariens au voyage en Europe, et où les émigrés sont souvent victimes de vols et autres agressions, source permanente d’affrontements entre riverains et étrangers.» L’enquête diligentée a permis, de l’avis du consul général du Sénégal à Casablanca, l’interpellation de deux Marocains. Mais, le communiqué rapporte aussi que «les Sénégalais qui s’étaient opposés au transfert de la victime à l’hôpital sont en état d’arrestation à la suite d’échauffourées avec les agents de la police judiciaire.» Engagé pour la libération de ces ressortissants sénégalais, le Consul général du Sénégal à Casablanca a pu obtenir des autorités de la police le principe de les libérer mais, en raison du week-end, elles ont expliqué ne pas avoir l’autorisation du Parquet. Après avoir présenté ses condoléances à la famille éplorée, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur assure que le Consul général suit la situation de près et appelle la communauté sénégalaise établie à Tanger à la sérénité.