Dakar, 29 août 2014 (AFP) - L’épidémie d’Ebola, qui a fait plus de 1.500 morts, continue son avancée inexorable en touchant un cinquième pays d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal, où un premier cas a été annoncé vendredi par la ministre de la Santé.
Au Nigeria, où un sixième décès a été enregistré jeudi, à Port-Harcourt (sud), pour la première fois hors de la métropole économique, Lagos (sud-ouest), quelque 160 personnes ont été placées sous surveillance.
Le premier cas au Sénégal, le dernier pays touché depuis le Nigeria où un passager venu du Liberia a introduit le virus en juillet, est un étudiant guinéen qui a échappé à la surveillance sanitaire dans son pays, a expliqué la ministre sénégalaise de la Santé Awa Marie Coll Seck.
Le Sénégal a fermé ses frontières avec la Guinée le 21 août, mais le jeune homme a pu entrer avant, les autorités sanitaires à Conakry qui le suivaient en raison de ses contacts avec des malades d’Ebola ayant perdu sa trace depuis trois semaines, selon la ministre.
L’épidémie, qui s’est déclarée au début de l’année en Guinée, avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone voisins puis au Nigeria, est la plus grave depuis que cette fièvre hémorragique a été identifiée en 1976 en République démocratique du Congo (RDC), où elle est réapparue en août pour la septième fois.
Après une accalmie, elle a connu une brutale accélération en juillet et en août, faisant 1.552 morts sur 3.069 cas recensés: 694 au Liberia, 430 en Guinée, 422 en Sierra Leone et 6 au Nigeria, selon le dernier bilan au 26 août de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a dit redouter jusqu’à 20.000 cas à terme.
Les services de santé guinéens avaient signalé mercredi "la disparition d’une personne infectée par le virus Ebola qui se serait rendue au Sénégal", a précisé la ministre sénégalaise de la Santé.
"La personne a été localisée à l’hôpital de Fann (à Dakar). Il s’agit d’un jeune Guinéen qui a été aussitôt mis en quarantaine", a-t-elle ajouté.
Testé positif au virus, le patient, qui avait tu ses contacts avec des malades d’Ebola en Guinée est "dans un état satisfaisant", a indiqué Mme Seck.
"Le dispositif a été renforcé pour éviter la dissémination de la maladie à partir de ce cas importé", a-t-elle assuré.
- Remonter les contacts -
Aucune mesure de sécurité particulière n’était visible au Centre hospitalier national universitaire de Fann (CHNU), a constaté un photographe de l’AFP.
Il s’agit du premier cas confirmé au Sénégal, limitrophe de la Guinée, après plusieurs fausses alertes.
Selon la ministre de la Santé, ce jeune Guinéen est étudiant dans une université de Conakry et avait disparu depuis trois semaines avant que les équipes de surveillance épidémiologique guinéennes n’informent le Sénégal.
"Nous sommes en train de reprendre tout l’itinéraire et de revoir toutes les personnes qui ont été en contact" avec le patient, a-t-elle indiqué, sans donner de détails sur le ou les lieux de résidence du malade et sa date d’entrée au Sénégal.
Le Sénégal a fermé le 21 août ses frontières terrestres avec la Guinée en raison de l’épidémie, plus de trois mois après les avoir rouvertes, ainsi que tous ses accès aériens et maritimes avec ce pays ainsi que la Sierra Leone et le Liberia.
En Sierra Leone, le gouvernement a annoncé vendredi l’inclusion d’Ebola parmi les maladies exigeant une déclaration obligatoire en période d’épidémie, au même titre que la fièvre jaune, la peste, le choléra et la fièvre typhoïde.
Cette loi prévoit l’évacuation des zones affectées et l’interdiction d’y entrer ou d’en sortir sans autorisation médicale, sous peine d’amende et d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à six mois, a annoncé le ministre sierra-léonais de la Justice, Frank Kargbo.
En outre, elle interdit "toute activité sportive impliquant un contact physique", une infraction passible également de six mois de prison.
Le Maroc, qui accueillera la Coupe d’Afrique des nations de football prévue en janvier 2015, a annoncé vendredi la création d’une "commission nationale" chargée de préparer un "plan sanitaire" face à Ebola.
Enfin, l’intérêt du médicament expérimental ZMapp, administré à plusieurs personnes infectées par le virus Ebola cette année, est confirmé par un essai pré-clinique sur des singes qu’il a tous sauvés, même à un stade avancé de la maladie, selon la revue scientifique Nature.
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