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Sud Quotidien N° 6394 du 25/8/2014

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Hivernage 2014: Enfin, il pleut à Dakar
Publié le mardi 26 aout 2014   |  Sud Quotidien




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Un week end pluvieux. C’était prévu à Dakar. Mais encore, plus rude que prévu comme d’habitude. Lassés d’attendre une belle et bonne pluie qui les débarrasserait de la canicule, les Dakarois comme l’ensemble des Sénégalais se rappelleront sans doute longtemps cette pluie d’avant-hier, oubliant du coup, une bonne partie des caprices du démarrage de cet hivernage 2014.

Des semaines de nuages, de chaleur, et au bout, aucune pluie. Les Sénégalais, surtout à Dakar, commençaient à s’y habituer jusqu’à ce vendredi 22 août quand, après 22 heures, les lourds cumulus qui campaient sur la ville, ont lâché leur contenu sur Dakar et d’autres localités du pays. Il était temps. Mais, contrairement à leurs habitudes, 20 minutes d’une averse n’ont pas calmé le désir des gens de voir leur salon et leur chambre se rafraîchir d’un vent frais venu du dehors à la place des ventilateurs, climatiseurs. Surtout que l’heure était bonne pour dormir par la suite comme un lord jusqu’au lendemain.

La pluie était donc, là ; mais le meilleur était encore à venir samedi avant midi au moment où Dieu répond aux innombrables prières pour la pluie faites depuis les mois de juin-juillet. Une pluie de jour après une de nuit, c’est déjà rare, mais qu’elle vous débarrasse tout d’un coup de la chaleur, apportant la fraîcheur du jour, des vents propres et respirables, voilà le cadeau de Dieu pour lancer enfin cet hivernage 2014 à Dakar. Ouf, se diront certains, mais l’alerte pour les observateurs et spécialistes pour confirmer que le temps change, était bien là.

Une saison des pluies à géométrie et géographie variables, voilà à quoi devraient s’habituer les Sénégalais si des efforts réels ne sont pas tentés pour comprendre désormais les caprices du Climat. Depuis 15 années, marquées un des hivernages les plus pluvieux connus en juin-juillet-août-septembre 1999, le Sénégal n’a pas connu un début d’hivernage daté du 22 aout. La première alerte est bien sur la date qui fait peur. En 1997, pour un rappel instructif, sous le régime du président Abdou Diouf, l’on a vécu des épisodes similaires à ce qui se produit cette année ; mais c’était une saison marquée par un démarrage précoce de la saison, avec des pics de sécheresse à un moment, dans le centre et le nord depuis Louga, Thiamène, Deali, Linguère, Dahra et dans la région du Fleuve. En cette année 2014, paradoxe, cette zone est bien loin de la détresse connue en 1997.

Depuis lors, les périodes de soudure n’ont jamais été aussi longues. Il s’agissait juste des fois, de combler certains trous pour certains paysans négligents qui oubliaient souvent de garder des vivres de soudure et du fourrage pour le bétail ; et qui, semble-t-il, le faisaient à dessein pour attirer l’Etat et ses autorités à leur demande parfois bien sournoise parce que provoquée. 2014 sera une année spéciale quoi qu’il arrive par le fait qu’au niveau de la recherche, les raisons qui fondent la progression sournoise des changements du climat sont plus ou moins acceptées voire maîtrisées.

Donc, il s’agit de prévoir ces sources de stress hydrique pour parer à toutes les éventualités. Au niveau du ministère de l’Agriculture, à en croire les conseillers, dans le texte et dans le discours, tout avait été fait pour cela, jusqu’à l’introduction et la généralisation d’espèces d’arachide, de niébé, de sésame plus hâtives pour faire face aux changements en cours.

L’autre question de fond qui tracasse les paysans comme certains chercheurs, tournent autour de la réalité ou non du changement climatique. Quelle grosse question. Depuis une vingtaine d’années, au sortir du sommet de la terre à Rio, on en parle. Certains le défendent, d’autres le relativisent. Prétextant du fait que le climat a tout le temps, selon les sociétés et les civilisations, changé.

CHANGEMENT CLIMATIQUE ET CHANGEMENT D’ATTITUDE

Alors jouent-ils, ces chercheurs à faire peur aux gens ou non ? La problématique de recherche ouverte et laissée à la science des universités, laboratoires et instituts de recherches, longtemps minimisés par les grands pays dont les Etats Unis et la Russie, a fini par convaincre. Le temps change comme le monde. Mais, change-t-il jusqu’à faire peur ? La réponse est à la fois positive et négative.

Positive pour tous les chercheurs réunis autour Giec, le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat qui prévoient, au-delà, des perturbations climatiques, la montée des océans sur les îles, les zones littorales et les parties basses des continents. Positive également pour tous ces réfugiés dits climatiques qui, à chaque ouragan, typhon, tempête ou cyclone tropical crient leur misère au monde dans une certaine indifférence. Et, c’est devenu courant. Allez voir du côté des Pointes de Djiffère et de Sangomar, juste pas loin de chez vous.

A coté des chercheurs qui défendent l’hypothèse, se trouvent aussi deux camps : des chercheurs comme eux, convaincus que le climat a toujours changé, mais aussi tous ces gens qui se réfugient derrière la foi, des croyances diverses pour dire que Dieu a toujours changé son monde, exigeant à ses fidèles, de changer et de s’adapter au nouveau monde. Alors pour eux, les caprices du temps, il faudra s’y habituer et pour de bon.

Alors et tous ces milliers de Dakarois qui, pendant des années ont voué aux gémonies toutes les formes de pluies (orages, averses, tornades, heug) ? La rupture psychologique semble s’opérer aussi chez eux, avec une certaine philosophie. Tous ou presque ont, cette année, souhaité qu’ils pleuvent, ne pouvant se plus supporter la chaleur dans les chambres, ni l’étouffante atmosphère qui étouffait la ville.

Les temps changent et ils sont obligés de s’adapter également malgré les inondations, les toits qui tombent, la foudre, le tonnerre qui font peur et fuir ; tout comme les routes envahies par les eaux et leur corollaire, les embouteillages. Vendredi et Samedi, l’on n’a pas entendu beaucoup de bruit autour. Ni dans les médias, encore moins dans les quartiers où l’on parlait souvent plus qu’on agissait. Le temps est passé par là. Il a fait entendre son rythme imposant à tous, la contrainte de s’adapter à lui.

Depuis l’Etat, en passant par les élus et autorités publiques jusqu’aux simples citoyens, tous ont reçu l’alerte. Dans tout le Sénégal, on a en même temps, entonné la même chansonnette et sur le même ton : Ah ! Revoilà la pluie.

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